Editions BEAUCHESNE

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16- MONSEIGNEUR D'HULST ET LA SCIENCE CHRÉTIENNE. Portrait d'un intellectuel

16- MONSEIGNEUR D\'HULST ET LA SCIENCE CHRÉTIENNE. Portrait d\'un intellectuel

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Date d'ajout : jeudi 05 novembre 2015

par Daniel MOULINET

Le centenaire de la mort de Mgr Maurice d'Hulst (1841-1896), fondateur de l'Institut catholique de Paris, a vu, outre la tenue d'un colloque consacré aux différentes facettes de cette riche personnalité, la publication d'un important ouvrage où F. B. choisit de présenter son action au service de « la science chrétienne ». Dans l'esprit de la collection, il le fait d'abord dans une importante introduction de 120 pages, puis par un large choix de pièces, provenant principalement de la correspondance (active et passive) de Mgr d'Hulst.
Il offre d'abord au lecteur une bonne esquisse biographique, assez ramassée, mais plus précise que celle - classique - que Mgr Baudrillart a consacrée à son ancien maître, au début du siècle, Il montre, au passage, comment le premier biographe de Mgr d'Hulst, écrivant au moment de la crise moderniste, a gommé dans son livre les aspérités, notamment sur le point de la question biblique, où, comme on sait, l'article publié par Mgr d'Hulst a débouché sur le départ de l'abbé Loisy de l'Institut catholique. Le portrait tracé par F. B. fait ressortir des traits saillants : ses manières d'aristocrate, son esprit libéral, son indépendance d'esprit, l'absence, dans sa formation, d'études proprement universitaires. Toutefois, on discerne assez peu quel pouvait être son cercle de relations, hormis un lien d'amitié, très intéressant et fructueux, avec Jean-Baptiste Hogan, professeur à Saint-Sulpice, puis aux États-Unis. Peut-être l'A. eût-il pu poser la question de l'influence sur la spiritualité et sur la vision du rapport de l'Église au monde de l'amitié très forte nouée au séminaire avec Just de Bretenières, dont le désir de martyre sera rapidement exaucé. F. B., qui souhaite se concentrer sur l'activité intellectuelle du recteur, renvoie à la biographie de Mgr Baudrillart pour ce qui concerne l'apostolat ouvrier du jeune abbé d'Hulst, en ne mentionnant qu'incidemment les hésitations de celui-ci sur l'orientation à donner à sa vie. En revanche, il fait bien ressortir l'hostilité persistante des intransigeants à l'endroit de Mgr d'Hulst. Le recteur, qui ne fait pas mystère de ses divergences d'opinion avec L'Univers, essaie pourtant de garder la balance égale pour inviter les catholiques à l'unité. Mgr d'Hulst, d'emblée très réservé face à la politique du Ralliement, bénéficie, pour cette raison, de l'appui momentané du journal des Veuillot, ce qui facilite son élection comme député de Brest, à la mort de Mgr Freppel ; mais sa raideur face aux positions gouvernementales, dans ce cadre, provoque une relative dégradation de ses relations avec la Curie, qui prône alors la conciliation.
S'inscrivant dans la ligne de Mgr Dupanloup, c'est pour offrir une autre option face au positivisme professé dans l'Université d'État qu'il réclame la liberté de l'enseignement supérieur. Il s'agit là, à ses yeux, d'une lutte pour « la liberté de conscience ». Comme le note bien F. B., « la science se trouve au cœur de la guerre pour le pouvoir et pour la direction intellectuelle de la société que se livrent le 'cléricalisme' et la 'laïcité', les 'deux France' ') (p. 69). L'A. fait avec pertinence la distinction entre «la science catholique.) telle que l'entendaient les mennaisiens, appuyée sur la doctrine traditionaliste de « la révélation primitive t, et la position de Mgr d'Hulst (« la science chrétienne »), qui mesure bien la nécessité du dialogue entre les savants chrétiens et la science moderne : il n'hésite pas à mettre en question le concordisme, soulevant les craintes des intransigeants de le voir soumettre le dogme au contrôle des sciences. Sa vision du thomisme le convainc de la possibilité d'une adaptation de la science chrétienne au progrès des sciences profanes. Mais il se heurte au problème de la liberté de la recherche, dans le cadre de la jeune faculté de théologie, à propos de l'inspiration restreinte des Écritures, de l'enseignement du thomisme et des légendes fondatrices des Églises. Au fil de cette introduction, Mgr d'Hulst nous apparaît quelque peu comme un homme isolé, peu soutenu par les évêques et communiquant assez mal avec le corps enseignant.
F. B. nous présente ensuite un choix de 139 documents classés par ordre chronologique, accompagnés de notes judicieuses qui présentent leur contexte de manière précise et témoignent de l'érudition de l'A. On relève avec plaisir la présence de courtes notices biographiques sur les personnages cités, bien signalées dans l'index. Certes, le lecteur pourra s'interroger sur l'intérêt de quelques choix (documents 3, 6, 8, 21, 53) et regrettera peut-être l'absence du mémoire rédigé par l'abbé d'Hulst, en 1862, sur les rapports de l'Église et de l'État (ou, au moins, de passages significatifs), mémoire dans lequel il prend position en faveur de la tolérance religieuse à l'intérieur des États. Ces réserves mineures une fois faites, le lecteur appréciera, en revanche, de trouver là la lettre écrite par le jeune abbé à sa mère au moment de la parution du Syllabus, les pièces relatives à l'organisation de l'Institut catholique, aux attaques contre Duchesne, Lapparent et Loisy (la taille du volume ne permettait probablement pas de reproduire l'article du Correspondant de 1893) ainsi que l'expression de la visée des Congrès scientifiques de catholiques,
Le livre bénéficie d'une présentation claire et comporte index, chronologie et bibliographie de Mgr d'Hulst. On notera seulement quelques inexactitudes : Jean-Pierre Mabile (et non : Pierre) (p. 35), Théodelinde Dubouché (p. 36 note 9), et de rares fautes d'impression. Tel qu'il est, cet ouvrage donne une approche claire et précise des positions du premier recteur de l'Institut catholique, placé, du fait de sa fonction, au cœur du difficile dialogue entre l'Église et la société, position exaltante mais inconfortable.


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