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BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°5- LE TEMPS DES RÉFORMES ET LA BIBLE

BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°5- LE TEMPS DES RÉFORMES ET LA BIBLE

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Date d'ajout : mardi 22 août 2017

par Marcel BERNOS

REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE

Il n'est pas gratuit de présenter ensemble les comptes rendus de ces deux importants volumes de l'indispensable collection « BTf » En effet, les Réformes (protestante certes, mais - dans une certaine mesure aussi - catholique) se sont bâties sur la Bible, par la Bible, autour de la Bible. Dès le second tiers du siècle, celle-ci se situe au cœur des débats religieux et culturels. En outre, quelqu'ait été l'importance des « Écritures » avant la Renaissance, il est trop évident que le « tournant de l'imprimerie » a modifié profondément l'impact du Livre dans la vie de l'Église et du Peuple de Dieu, en plaçant sa diffusion dans un tout autre registre, et en posant, face à un public plus large que les seuls clercs, le délicat problème des traductions en langues vulgaires.
Le « Temps des Réformes et la Bible », auquel ont contribué une douzaine de collaborateurs, représente à cet égard un volume essentiel. Il se divise en deux grandes parties. La première, « Lire la Bible » s'attache particulièrement à évaluer la place de la Bible, et la valeur qui lui est accordée, depuis le milieu du XVe siècle jusque vers 1600, et à discerner les « réponses confessionnelles » (réformée, catholique, orthodoxe, juive) aux problèmes de l'édition, de la traduction et du commentaire.
Autant qu'aux éditeurs de la Bible, qu'aux traducteurs ou aux exégètes, l'historien s'intéressera à ce qui est dit des lecteurs. On sait les hésitations de l'Église romaine à livrer les Écritures aux laïcs, non seulement à cause des « obscurités » du texte qui pouvaient ouvrir des champs de contestation de l'autorité ecclésiastique en matière d'interprétation, mais aussi parce qu'en leur principe même les traductions faisaient courir le risque d'une « trahison », et supposaient donc un difficile contrôle des versions « autorisées ». Évidemment les revendications de la Réforme à cet égard n'ont pas détendu les réticences de la hiérarchie catholique. Ne croyons pas d'ailleurs que les grands réformateurs n'aient pas eu l'idée que la Bible devait être lue en Église : Calvin pense que la plupart des fidèles ont besoin qu'on leur en prépare l'assimilation pour pouvoir en profiter.
A propos des lecteurs, il est un peu dommage que ni ce tome sur le XVIe siècle [hormis des paragraphes parfois anecdotiques, ex. p. 286-287 ; ou des cas spécifiques comme Marguerite de Navarre ou Thérèse d'Avila, voire de simples allusions comme à la p. 535], ni, moins encore, celui sur le « Grand siècle » n'approfondissent en un chapitre à part la question de la lecture de la Bible par les femmes. Sans doute leur taux d'analphabétisme rend-il cette question relativement théorique, mais le débat qui a pu s'établir autour d'elle, les arguments avancés en faveur ou, plus souvent, en défaveur de la lecture du Livre saint par les « personnes du sexe », à l'occasion de la lutte antijanséniste par exemple, et dans lequel des hommes de l'importance de Fénelon n'hésitent pas à intervenir, pouvait justifier cette amplification. Des remarques à la rencontre, comme celle des p. 601-603 du tome 5, sur « Bible et pédagogie conventuelle féminine », donneraient pourtant envie d'en savoir plus.
La seconde partie, « Bible, culture et société », analyse thématiquement l'impact du renouveau biblique dans différents domaines. La confrontation avec les grandes révolutions géographique, scientifique, intellectuelle de la Renaissance n'a pas été sans heurts et sans déchirements parfois. Ainsi, l'apparition dans l'horizon mental européen des Nouveaux Mondes a posé aux Chrétiens occidentaux plus d'un problème, que ce soit la découverte de pays et de peuples dont la Bible ne parle pas, ou des modes de vie complétement différents de ceux qu'ils pouvaient imaginer, tout proches, croyaient-ils, de l'état de nature (dont l'évaluation elle-même n'était pas simple à établir), et qui mettaient en question, par leur existence même, les idéaux de celle civilisation dite chrétienne.
Les conséquences du renouveau biblique se sont manifestées d'abord dans la pastorale, bien sûr. Si pour les catholiques romains, l'Écriture sert souvent, essentiellement, à confirmer et conforter la permanence de la Tradition, chez les Réformés la Parole de Dieu, et au premier chef l'Évangile, est l'occasion de contester les cérémonies romaines qui apparaissent des inventions humaines, des « superstitions ». Elle alimente et développe la prédication, tout en la rendant plus sobre de références patristiques ou historiques, « afin de laisser à l'Écriture toute son autorité » (synode de l'E.R.F. de 1578). Elle a été, avant même la révolution protestante, au cœur religieux de la « philosophie du christ », joyau chrétien de l'humanisme, dont Érasme demeure le symbole quoique le courant comprenne bien et autres intellectuels illustres. Elle a aussi nourri la vie intime avec Dieu des mystiques (chap. 19). Mais la référence à la Bible va encore informer les nouvelles institutions ecclésiastiques, la morale quotidienne, les diverses expressions artistiques, etc.
Car la Bible, à l'époque moderne, ne touche pas que le monde strictement religieux, son influence fondamentale se retrouve en politique (pensons à Thomas Müntzer ou aux anabaptistes ou, un siècle et demi plus tard et d'une autre manière, à Bossuet). L'ouvrage relève ainsi l'empreinte biblique sur la littérature, le théâtre, le chant, etc. Il aborde surtout l'immense question des « images », rappelant, à juste titre, les controverses autour du 2e commandement; mais aussi l'application du message biblique que firent dans leurs œuvres un certain nombre d'artistes.
Certes, le retour aux sources est largement accompli à la fin du XVIe siècle ; certaines disciplines, en particulier la philologie si chère aux humanistes, ont provoqué un renouveau d'intérêt pour les textes originels, au-delà de la « Vulgate ». Pourtant ce n'est qu'au XVIIe siècle que s'épanouiront les controverses autour d'une « critique » (pour reprendre le terme popularisé par Richard Simon) plus systématique.


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