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BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°4- LE MOYEN-ÂGE ET LA BIBLE

BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°4- LE MOYEN-ÂGE ET LA BIBLE

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Date d'ajout : mardi 03 octobre 2017

par H. SI.

BULLETIN DE THÉOLOGIE ANCIENNE ET MÉDIÉVALE, JANVIER-DÉCEMBRE 1986

Sous le titre Bible de tous les temps, les Éditions Beauchesne ont mis en chantier une collection (dir. Charles Kannengiesser) qui comptera sept volumes (I. Le monde grec ancien et la Bible, C. Mondésert ; II. Le monde latin antique et la Bible, J. Fontaine et Ch. Pietri ; III. S. Augustin et la Bible, Anne-Marie La Bonnardière ; IV. le volume sous recension ; V. Le temps des Réformes et la Bible, M. Venard, B. Roussel, G. Bedouelle; VI. Le siècle des Lumières et la Bible, Y. Belaval, B. Plongeron, D. Bourel ; VII. Le monde contemporain et la Bible, C. Savart, J.-N. Aletti) et qui se présente comme une « entreprise intellectuelle de qualité, entreprise humaine [« humaine » ! pourquoi cette précision ?] groupant près de 200 collaborateurs » s'adressant « à tous ceux qui, autour et au-delà de la Bible, veulent comprendre la richesse de cet héritage ».
Le volume que j'ai le plaisir de présenter comporte une introduction, un chapitre liminaire sur Les noms de la Bible dû à Monique DUCHET-SUCHAUX et Yves LEFÈVRE et 23 contributions réparties sous quatre rubriques dotées chacune d'une courte entrée en matière : 1. Le livre (Pierre PETITMENGIN, La Bible à travers les inventaires de bibliothèques médiévales ; Laura LIGHT, Versions et révisions du texte biblique; Guy LOBRICHON, Une nouveauté : les gloses de la Bible; Mary A. et Richard H. ROUSE, La concordance verbale des Écritures ; Micheline LARÈS, Les traductions bibliques : l'exemple de la Grande-Bretagne), II. Étudier la Bible (Pierre RICHÉ, Instruments de travail et méthodes de l'exégète à l'époque carolingienne; Jean CHÂTILLON, La Bible dans les Écoles du XIIe siècle; Jacques VERGER, L'exégèse de l'Université ; Aryeh GRABOÏS, L'exégèse rabbinique; Jacques DUBOIS, Comment les moines du Moyen Age chantaient et goûtaient les Saintes Écritures), III. Vivre la Bible. A. Le gouvernement des hommes (Marie-Christine CHARTIER, Présence de la Bible dans les Règles et Coutumiers ; Jean GAUDEMET, La Bible dans les Collections canoniques ; Thomas M. IZBICKI, La Bible et les canonistes ; Pierre RICHÉ, La Bible et la vie politique dans le haut Moyen Age), B. La pastorale (François GARNIER, L'imagerie biblique médiévale ; Edina BOZOKY, Les apocryphes bibliques ; Marc VAN UYTFANGHE, Modèles bibliques dans l'hagiographie ; Michel ZINK, La prédication en langues vernaculaires ; Jean LONGÈRE, La prédication en langue latine; Pierre-Marie Gy, La Bible dans la liturgie au Moyen Age), IV. Bible et nouveaux problèmes de chrétienté (Lester K. LITTLE, Monnaie, commerce et population ; André VAUCHEZ, La Bible dans les confréries et les mouvements de dévotion; Robert E. LERNER, Les communautés hérétiques). Une Conclusion (p. 615-618), la bibliographie et trois Index, dont deux tout à fait insuffisants (l'Index scripturaire ne précise pas les passages concernés des divers livres de la Bible, les intitulés de ces livres étant simplement énumérés avec 30, 50 ou 80 références paginales ! désinvolture difficilement admissible pour un ouvrage traitant précisément de la Bible ; quant à l'Index onomastique, il est gravement incomplet et aurait dû être intitulé « Index d'un choix de noms propres » ; seul l'index des manuscrits a été établi consciencieusement) clôturent ce volume imposant et de qualité, malgré de trop nombreuses redites.
Il est évidemment exclu de pouvoir donner un résumé de toutes les contributions. On se contentera de proposer quelques notes prises à la lecture de celles qui relèvent plus spécialement de ce Bulletin. - P. 72 et 169: on fait référence au De viris iIIustribus de Sigebert de Gembloux sans tenir compte de la récente édition établie par R. Witte (voir Bull. XII, n° 487 et 1252). Voir aussi Eligius Dekkers, Sigebert van Gembloux en zijn « De viris illustribus », dans Sacris Erudiri 26 (1983) 57-102. - P. 90, n. 117: la définition donnée de la « pecia » m'agrée entièrement (voir Rech. Théol. anc. méd. 50, 1983,270 [c.r. de la Paliiographie de B. Bischofl). P. 95 : pour la G/ossa ordinaria, voir maintenant la contribution posthume de Beryl Smalley dans Theologische Realenzyklopiidie 13 (1984) 452-457. - P. 106: il aurait fallu rappeler que, à peu près à la même époque qu'Anselme et peut-être pour lui faire concurrence, Rupert de Liège ou de Deutz (ca 1075-1129) avait tenu la gageure de réaliser, à lui tout seul, un commentaire complet de la Bible où des quaestiones étaient, à la mode de Laon (et déjà de S. Augustin), assez souvent traitées. Deux des caractéristiques qu'on nous donne de la production anselmienne conviennent parfaitement aussi pour l'entreprise rupertienne, puisque celle-ci est également tributaire de la tradition patristique et carolingienne (sauf que Rupert est beaucoup plus indépendant à l'égard de S. Augustin) et que de même on y décèle des allusions, d'allure parfois polémiques, à la « réforme ecclésiale », c'est-à-dire concrètement aux retombées de l'action grégorienne. - P. 112 : on croit voir dans un ajout à la Glose de Jean (10,11-12), stipulant que le ministère épiscopal est indépendant de la qualité de la vie de celui qui l'exerce, un élément étranger à l'école d'Anselme; c'est inexact : l'idée en question est augustinienne et Anselme la faisait sienne (il était foncièrement augustinien), comme le suggère d'ailleurs son attitude au lendemain de l'assassinat du peu recommandable évêque de Laon, le triste Gaudry (cf. Guibert de Nogent, De vita sua, III, 10, éd. E.-R. Labande, p. 356). Rupert de Deutz, en revanche, partageait plutôt les thèses « cyprianistes », qu'avait également défendues Humbert de Moyenmoutier face à Pierre Damien, selon lesquelles la validité des sacrements (surtout l'eucharistie) dépendait de la dignité de celui qui les conférait (ce qui évidemment visait simoniaques et nicolaïtes). - Ibid., n. 41 : pour la glose alléguée de O. Lottin, voir plutôt de cet auteur, Psychologie et morale aux XIIe et XIIIe siècles, t. V, L'école d'Anselme de Laon et de Guillaume de Champeaux, Gembloux 1959, p. 70-71, n° 82. - P. 142 : « Les Irlandais qui, par ascétisme, quittent volontiers leur patrie... » : il y avait certainement, conscientes ou non, d'autres motivations que l'ascétisme... - P. 143: « Mais à la différence de leurs prédécesseurs qui s'opposaient à la culture classique, les moines celtes et anglo-saxons ont vu la nécessité de construire à partir de la Bible un programme d'études dans lequel la grammaire tenait une grande place » : par la force des choses, des personnes n'ayant pas le latin comme langue maternelle devaient accorder une importance très grande à la grammaire, mais pour le reste ces moines sont dans la ligne de S. Augustin (De doctrina christiana) et d'Isidore de Séville. -Ibid. : « Cluny n'est pas ennemie de la 'culture' » : le tout est de savoir ce qu'on entend par 'culture'. P. 153, n. 31 : selon H.J. Frede, Kirchenschriftsteller (Vetus Latina), Freiburg 1981, p. 411, le Liber de ortu et obitu patriarcarum est dû à un Irlandais vivant vers 750 dans l'Allemagne méridionale, auteur également du Liber de numeris (Clavis 1193°). -Ibidem, n. 33 : pour une bibliographie plus récente sur le Physiologus latin, voir les indications données dans ma contribution aux Mélanges F. Masai (voir Bull. XIII, n° 114). - P. 158, n. 46 : voir maintenant du même J. N. Hillgarth, The Position of Isidorian Studies. A Critical Review of the Literature 1936-1975, dans Studi Medievali, 3e ser., 24 (1983) 817-905. - P. 168 : il m'est difficile d'accepter pour Pierre Damien la qualification de « grand humaniste ». Et quant à l'appréciation de A. Cantin sur la fameuse Lettre de cet auteur visant à démontrer que Dieu peut faire que ce qui est arrivé ne soit pas arrivé, j'ai déjà exprimé à son sujet mon dissentiment (cf. Revue Hist. eccl.69, 1974,270-272): touchant le principe de contradiction, je préfère m'en tenir à la position d'Aristote et de S. Thomas. -Ibid. : « Les erreurs de Bérenger [...], plus tard celles de Roscelin [...] qu'Abélard lui-même devait combattre... » : l'hérétique Roscelin face à l'orthodoxe Abélard ! Ne conviendrait-il pas de prendre ses distances à l'égard des uns et des autres ? Ces disputes dogmatiques (eucharistie, Trinité) se déroulaient avec des présupposés intellectuels, sociologiques, historiques tellement différents des nôtres. Ne nous rangeons pas naïvement dans un des camps. (La question est toute différente pour le principe de contradiction dont, à mon avis, le respect s'impose en tous temps et en tous lieux : sans lui, on peut affirmer une chose et son contraire en même temps, ce qui revient à dire que l'on peut à la fois tout affirmer et tout nier, et que donc aucune pensée discursive n'est possible). P. 176 et alibi : on reprend le témoignage de l'Historia calamitatum sans la moindre réserve. - P. 189 : il ne faut pas trop insister sur l'opposition qu'il y aurait entre la manière dont Abélard concevait l'exégèse et la manière dont on la concevait à la même époque à Laon (cf. R. Peppermüller, Zu Abaelards Paulusexegese und ihrem Nachwirken : voir Bull. XIII, n° 979) et à Liège (toutes les caractéristiques données s'appliquent exactement à l'exégèse de Rupert). Ce qui distingue Abélard d'Anselme et de Rupert, c'est qu'il a estimé devoir consacrer des ouvrages ex professo à la dialectique. - P. 208: « Cette insistance constante sur la théorie des quatre sens suffit à montrer que pour ces auteurs (les exégètes du XIIIe siècle) le sens spirituel n'était pas un ornement extrinsèque ni un sens 'adapté', de manière plus ou moins heureuse, pour illustrer telle ou telle affirmation doctrinale (ou politique). Le sens spirituel demeurait à leurs yeux de necessitate sacrae Scriplurae, comme dit saint Thomas, élément constitutif de la vérité même de l'Écriture et voulu par Dieu » : on aurait aimé entendre la réaction de la regrettée Beryl Smalley devant ce constat, elle qui, dans ce qui fut sans doute son dernier article, écrivait: « The notion of spiritual meanings hidden in the 'Ietter' of a text derived distantly from Platonism. Aristotelian logic pulled schoolmen away from the old tradition when it came to theological argument. Trained in the rigorous discipline of the arts course, theologians discriminated between a valid argument and an unacceptable one. Arguments from the spiritual senses of Scripture as authoritative dropped out of their treatises and Sentence-commentaries. Aquinas justified the tendency by giving it a reason » (Use of the 'Spiritual' Senses of Scripture in Persuasion and Argument by Scholars in the Middle Ages, dans Rech. Théol. anc. méd. 52, 1985, 44-63, voir 63). - P. 213: le schéma de S. Thomas auquel on fait allusion est tout simplement celui d'une série d'accessus auxquels les auteurs recouraient traditionnellement depuis des siècles (une des dernières études sur les accessus est celle de W. Freytag: voir Bull. XIII, n° 1713). - P. 220: statistiques révélatrices, sur la base des traditions manuscrites, touchant le succès des œuvres théologiques des grands Scolastiques en contraste avec le désintérêt relatif manifesté pour leurs écrits exégétiques. Situation qui s'explique, à mon avis, par le fait que l'exégèse ne s'était pas vraiment renouvelée depuis l'époque patristique: c'est du côté de la philologie, non de la philosophie, qu'allait venir le salut, bien entendu d'une philologie fondée sur les langues originales de la Bible. - P. 227 : il est intéressant de constater comment la « considération » suivante de Gerson (« si le sens littéral [i.e. de la Bible] vient de nos jours à être mis en cause sur des points qui ont déjà été clairement déterminés et admis par l'Église, il ne faut pas se mettre, par esprit curieux, à raisonner contre ces adversaires mais simplement user des sanctions prévues ») est dans la droite ligne de la recommandation bien connue de S. Louis telle qu'elle nous est rapportée par Joinville, à savoir que l'homme laïque ne doit répondre aux objections qu'il entend contre la foi qu'en perçant le ventre de celui qui les fait (cf. Joinville, Histoire de S. Louis, éd. M. Natalis de Wailly, Paris 1868, p, 19-20). – P. 316, n. 13 et p. 574: il est impardonnable de ne pas encore connaître et utiliser l'édition G. Constable-B. Smith du Libellus de diversis ordinibus (cf. Revue Hist. eccl. 68, 1973,814-822 et 69, 1974,316-319). - P. 351, n. 154 : pour le Sic et Non d'Abélard, il faut renvoyer à l'édition de B. B. Boyer-R. McKeon (voir Bull. XIII, n° 590). - P. 436, n. 19: pour les visions au moyen âge et notamment les visions de l'au-delà, ajouter Peter Dinzelbacher, Vision und VisionsIiteratur im Mittelalter (voir Bull. XIII, nO 862). - P. 546-549: deux tableaux utiles montrant la répartition, au cours de la semaine, des Psaumes dans l'Office romain et dans l'Office selon la Règle de S. Benoît. - P. 575: Rupert n'est pas mort en 1138, mais le 4 mars 1129. - P. 619: Recherches (non Revue) de Théologie ancienne et médiévale. - Les contributions traduites de l'anglais sont dépourvues de notes infrapaginales, ce qui rend les assertions difficilement contrôlables.
Les remarques qui précèdent font parfois état de légères déficiences, mais elles ne doivent pas donner une impression fâcheuse d'un ouvrage dont la lecture est enrichissante et stimulante. On ne peut que rendre hommage à la science et à la compétence de tous les collaborateurs et des deux maîtres d'œuvre. Quant à la conclusion finale, dont la proposition essentielle est que « les hommes du Moyen Age sont peu à peu passés de l'âge de la Loi à celui de la Bonne Nouvelle » (p. 615), elle recueillera l'assentiment général. Déjà L. Halphen, parmi d'autres, avait montré combien l'âge carolingien avait cherché l'inspiration dans les livres sacrés des Hébreux (cf. Charlemagne et l'empire carolingien, Paris, 2e éd., 1949). En ce qui concerne le Nouveau Testament (cf. la « Bonne Nouvelle »), il ne faut tout de même pas perdre de vue son caractère hétérogène : à côté des Béatitudes, de l'épisode de la Samaritaine et de la parabole de l'enfant prodigue, on y trouve aussi l'Épître aux Romains et l'Apocalypse.


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