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BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°4- LE MOYEN-ÂGE ET LA BIBLE

BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°4- LE MOYEN-ÂGE ET LA BIBLE

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Date d'ajout : mardi 05 septembre 2017

par Henri CROUZEL

BULLETIN DE LITTÉRATURE ECCLÉSIASTIQUE, 1987, 1

Ce gros volume présente, rédigées d'une manière généralement excellente, une série de contributions d'auteurs divers qui décrivent les différents aspects de l'influence et de l'étude de la Bible au Moyen Age, plutôt dans le haut Moyen Age qu'à l'époque de la Scolastique, sans que celle-ci ne soit exclue. Outre les introductions aux différentes parties du livre et un premier article sur les noms qui désignent alors la Bible (M. Duchet-Suchaux et Y. Lefèvre), une première partie concerne le livre même de la Bible, sa place dans les inventaires de bibliothèques (P. Petitmengin), les versions et révisions de son texte (L. Light), ses gloses, brefs commentaires encadrant son texte (G. Lobrichon), les concordances (M. et R. Rouse), les traaductions, article limité à celles qui furent faites dans les dialectes anglo-saxons (M. Larès). Une seconde partie s'intéresse à l'étude de la Bible, instruments et méthodes de l'époque carolingienne (P. Riché), dans les écoles du XIIe siècle (J. Châtillon), dans les Universités commençantes (J. Verger), chez les rabbins médiévaux (A. Graboïs), dans le chant et la lectio divina des moines (J. Dubois). La troisième partie décrit la place de la Bible dans la vie sociale, règles et coutumiers des couvents (M. Chr. Chartier), collections canoniques (J. Gaudemet), canonistes (Th. Izbicki), vie politique (P. Riché) ; et de même dans la pastorale religieuse, images (Fr. Garnier), influence des écrits apocryphes (E. Bozoky), modèles bibliques dans l'hagiographie (M. van Uytfanghe), prédication en langue vulgaire (M. Zink) et latine (J. Longère), usage dans la liturgie (P. M. Gy). Enfin est envisagée l'influence de la Bible sur les problèmes nouveaux du milieu du Moyen Age : argent, commerce et accroissement de la population (L. K. Little), confréries et mouvements de dévotion (A. Vauchez), communautés hérétiques (R. E. Derner).
Ces articles sont très intéressants. Quelques remarques cependant sont à faire, non sur le traitement des questions médiévales, où les auteurs sont des maîtres, mais sur ce qu'ils disent parfois de l'antiquité chrétienne : il est en effet souvent dangereux pour un historien de déborder d'une époque qu'il connaît bien sur une autre qu'il connaît moins et sur laquelle il aurait besoin d'ajouter au moins quelques nuances.
Ainsi on lit p. 434 que la doctrine du Purgatoire a été « élaborée aux XIIe·XIIIe siècles » et il est question quatre lignes plus loin du « futur » Purgatoire. Cette affirmation est l'écho d'un livre récent situant à cette époque la « naissance » du Purgatoire. C'est oublier - et le Dictionnaire de Théologie Catholique, aurait pu le rappeler, car il s'étend longuement sur la doctrine patristique du Purgatoire - que déjà au IIIe siècle, en Orient comme en Occident, elle est assez conséquente. J'ai publié en 1972 dans Epectasis, Mélanges patristiques offerts au Cardinal Jean Daniélou, p. 273-283, un article sur « L'exégèse origénienne de 1 Cor. 3, 11-15 et la purification eschatologique », étudiant les 38 commentaires de ces versets dans les œuvres restantes d'Origène : il s'en dégage une doctrine qui anticipe sur bien des points importants le traité fameux de sainte Catherine de Gênes. Pareillement la foi au Purgatoire est exigée impérieusement par les quatre ou cinq passages dans lesquels Tertullien, plus ancien qu'Origène, mentionne l'offrande du sacrifice eucharistique pour les défunts. Dans l'ignorance pratique où se trouvent bien des chrétiens contemporains du développement du dogme et des rapports : Écriture-Tradition, reproduisant paradoxalement en ce domaine le scriptura sola de la Réforme, la tentation est grande, pour motifs œcuméniques ou autres, de vouloir débarrasser le christianisme de points que l'on considère comme des superfétations postérieures, et pour faire bonne mesure, d'y ranger certaines doctrines dont la présence chez les Pères est ignorée ou passée sous silence. En ce qui concerne la même page 434 signalons que la descente du Christ aux enfers (c'est-à-dire dans le Schéol ou Hadès, lieu des morts de l'Ancien Testament, qui n'est pas à confondre avec la Géhenne que nous appelons Enfer) est un dogme commun à toute l'antiquité chrétienne. A propos de la page 440, la présence du bœuf et de l'âne à la crèche, en dépendance d'Isaïe 1, 2, est déjà allégorisée à la fin de l'homélie d'Origène sur Luc, XIII. 7 (Sources Chrétiennes 87. P. 214-215), prononcée, semble-t-il, vers 235-240 : traduite en latin par Jérôme elle peut bien, elle aussi, être à l'origine de l'usage de faire figurer ces animaux dans les crèches médiévales à partir de saint François d’Assise.
Page 480, bien des nuances devraient être ajoutées à ce qui concerne dans l'Évangile « l'avènement tout proche du Royaume et de la parousie » : il n'est pas indiqué aussi unilatéralement que l'ont voulu certaines théories exégétiques. De même quand il s'agit du fameux « mépris de la chair » dans l'Antiquité et peut-être aussi au Moyen Age. Il faut à ce sujet se méfier de notre réaction actuelle qui est celle d'un siècle hypersexualisé et équilibrer certaines déclarations choquantes par d'autres du même personnage qui vont souvent dans un sens un peu différent. Les contradictions signalées p. 481 à propos de l'insertion de l'Église dans le temporel sont normales, la doctrine chrétienne s'exprimant généralement dans des couples d’antithèses.
Je ne vois pas comment justifier p. 491 l'affirmation que « dans l'Église primitive la prédication est un privilège épiscopal », heureusement modérée ensuite par celle que « très tôt cependant les évêques délèguent ce pouvoir à de simples prêtres ». Examinons en effet les auteurs des premières homélies conservées. Nous ne connaissons pas celui de l'homélie dite seconde épître de Clément de Rome. L'homélie sur la Passion de Méliton de Sardes est l'œuvre d'un évêque. Le De Antichristo est peut-être l'œuvre d'Hippolyte de Rome, car il n'est pas cité parmi celles de l'Hippolyte oriental signalées par Eusèbe, Histoire Ecclésiastique VI, 20 et 22 : mais l'Hippolyte romain était-il déjà quand il le prononça l'antipape qui s'opposa à Calliste ? Le Quis dives salvetur ? fut peut-être prononcé par Clément d'Alexandrie quand il fut devenu prêtre, à la fin de sa vie : en tout cas il ne fut jamais évêque. Et c'est alors que vient chronologiquement le bloc imposant des 279 homélies conservées d'Origène, simple prêtre, souvent prêchées devant des évêques, comme en témoignent l'homélie sur la naissance de Samuel où est mentionné comme présent Alexandre, évêque de Jérusalem, et celle sur la nécromancienne d'Endor. Si la prédication d'un laïc dans l'église devant des évêques a fait parfois difficulté, mais pas toujours (voir Eusèbe, Rist. Eccl. VI, 19, 16-19), on ne voit pas que celle d'un prêtre, même devant un évêque, en ait fait.


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