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BB n°33 LES PRÉMONTRÉS ET LA LORRAINE XIIe-XVIIIe SIÈCLE

BB n°33 LES PRÉMONTRÉS ET LA LORRAINE XIIe-XVIIIe SIÈCLE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par Catherine VINCENT

REVUE : ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS, 1998, N° 104

Si, à croire les éditeurs des actes de ce colloque, « l'ordre de Prémontré cherche sans désemparer ses historiens », il est cependant parvenu à en rassembler un groupe fort honorable au cours de cette rencontre tenue dans le cadre prestigieux de l'ancienne abbaye prémontrée Sainte-Marie de Pont-à-Mousson, devenue Centre culturel. Le volume qui en résulte apporte une contribution d'importance à la connaissance d'un ordre né au Moyen Âge et qui s'illustre encore par une belle vitalité.
Bien que fondé, prés de Laon, à l'initiative de Saint Norbert, en 1120, l'ordre de Prémontré, ainsi que le titre le suggère, aurait entretenu tout au long de son histoire des relations privilégiées avec les terres lorraines, en raison des traits spécifiques qu'y prit le catholicisme. Cette proposition constitue le fil conducteur des dix-sept communications ici réunies, ponctuées par une conclusion due à Jean-Robert Armogathe. L'idée semble devoir être nuancée pour le Moyen Âge, ainsi que le rappelle Michel Parisse : en effet, la Lorraine accueillit simultanément d'autres ordres, dont les cisterciens, tandis que les maisons de Prémontré fleurissaient également ailleurs; pourtant, elle n'en conserve pas moins une certaine pertinence qui trouverait ses racines dans la précocité de l'émergence, en celle région, des idées grégoriennes dont on sait combien elles furent attachées à la fonction sacerdotale. Mais c'est à l'époque moderne, et plus précisément aux XVIe et XVIIe siècles, que la relation entre Prémontré et la Lorraine devint beaucoup plus manifeste, alors que l'ordre connut une profonde réforme, dite l'Antique Rigueur, issue des murs de l'abbaye mussipontaine. La grande majorité des communications s'articule autour de ce mouvement. Après avoir évoqué les origines médiévales de l'implantation de Prémontré dans l'ensemble de la Lorraine et plus spécialement à Sainte-Marie-au-Bois, plusieurs d'entre elles s'attachent à situer son histoire dans le contexte du renouveau de l'Église à partir du XVIe siècle, face aux ordres récents, les jésuites, ou face aux ordres anciens réformés, dont la Congrégation de Saint-Vanne pour les bénédictins. D'autres études font revivre les grandes figures réformatrices portées par la terre lorraine, qu'elles soient issues de l'ordre de Prémontré. tel l'évêque de Verdun Nicolas Psaume, véritable « Charles Borromée de la Lorraine », ou bien à l'origine d'autres congrégations de chanoines réguliers, tel saint Pierre Fourrier fondateur des chanoines de Notre-Sauveur et, avec Mère Alix Le Clerc, de la congrégation de Notre-Dame, vouée à l'éducation des filles.
Après un bilan général de l'ordre de Prémontré au XVIe siècle, où il apparaît, ici comme ailleurs, que les volontés de rénovation ont été bien antérieures à la tenue du concile de Trente, se trouve évoquée pour comparaison la situation espagnole qui donna lieu à la constitution d'une branche autonome, la « Congrégation prémontrée espagnole », portée par le vigoureux élan spirituel que l'Église enregistra en Espagne au Siècle d'Or. Pour sa part, la branche réformée constituée en Lorraine sous l'impulsion de Servais de Lairuels faillit prendre la même voie, si le ralliement de la maison-mère, Prémontré, n'avait évité de peu une scission. La lente diffusion de la « réforme lorraine » dans les diverses maisons de l'ordre - et les exemples des circaries de Normandie et de Champagne-France viennent sur ce point compléter celui de la Lorraine, précisément évoqué à travers l’histoire des deux abbayes de Septfontaines-en-Bassigny et d'Étival - assura cependant à terme un renouvellement générateur de hautes figures spirituelles (l'abbé Épiphane Louys à Étival) ou lettrées (Charles-Louis Hugo, abbé de la même maison), qui ne se démentit point jusqu'à la période révolutionnaire.
Comme toute réunion savante, ce colloque fit jaillir autant de questions qu'il apporta de réponses, ouvrant la voie à de nouvelles études attendues tant sur le mouvement de l'Antique Rigueur que, plus en amont, sur l'accueil favorable réservé par les maisons de Prémontré aux idées réformées, en raison, peut-être, d'une commune filiation augustinienne… Demeure enfin à élucider l'origine de cette étroite relation nouée entre l'ordre de Prémontré et la Lorraine : doit-elle être imputée au « catholicisme de frontière » qu'aurait connu cette région ? La notion, maintes fois citée, se voit pourtant récusée par plusieurs auteurs qui préfèrent mettre l'accent sur les traits propres à la vie religieuse lorraine, empreinte d'une « sensibilité pathétique et d'une vive présence de l'Église », dès les temps grégoriens. Mais la place spécifique des maisons lorraines de Prémontré ne pourra sans doute se voir pleinement évaluée qu'au terme d'une synthèse qui, pour l'histoire des fils de saint Norbert, demeure encore en voie de construction…


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