Ce philosophe n'a sans doute pas eu de chance. Il prend place entre deux monstres sacrés : Kant et Hegel. Il n'a pas toujours eu droit aux égards auxquels il pouvait aspirer. De là les nombreuses réductions subies par son œuvre. Tantôt elle ne faisait l'objet que d'une analyse épistémologique, tantôt elle ne revêtait qu'un aspect politique. En somme, elle ne valait jamais pour elle-même. Sous la direction de Ives Radrizzani, chercheur au Fonds national suisse de la recherche scientifique, trois volumes de reconsidérations sont en cours de publication. Le premier, ici proposé, a pour objectif la lecture de Fichte par les Français et des confrontations avec des auteurs français : Descartes, Rousseau, puis Maine de Biran, Proudhon, Bergson. Certes, ce volume regroupe des articles, résultats d'un colloque. Toutefois, ils sont assez conséquents pour rendre possible une étude passionnante des efforts de lecture de leurs auteurs : Alexis Philonenko, Bernard Bourgeois, Jean-Louis Vieillard-Baron. La seule unité envisageable de l'ensemble est celle-ci: ces nouvelles approches vont probablement renforcer les convaincus de l’importance de la philosophie de Fichte. Dommage que l'effort ne soit pas plus public, pour aider à une connaissance plus large de cet auteur allemand.