Editions BEAUCHESNE

19.00 €

02. LE MYTHE ET LE SYMBOLE

02. LE MYTHE ET LE SYMBOLE

Ajouter au panier

Date d'ajout : mardi 21 février 2017

par G. YAHANIAN

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES 1979 juin

Devant un ouvrage collectif, il est parfois difficile de trancher. La tâche est encore plus exigeante quand l'ouvrage ne comporte aucun apport discordant ni dans la forme ni dans le fond, et que tout « se tient », à tel point que l'ensemble apporte la preuve d'une pensée en quelque sorte collégiale. Sous cet angle, Le mythe et le symbole constitue un exemple de collaboration où chaque voix compte, mais où toutes se fondent dans une composition des plus harmonieuses, qui les dépasse tout en livrant leurs plus hautes possibilités.
Tout entier consacré au mythe et au symbole « comme ressources humaines d'une connaissance de Dieu », ce volume est le deuxième d'une série qui a pour objectif l'élucidation de la foi et son actualité et qui, délibérément, ne cherche à œuvrer que dans le champ de la réflexion philosophique sans aucune intention de substituer celle-ci à la théologie. Tout au plus, la seule ambition est-elle de montrer comment, au voisinage de l'acte croyant, la réflexion philosophique peut être amenée à réexaminer son propre discours et, particulièrement, à mettre en question ses propres préjugés. Une telle occasion, on s'en doute, ne va pas manquer de se présenter surtout quand il s'agit de mythe et de symbole, et que l'un comme l'autre se trouvent précisément occultés par l'emprise qu'exerce depuis longtemps une certaine raison. Certes, cette raison-là n'est plus si sûre d'elle-même. Néanmoins, nous adhérons volontiers à l'idée d'un décalage entre mythe et raison, voire d'un retard irréversible du mythe par rapport à la raison.
En effet, nous semble-t-il aujourd'hui, là où le mythe donnait des réponses à des questions qui n'existent pas, la raison, elle, nous paraît au moins comme à l'affût de questions qui se posent, quitte à s'avouer inapte à apporter les réponses. Par voie de conséquence ou non, à l'inverse du mythe qui est la manifestation d'un « fait social total », la raison se retranche derrière à un discours tenu presqu'en aparté, à l'écart. En sorte que la philosophie est aujourd'hui moins proche des masses que ne l'étaient la métaphysique ou la scolastique d'autrefois. L'émancipation de la raison à l'égard du mythe comportait une rançon : la raison n'embrase pas le fait social, mais s'en désolidarise. Elle en diverge. Et, pour comble de paradoxe, cette divergence est accrue et s'accentue davantage encore du fait de la situation présente où la philosophie est marquée par la réflexion sur le langage.
Le mythe en est-il pour autant dépassé ? Oui, mais ni plus ni moins qu'une station « sur le grand chemin de croix de l'esprit ». Ni plus ni moins, au reste, que ce discours rationnel en vertu duquel la philosophie moderne se croit exonérée du mythe parce qu'elle ne le considère plus comme une menace pour la pensée.
Au couple désuni du mythe et de la raison, il y a lieu, cependant, d'en comparer un autre, celui du mythe et du symbole. Le problème prend alors une autre tournure. Car, si du fait de notre culture grecque, mythe et symbole nous ont de par leur commune allégeance à l'ordre des choses semblé comme inextricablement imbriqués l'un dans l'autre, nous sommes aujourd'hui confrontés à une autre évidence. En effet, l'étude des mythologies non-grecques tout comme les travaux de l'ethnologie et de l'anthropologie contemporaines nous obligent à penser le mythe non plus dans une perspective symboliste, mais en fonction du contexte social et historique. L'importance d'un tel déplacement saute aux yeux : il clôture une certaine compréhension du mythe de façon définitive. Le langage usuel a beau charrier encore des images puisées aux origines du mythe, il n'en reste pas moins que le mythe est mis en question tant par le symbole que par la raison.
A moins, bien entendu, qu'on ne se demande à nouveau ce qu'est le mythe.
J'abrège en disant que le mythe n'est rien d'autre que la traduction d'un mythe antérieur ou d'un mythe étranger ou, simplement, collatéral : c'est une traduction de lui-même. Impossible alors d'en sortir, et tout va bien quand cela n'est pas nécessaire. Mais que se passe-t-il si cela devient nécessaire ? Alors, ou bien il faut en prendre congé, si tant est qu'on ne l'a pas déjà quitté définitivement ; ou bien, on peut s'y reconnaître. Et, précisément, à partir du mythe adamique encore vivace, Ricœur a montré en quoi consiste cette reconnaissance : elle se fonde sur l'appropriation et l'appartenance.
Quant au symbole, il s'ensuit qu'on ne peut plus continuer à le définir comme se rapportant à quelque chose d'un autre ordre que lui-même. L'argument qu'on a, pour cette raison, voulu tirer en opposant des valeurs dites culturelles aux symboles naturels s'effondre sitôt qu'on perçoit le symbole comme servant essentiellement à introduire « dans un ordre de choses dont il fait lui-même partie ». La fonction du symbole n'est pas seulement de représenter; il a aussi la faculté de présenter « cet ordre de l'être et de la réalité auquel il a pour fonction d'introduire ». En un mot, le symbole anticipe. Il est essentiellement de nature « projective ». Et il ne projette que ce par quoi il est englobé, de même que l'entendement du géomètre l'est par l'espace avant même qu'aucune figure n'y soit tracée.
Travail de géomètres et d'arpenteurs, cet ouvrage collectif dont la diversité même souligne l'unité du projet s'impose à la méditation de ceux pour qui l'articulation de la foi requiert autant de probité intellectuelle que de fidélité théologale.


Donnez votre avis Retour
RECHERCHER DANS LE CATALOGUE BEAUCHESNE

aide


DICTIONNAIRE DE SPIRITUALITÉ
ÉDITION RELIÉE
DS

LE COMPLÉMENT PAPIER INDISPENSABLE DE :

DS
ÉDITION EN LIGNE




EN PRÉPARATION
LA RÉVOLUTION DE L’ÉCRIT. EFFETS ESTHÉTIQUES ET CULTURELS

FOLIES ET RIEN QUE FOLIES

Fascicule I
dans la même collection
Fascicule II Fascicule III Fascicule IVa Fascicule IVb

PENSÉE SYMPHONIQUE

LE POUVOIR AU FÉMININ

JEAN BAUDOIN (CA. 1584-1650) Le moraliste et l’expression emblématique

Écrits sur la religion


L'Education Musicale


SYNTHÈSE DOGMATIQUE

Partager et Faire savoir
Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Buzz Partager sur Digg