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TH n°120 PRISCILLIEN UN CHRÉTIEN NON CONFORMISTE. Doctrine et pratique du priscillianisme du IVe au VIIe siècle

TH n°120 PRISCILLIEN UN CHRÉTIEN NON CONFORMISTE. Doctrine et pratique du priscillianisme du IVe au VIIe siècle

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Date d'ajout : mardi 11 octobre 2011

par Jacques ELFASSI

Revue des études augustiniennes et patristiques

Priscillien (né vers 345-350, mort en 385 ou 386) est resté dans la mémoire collective comme le premier hérétique confié au bras séculier puis exécuté; Voltaire notamment en a fait l'ancêtre archétypique des futures victimes de l'Inquisition. Or la connaissance du priscillianisme a été révolutionnée par la découverte dans un manuscrit de Wurtzbourg et la publication par G. Schepss, en 1889, d'un corpus de textes attribuables à Priscillien lui-même ou à ses disciples. La lecture des traités de Wurtzbourg a permis de mieux connaître la pensée de Priscillien, mais leur contenu, apparemment orthodoxe, n'a fait qu'accroître la perplexité des chercheurs : l'image noire du priscillianisme, brassant la plupart des erreurs des hérésies antiques, et notamment du manichéisme et du gnosticisme, résultait-elle seulement d'une construction hérésiologique due aux adversaires de Priscillien ? En sens inverse, devait-on accepter sans aucun esprit critique le contenu des traités de Wurtzbourg, qui furent écrits dans une perspective apologétique ? Et, du reste, ces traités sont-ils totalement exempts d'éléments hétérodoxes ? Les travaux récents sur le priscillianisme tentent aussi de mettre le mouvement en perspective dans l'ensemble de l'histoire de l'Église : Priscillien apparaît à la fois comme un chrétien charismatique dont la pensée s'inscrit dans le renouveau spirituel et ascétique de son temps, et comme la victime de luttes de pouvoir dans l'épiscopat hispanique et dans la direction même de l'Empire (rôle de l'usurpateur Maxime dans la condamnation à mort de 385).
C'est dans cette double perspective que se situe ce livre. Il montre que Priscillien n'est ni hérétique ni dissident (même s'il a pu être poussé à une certaine dissidence par ses adversaires), mais un « chrétien non conformiste », soucieux de vivre et de prêcher une vie de perfection ct s'opposant pour cela à ce qu'il considère comme un relâchement spirituel de l'épiscopal. D'autre part, S.J.G, Sanchez essaie de préciser les liens entre la doctrine de Priscillien, le gnosticisme et le manichéisme: selon lui, Priscillien n'est ni gnostique ni manichéen, mais il manifestait un certain goût pour l'ésotérisme, n'ignorant pas certaines traditions gnostiques ou manichéennes (comme la faute d'Ève avec Saclas, ou le nom de certains anges), et il prônait des pratiques ascétiques qui ont pu être interprétées comme proches de pratiques manichéennes (comme le jeûne dominical). Sa théologie elle-même comportait quelques aspects contestables : son dualisme âme-corps a pu faire penser au manichéisme et au gnosticisme, bien qu'il soit plus modéré qu'eux; sa pensée trinitaire, encore archaïque, manquait de précision et ignorait la terminologie post-nicéenne; sa conception de l'origine divine de l'âme, inspirée du néoplatonisme, a pu passer pour un substrat gnostique. En somme, Priscillien n'était pas hérétique, mais, sur certains points, il s'est montré maladroit et imprudent.
La démonstration de S. J.. G. Sanchez est convaincante, à la fois précise et nuancée. Mais il y a au moins trois autres intérêts à ce livre. Le premier est sa richesse bibliographique : l'auteur, qui a d'ailleurs créé un site bibliographique sur Priscillien (hrtp://sjgsanchez.free.fr), semble avoir tout lu, ou presque; on découvre au hasard des notes de bas de pages des travaux inédits, ct même une thèse ronéotée (p. 86 n. 67). En outre, son livre comporte de nombreux extraits traduits, ce qui n'est pas inutile à cause de l'obscurité de certains passages; les œuvres de Priscillien viennent de faire l'objet d'une traduction commentée en anglais (M. Conti, Priscillian of Avila: The Complete Works. Introduction and Commentary, Oxford, 2010), mais il manque encore l'équivalent en français. Enfin, l'ouvrage esquisse – trop vite d'ailleurs, mais ce n'était pas son objet principal – une étude de la culture de Priscillien : sur ce point comme sur beaucoup d'autres, il semble avoir été un homme de son temps, imprégné du stoïcisme et du néoplatonisme qui faisaient partie de la koinè philosophique de tout aristocrate cultivé au IVe s.
On le voit : il reste encore beaucoup à faire sur Priscillien. L'un des principaux desiderata concerne le style et la langue même des traités priscillianistes : il faudra bien qu'un latiniste s'y intéresse un jour.


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