Editions BEAUCHESNE

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11- MONSEIGNEUR MARIE-DOMINIQUE-AUGUSTE SIBOUR, ARCHEVÊQUE DE PARIS (1848-1857)

11- MONSEIGNEUR MARIE-DOMINIQUE-AUGUSTE SIBOUR, ARCHEVÊQUE DE PARIS (1848-1857)

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Date d'ajout : mardi 16 mai 2017

par Claude SAVART

REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE, XXIV, 1988

Jean Manceau a pris une heureuse initiative en livrant au public l'essentiel de la thèse qu'il avait soutenue en 1978 à l'Institut Catholique de Paris. Mgr Sibour en effet, bien qu'il soit mort de mort violente, était resté quelque peu méconnu, entre les deux grandes figures des archevêques. martyrs. Affre et Darboy. Il faut se réjouir de le voir sortir de l'ombre, car c'est assurément une personnalité attachante, et qui méritait une étude approfondie. (Qui aurait mérité aussi, disons-le, de ne pas être gratifiée de tant de coquilles par l'imprimeur ; jusque dans le titre d'un chapitre : p. 131, « 18. au lieu de « 28 »).
Est-ce à dire que je souscrirais entièrement à la démarche suivie par l'auteur et à ses conclusions ? Il me semble que trois réserves doivent à cet égard être exprimées. L'auteur a principalement exploité - ce qui s'imposait - les documents qu'il trouvait aux Archives historiques de l'archevêché de Paris ; il en rapporte ici une minutieuse et précieuse moisson, mais on a parfois le sentiment que les questions soulevées auraient gagné à faire l'objet d'une enquête plus large (à commencer par les circonstances du drame de Saint-Étienne-du-Mont). Le lecteur sera peut-être surpris, voire dérouté, par le plan adopté. Jean Manceau a délibérément renoncé à la continuité chronologique, ce que pourrait certes justifier la brièveté de cet épiscopat. Mais entre un premier chapitre de « biographie » où une chronologie n'est guère qu'une liste des actes épiscopaux, et un « portrait » qui n'intervient qu'avec la « conclusion » les chapitres successifs dissocient les diverses facettes de l'œuvre de Mgr Sibour, au risque de minimiser leur insertion dans le contexte historique. Dans ses conclusions enfin, l'auteur n'échappe pas totalement à la tentation qui guette tous les biographes ; à la fin de chaque chapitre, il s'attache à mettre en valeur la « modernité » de son héros, quitte à en gommer quelquefois les faiblesses ou les échecs.
Cela dit, et qui n'enlève rien à l'intérêt qu'éveille d'un bout à l'autre l'ouvrage de Jean Manceau, reprenons brièvement les principaux points qu'il a utilement mis en lumière. Dès les débuts à Digne de sa carrière épiscopale, Mgr Sibour fait preuve d'une remarquable originalité en y rétablissant le chapitre et l'officialité, et en justifiant cette attitude par la publication des Institutions diocésaine, qui sont en outre un plaidoyer pour la tenue de conciles provinciaux et de synodes diocésains. Devenu archevêque de Paris, il reste cohérent avec lui-même et, à défaut d'un concile national que Rome ne souhaite pas, réunit en septembre 1849 un concile de sa province, dont il aurait fallu peut-être évaluer plus précisément la portée.
Il est difficile de nier qu'en d'autres domaines Mgr Sihour ait pratiqué le changement plus que la continuité. Transféré en 1848 du siège de Digne à celui de Paris à cause de ses convictions républicaines, il évolue jusqu'à accepter d'entrer au Sénat et d'y voter en 1852 le rétablissement de l'Empire, ce qui lui attirera la colère de Victor Hugo dans les Châtiments. Après avoir été dans sa jeunesse un admirateur de Lamennais, l'archevêque de Paris se range ouvertement, quoiqu'avec modération, du côté des gallicans. Jean Manceau paraît se refuser à le reconnaître ouvertement : p. 259, « Il faut rappeler que Sibour est gallican... ; p. 363, « Il est certainement injuste d'accuser Mgr Sibour d'un gallicanisme qu'il n'a pas professé » Pourtant, le choix des collaborateurs dont il s'est entouré, comme l'hostilité de l'Univers auquel il n'a cessé de se heurter, ne laissent place à aucune ambiguïté.
Mais le principal titre de gloire de Mgr Sibour aux yeux de la postérité sera sans doute d'avoir le premier perçu aussi vivement les immenses besoins pastoraux que créait la rapide croissance de la capitale. De nouvelles églises sont construites, et les circonscriptions paroissiales remaniées de fond en comble. Il y avait là assurément, sinon des remèdes suffisants, du moins une entreprise urgente que l'avenir aurait à poursuivre. Il ne faut pas dissimuler cependant que les autres initiatives pastorales de Mgr Sibour n'ont eu qu'une vie assez brève : qu'il s'agisse de la réforme des archidiaconés, de l'Association générale de la charité, de l'Association pour la prédication dans les faubourgs, des chapelains de Sainte-Geneviève chargés d'une école d'éloquence sacrée, des conférences sur la religion ou de la Fête des écoles, tout fut rapidement remis en cause par ses successeurs.
Dire cela n'est pas contester l'importance d'un épiscopat sur lequel il faut savoir gré à Jean Manceau d'avoir ramené l'attention. Souhaitons que son livre ouvre la voie à de nouveaux travaux sur un chantier - l'histoire religieuse du Paris contemporain - où il reste beaucoup à faire.


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