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BAP n°27 RECHERCHES DANS LA FOI. Trois études sur Origène, saint Antelme et la philosophie chrétienne

BAP n°27 RECHERCHES DANS LA FOI. Trois études sur Origène, saint Antelme et la philosophie chrétienne

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Date d'ajout : lundi 02 mai 2016

par Philippe DELHAYE

REVUE : REVUE THÉOLOGIQUE DE LOUVAIN, 1980, fasc. 1

L'infatigable P. de Lubac reprend et développe, à des degrés divers, trois études qu'il avait déjà présentées au public lettré.
La première issue d'une esquisse publiée dans les Mélanges Chaine en 1950 est intitulée : « Tu m'as trompé, Seigneur ». Le commentaire d'Origène sur Jérémie 20, 7. Le but de ces 78 pages est d'examiner critiquement 1'« hérésie des miséricordieux » postérieurement attribuée au maître alexandrin. A-t-il enseigné que les peines de l'enfer étaient temporaires et non éternelles ? A-t-il pensé que, si les Évangiles et les Apôtres avaient parlé avec une extrême sévérité d'éternité à ce propos, c'était par une sorte de mensonge pédagogique destiné à augmenter la crainte, même si Dieu, finalement, sauvait tous les hommes ? La pensée du P. de Lubac - comme de plusieurs patrologues - est qu'Origène n'a pas appliqué l’idée d'un « mensonge économique » à la durée de la condamnation mais à sa nature. II ne s'agit pas de feu ni de tourments mais de bien pis : celui qui a voulu se séparer de Dieu, avec ténacité, est « oublié » de Lui. Au passage, le P. de Lubac éblouit son lecteur par la maîtrise avec laquelle il expose la théorie platonicienne du mensonge (le poison nécessaire à petite dose), les degrés de la connaissance religieuse qui va des « simples » aux « gnostiques », les analogies avec le gnosticisme hérétique et le bouddhisme. Pic de la Mirandole intervient aussi ici ; c'est tout un symbole. Signalons-le, enfin, l'auteur publie une traduction très précise des deux homélies étudiées.
La seconde étude est plus récente ; elle a paru dans les Archives de philosophie. Elle est intitulée : « Seigneur, je cherche ton visage ». Sur le chapitre XIV du Proslogion de saint Anselme (p. 82- 124). Si les perspectives semblent ainsi strictement limitées, elles ne tardent pas à s'élargir ; l'auteur compare sans cesse l'exposé anselmien à une pensée affective et mystique comme celle de S. Augustin et à une systématisation plus rationnelle qui sera le propre de S. Thomas. Bien sûr, une unité foncière est assurée puisque l'objet est l'absolu divin et que le dynamisme qui porte les hommes vers lui est toujours celui qui recherche lumière et joie, valeur et bonheur. Mais selon l'importance des éléments, selon les personnalités, ce dynamisme se module. « La pensée la plus strictement anse1mienne de saint Anselme est faite d'un alliage comportant un triple élément : une démarche proprement philosophique (au sens moderne du mot), - laquelle se déroule au service et au sein d'une recherche, rationnelle encore, d'intelligence de foi, - laquelle marque un temps, heureux ou malheureux selon le point de vue duquel on l'envisage, dans la quête du Dieu vivant » (p. 103).
C'est aussi une question de dosage entre foi et raison, théologie et philosophie, que pose la troisième partie de ce précieux recueil : Sur la philosophie chrétienne. Réflexions à la suite d'un débat (p. 127-152). Si l'on excepte quelques lignes d'introduction et un appendice, ce texte reproduit tel quel un article publié dans la Nouvelle revue théologique de 1936. C'est à la fois un avantage et un désavantage. Un avantage : cette publication en volume permet à une nouvelle génération de connaître un panorama d'une controverse de cinq ans (1930-1935) qui eut son influence sur les études ecclésiastiques postérieures. Le fait est d'autant plus heureux que cette controverse renaît aujourd'hui sous des formes diverses : identité du christianisme, nécessité ou inutilité de l'évangélisation, athéisme, sécularisation, témoignage chrétien, sans oublier les théologies de la libération, voire de la révolution. Dans son ouvrage récent sur La crise moderniste (Paris, 1979), Claude Tresmontant le souligne avec beaucoup de clairvoyance et montre notamment que cette question, au début plutôt académique, de la philosophie chrétienne a fini par déboucher dans les variations actuelles des recherches christologiques. Mais cette réédition d'un texte vieux de 40 ans sans remaniement ni approfondissement lui donne quelque peu une figure de parent pauvre auprès des deux études éblouissantes qui le précédent. Ne pouvons-nous espérer du P. de Lubac qu'il reprenne ce problème, notamment au plan de l'histoire des idées ? Quand Étienne Gilson entendit montrer, il y a quarante ans, quel levain furent, pour la philosophie, les idées de création ou de personne, quand il rappela que le Dieu d'Aristote n'était en aucune manière une Providence ou que le thème du péché renouvelait la relation Dieu-homme, il rencontra une incrédulité presque générale dans les milieux catholiques. On avait tellement « christianisé » Platon et Aristote depuis des siècles qu'on en avait oublié leur figure originale et authentique. La métempsychose platonicienne était confondue par exemple avec la survivance du « pneuma » de l'homme transformé par la grâce; l' « eudémonie » de la morale aristotélicienne était naïvement transformée en « béatitude » céleste. Mais depuis les années '30, on a décapé ces monuments païens faussement transformés au XIIIe siècle en cathédrales gothiques. On a dû aussi tenir compte de philosophies non-chrétiennes, comme celles de Nietzsche, de Marx, de Freud ou de Marcuse. Le problème ne s'en est-il pas trouvé totalement transformé ?
Quoi qu'il en soit de cette dernière réserve, ce livre apportera aux chercheurs une plénitude et une joie peu ordinaires. Il aidera sans doute aussi bien des étudiants à percevoir le dynamisme étonnant de la théologie ancienne et médiévale.


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