REVUE : ANALECTA BOLLANDIANA, 155, 1997

Depuis quelques lustres, le genre biographique connaît un important regain d'attention de la part des historiens ; et, pour ne citer que ceux-ci, nombre d'intellectuels de la fin du XIXe s. et du début du XXe font l'objet d'études de qualité (cf. p. ex. la biographie de Duchesne par B. Waché [AB, III (1993), p. 451-453] et celle de Lagrange par B. Montagnes [AB, 113 (1995), p. 445-446]). Sans nous donner une nouvelle biographie de Maurice d'Hulst (1841-1896) ainsi que le fit A. Baudrillart en son temps (Vie de Mgr d'Hulst, Paris, 2 vol., 1912-1914), l'ouvrage de F. B. participe avec bonheur à ce mouvement, selon une double démarche. Il a rassemblé un important dossier de 139 documents, la plupart étant des lettres de ou à d'Hulst. De plus, il a fait précéder ce dossier d'une ample introduction qui met en évidence le « profil intellectuel » du prélat. C'est ainsi que le lecteur découvre combien cet « aristocrate libéral » vécut une authentique vocation d'intellectuel. Dans toutes ses tâches (vicaire-général de Paris, recteur de l'Institut Catholique de Paris, prédicateur à Notre-Dame, animateur des Congrès scientifiques internationaux des catholiques, député, etc.), en une époque où ce que l'on appelle communément la « crise moderniste » connaissait ses premiers soubresauts, Mgr d'H. se montra toujours soucieux d'intégrer dans l'Église le grand mouvement scientifique de son époque et ainsi d'amener cette même Église à vivre au diapason de la modernité naissante et de christianiser cette modernité. En d'autres termes, la « passion » de Mgr d'Hulst fut, dans une fidélité inconditionnelle à la foi chrétienne, de défendre les droits légitimes et de rappeler les devoirs de la foi et de la raison, et de montrer que celles-ci n'étaient en aucune manière des ennemies irréconciliables.