Editions BEAUCHESNE

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TH n°115 UNE CHAIR POUR LA GLOIRE. L'ANTHROPOLOGIE RÉALISTE ET MYSTIQUE DE TERTULLIEN

TH n°115 UNE CHAIR POUR LA GLOIRE. L\'ANTHROPOLOGIE RÉALISTE ET MYSTIQUE DE TERTULLIEN

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Date d'ajout : mercredi 07 octobre 2015

par Bernard POUDERON

REVUE : REVUE DES ÉTUDES GRECQUES

Ce fort volume est la version remaniée d'une thèse de doctorat soutenue sous la direction d'Y.-M. Duval. Son auteur, qui s'affirme « historien et théologien », y fait en effet œuvre de théologien et de philosophe plus que de philologue. Le titre de l'ouvrage exprime fort bien la thèse développée par l'auteur : pour Tertullien, la chair, loin d'être méprisable (comme elle l'est chez ses adversaires les gnostiques), est « glorieuse ». Sa recherche s'appuie tout d'abord sur une étude très fine des principes logiques qui fondent l'argumentation de Tertullien (première partie, pp. 13-104 : « une logique : le réalisme ») et sur la rigueur rationnelle qui s'en dégage. La seconde partie (pp. 105-192 : « une théologie: la création » sert de prémices aux deux suivantes, qui développent l'anthropologie de Tertullien ; elle pose un principe essentiel : que Dieu est avant toute chose créateur (« il est créateur, ou il n'est pas ») - la création de l'homme n'étant autre que l'acte d'amour exprimant le choix que Dieu fait de vivre une relation privilégiée avec l'une de ses créatures. Dans une troisième partie (pp. 193- 338 : « une anthropologie : la chair et l'âme »), l'A. montre que la chair est précisément la substance par laquelle se manifeste l'acte créateur de Dieu (donc son amour) : la chair « est la donnée première de la condition humaine », qu'a voulue Dieu ; en conséquence, mépriser la chair reviendrait à mépriser son créateur, qui est Dieu. L'âme, quant à elle, « vient du souffle de Dieu », mais elle n'est pas divine (non plus que l'homme) ; elle a une « substance » (le mot substantia, équivalent au grec ουσια, étant susceptible de différentes interprétations), puisqu'elle est un esprit, et possède une corporéité, que l'on ne peut toutefois aucunement assimiler à une matérialité (à ce propos, on peut regretter que l'A. ne fasse pas la moindre allusion à la définition stoïcienne du corps comme ce qui occupe un espace [par ex. Apollodore, d'après Diogène Laërce, VII, 135], définition dont l'intérêt est précisément de dégager la corporéité de la matérialité). La chair ne peut exister sans l'âme (la séparation de l'âme et du corps, qu'on appelle la mort, rendant la chair inexistante), de même que l'âme, sans la chair, perd toute réalité (contre Platon). La dernière partie (pp. 339,511 : « une mystique : la chair et l'âme dans l'Esprit ») montre combien la chair et l'âme sont étroitement solidaires, tout en étant parfaitement distinctes. La distinction de l'âme et de la chair apparaît par exemple dans le sommeil, qui préfigure la mort ; dans la mort, en effet, l'âme attend seule (soit dans les Enfers, soit au paradis, pour quelques individus vertueux) la résurrection. Elle apparaît aussi dans cette capacité que possède l'âme de connaître sans recouvrir aux sens : c'est la « connaissance naturelle » de l'âme, qui lui permet d'appréhender directement le divin. La résurrection est l'exact pendant de la création, Dieu ne pouvant que réunir par la résurrection ce que la mort avait un temps séparé; en effet, la chair étant depuis l'origine la « réalité de Dieu » (De res. 9.1), elle est promise à la gloire par son créateur. Ainsi donc, la chair, loin d'être méprisable, est pour Tertullien la « charnière » même du salut (De res. 8.2).
Ce rapide résumé ne rend guère compte de l'originalité de la démarche de l'A., qui développe en fait deux thèses originales. La première est l'influence du stoïcisme sur l'ensemble de la pensée de Tertullien - non pas seulement sur son éthique, comme on l'admet habituellement, mais aussi sur sa logique et son anthropologie. La seconde est qu'il n'y a pas chez Tertullien d'évolution doctrinale notable : ni dans sa philosophie, ni dans sa morale, ni dans sa théologie - l'opinion commune qui distingue un Tertullien « catholique », puis un Tertullien « semi-montaniste », et enfin un Tertullien « montaniste », n'étant pas fondée. En particulier, l'A. soutient que « les préoccupations disciplinaires de Tertullien (…) sont présentes très tôt dans son œuvre (et), à l'inverse, les questions doctrinales l'intéressent jusque dans (ses derniers écrits) ». L'ouvrage, très richement documenté (pas moins de cinq cents références scripturaires, et près de onze cents références à l'œuvre de Tertullien, d'après les deux index qui figurent en fin de volume) et fort intelligemment conduit, est une parfaite réussite ; il retiendra non seulement l'attention des spécialistes de Tertullien et de la littérature antique, mais aussi de tous ceux qu'intéresse au premier chef la réception de la pensée grecque aux premiers siècles de notre ère.


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