Editions BEAUCHESNE

49.00 €

TH n°115 UNE CHAIR POUR LA GLOIRE. L'ANTHROPOLOGIE RÉALISTE ET MYSTIQUE DE TERTULLIEN

TH n°115 UNE CHAIR POUR LA GLOIRE. L\'ANTHROPOLOGIE RÉALISTE ET MYSTIQUE DE TERTULLIEN

Ajouter au panier

Date d'ajout : mercredi 07 octobre 2015

par RECHERCHES DE SCIENCE RELIGIEUSE avril 2004

L'enquête de J. ALEXANDRE sur l'anthropologie de Tertullien (Une chair pour la gloire) porte sur l'ensemble de l'œuvre du Carthaginois et nous conduit d'une main ferme des fondements philosophiques de sa pensée (1re partie), à la théologie de la création (2e partie), au problème de la nature et des relations de l'âme et du corps (3e partie), et enfin à la mystique (4e partie : « La chair et l'âme dans l'Esprit »). Si l'on croyait Tertullien plus rhéteur que philosophe, on sort de cette lecture convaincu du contraire : il n'est pas seulement frotté de philosophie, mais, « rôdé à la pratique spéculative », « ses réflexes mentaux, intellectuels, demeureront sa vie durant ceux d'un philosophe ». J. A. met en lumière une doctrine cohérente, remarquable par sa rationalité, surprenante par la lucidité et l'indépendance de ses positions face aux courants de pensée dominants. Ce qui caractérise le mieux Tertullien est une logique imperturbable élevée au rang d'exigence spirituelle, et un réalisme foncier, qui lui donne plus de sympathie pour le stoïcisme que pour les descendants de Platon, trop exploités à son goût par les gnostiques.
Au centre de la lutte du Carthaginois contre les hérétiques et la pensée païenne, il y a la question du statut de la chair, constamment dépréciée et réprouvée, et celle de la nature de l'âme, tantôt réduite à une émanation de la matière, tantôt considérée comme divine, préexistant au corps. En face de cela, Tertullien répète infatigablement que l'âme est une créature (Gn 2, 7 dit à la fois sa proximité de Dieu et sa nature créée) ; que la chair, création des mains d'un Dieu bon, est aimée de Dieu, puisque le Fils l'a revêtue ; qu'il faut aimer fraternellement sa chair « juste après Dieu ». La chair est comme l'âme essentiellement bonne, et le péché n'est pas de l'ordre de la substance mais de l'accident. L'anthropologie de Tertullien est donc foncièrement optimiste.
Tertullien est le grand défenseur de la solidarité de l'âme et du corps. C'est l'homme intégral, alliage compact d'âme et de corps, sorte d'agrafe des deux, qui est à l'image de Dieu. L'âme est créée avec la chair, n'existe ni avant ni sans elle; elle lui est aussi étroitement attachée que l'épée à son fourreau, et ce d ‘autant mieux que sa subtile corporéité (qui n’est pas matérialité, mais expression de sa réalité, selon les stoïciens) la rapproche de la chair. Ame et corps sont comme deux personnes qui s’aiment assez étroitement pour ressentir chacune ce que ressent l’autre. Avec la chair l’âme jouit et souffre ; l’âme et la chair sont co-responsables du péché ; et la logique exige en quelque sorte que la chair qui a participé aux luttes de l’âme en vue du salut, ressuscite, elle qui n’est pas immortelle comme l’âme, pour partager son sort eschatologique. De telles idées ne se trouvent guète chez les anciens en dehors de Tertullien et d’Irénée : c’est à la lutte contre les gnostiques qu’on doit les deux seules systèmes anciens qui ont vraiment échappé au dualisme. Tout cela ne peut manquer d’intéresser à notre époque, où la frontière entre l’esprit et la matière n’est plus ce qu’elle était pour les anciens.
J. A. montre combien Tertullien doit au stoïcisme des outils de pensée qui lui ont permis d’exprimer une vision positive de l’homme et l’ont rendu capable de prendre le contre-pied du dualisme dominant. Pour les stoïciens, en effet, les sens ne sont pas, comme pour Platon, un écran pour l’âme ; la perception est l’œuvre conjointe de la raison et des sens, sans lesquels il n’est pas de connaissance possible. Pour les stoïciens encore, il n’y a pas antinomie entre le corps et l’âme, entre Dieu et le monde. Mais Tertullien s’écarte radicalement du stoïcisme en affirmant fortement la nature créée de l’âme et en refusant tout monisme.
L’A. connaît fort bien la pensée antique, et il a l’art de comprendre en profondeur ce qu’il y a derrière les mots qui nous déconcertent et font écran (la corporéité de l’âme, le pneuma). La pensée est vigoureuse et l’expression limpide. Ce livre intelligent nous aide à pénétrer plus profondément dans la pensée de Tertullien et à dépasser les idées reçues, notamment celle d’un homme qui, en passant au montanisme, aurait sombré dans l’irrationnel. Le lecteur n’a qu’un regret : les textes de Tertullien sont imprimés en caractères minuscules.


Donnez votre avis Retour
RECHERCHER DANS LE CATALOGUE BEAUCHESNE

aide


DICTIONNAIRE DE SPIRITUALITÉ
ÉDITION RELIÉE
DS

LE COMPLÉMENT PAPIER INDISPENSABLE DE :

DS
ÉDITION EN LIGNE




EN PRÉPARATION
LA RÉVOLUTION DE L’ÉCRIT. EFFETS ESTHÉTIQUES ET CULTURELS

FOLIES ET RIEN QUE FOLIES

Fascicule I
dans la même collection
Fascicule II Fascicule III Fascicule IVa Fascicule IVb

PENSÉE SYMPHONIQUE

LE POUVOIR AU FÉMININ

JEAN BAUDOIN (CA. 1584-1650) Le moraliste et l’expression emblématique

Écrits sur la religion


L'Education Musicale


SYNTHÈSE DOGMATIQUE

Partager et Faire savoir
Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Buzz Partager sur Digg