Editions BEAUCHESNE

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12- MADAME GUYON (1648-1717), UN NOUVEAU VISAGE

12- MADAME GUYON (1648-1717), UN NOUVEAU VISAGE

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Date d'ajout : mardi 11 avril 2017

par Jacques POUJOL

SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DU PROTESTANTISME FRANÇAIS, avril, 1990

L'auteur nous donne ici une très belle réhabilitation du personnage si maltraité par l'histoire de Madame Guyon. La première partie de son livre est une très brillante marche à rebours à travers trois siècles de rumeurs autour de son nom. C'est une œuvre de justice dirigée contre tous ceux qui, de Bossuet aux temps modernes, ont cherché à donner de Madame Guyon une image ridicule et même triviale. C'est surtout l'œuvre d'une théologienne avertie qui s'appuie sur une thèse traitant de l'Acte mystique et sur une étude attentive de la correspondance de Fénelon. Marie-Louise Gondai n'a-t-elle pas exagéré la défaveur et l'oubli dans lequel serait tombée Madame Guyon ?
Certes ses lecteurs et ses admirateurs ne se recrutent pas dans la stricte orthodoxie catholique. On sursaute un peu en lisant dans l'introduction (p. 9) la phrase : « Un éditeur hollandais, Pierre Poiret, la découvre » Pierre Poiret était un protestant venu de Metz et pas seulement un éditeur mais l'un des apôtres de ce christianisme intérieur prôné par Mme Guyon et avant elle par Antoinette Bourignon. L'auteur corrige d'ailleurs très complètement sa phrase imprudente (p. 54-55). N'y a-t-il pas eu un public rousseauiste de l'œuvre de Mme Guyon ? Ceci me semble en tout cas la seule explication de la monumentale réédition de ses ouvrages en 1790 : 31 volumes édités par les librairies associés de Paris, y compris « La Sainte Bible avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure ». On ne peut s'empêcher d'aller un tout petit peu plus loin que Marie-Louise Gondai dans l'esquisse d'une vérité qu'elle côtoie sans cesse mais n'exprime jamais clairement. Le procès que lui intentèrent les théologiens catholiques ressemble beaucoup à celui qu'ils firent traditionnellement aux tenants de la Réforme. Le christianisme intérieur de Madame Guyon ressemble à s'y méprendre au « témoignage intérieur du Saint Esprit ». Lorsque Marie-Louise Gondal évoque « le déclin d'une figure de l’Église née du concile de Trente » (p. 14), ne range-t-elle pas l'ecclésiologie de Mme Guyon dans une catégorie assez protestante ? Les rencontres de vocabulaire entre les écrits protestants de l'époque et ceux de Mme Guyon sont parfois saisissantes : « Babylone » employée pour désigner l'Église romaine (p. 94). « L'état apostolique dont certains laïcs reçoivent le charisme (p. 104) n'a-t-il pas une curieuse analogie avec l'esprit des prophètes du Désert ? A-t-on bien analysé la hantise de Genève qui anima Madame Guyon à un tournant décisif de sa vie au début de l'année 1682 ? Sur l'invitation de l'évêque de Genève, elle vient prendre la tête d'une Maison de Nouvelles Catholiques que celui-ci a établie à ses propres frais à Gex. En effet, sous le prétexte que le régime de l'Édit de Nantes n'est pas applicable à cette région nouvellement annexée au royaume, les autorités civiles et religieuses peuvent y tester l'entreprise de conversion en masse des protestants telle qu'elle sera généralisée trois ans plus tard à l'ensemble du royaume. Madame Guyon ne supporta pas plus d'un mois « la façon peu franche d'obtenir les abjurations ». (p. 228). La conversion du cœur avait pour elle plus de prix que la conversion confessionnelle (p. 64). Au même moment, Pierre Poiret, quittait la France, non pas pour rejoindre les Églises réformées du Refuge ecclésiastique organisé, mais pour s'enfermer dans l'inexpugnable refuge d'un christianisme intérieur.


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