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TH n°013 L'ÉGLISE PRIMITIVE FACE AU DIVORCE

TH n°013 L\'ÉGLISE PRIMITIVE FACE AU DIVORCE

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Date d'ajout : mardi 06 juin 2017

par Ch. MARTIN

REVUE THÉOLOGIQUE, mai 1979

Un court chapitre d'Introduction situe la question du mariage, du divorce et du remariage chez les Juifs tout d'abord, puis dans l'Écriture (Ancien et Nouveau Testament), enfin dans le paganisme gréco-romain (mœurs et institutions). Vient ensuite l'étude principale : Quelle a été la pensée de l'Église (auteurs et conciles) sur le divorce et le remariage durant les cinq premiers siècles ? Les témoignages ne manquent pas, mais ils sont proposés dans des perspectives et des préoccupations qui ne coïncident pas toujours avec celles d'aujourd'hui, et surtout ils sont portés par des pasteurs d'âmes généralement plus au fait des problèmes et solutions pratiques qu'embarrassés de théories ou distinctions d'écoles. Pourtant on constate certains principes de base qu'on ne peut ignorer. Le P. Crouzel s'est efforcé, au terme de sa consultation, de les présenter en une synthèse claire et coordonnée.
Tout d'abord la conception chrétienne du mariage chez les Pères ne coïncide pas avec celle des Juifs et surtout des païens. Pour ceux-ci le mariage est essentiellement un contrat entre individus, résiliable donc par consentement mutuel. Toute la théologie des Pères est commandée, elle, par le principe inlassablement affirmé et commenté : Ils seront deux en une seule chair. Ce que Dieu a ainsi uni, que l'homme ne le sépare pas (Mt 19, 5-7). Une fois le consentement réciproque donné, le mariage, fondé sur la nature, échappe en quelque sorte aux conjoints, et ne relève plus que de Dieu. Pourtant dans l'Écriture sont prévus deux cas susceptibles d'amener un relâchement relatif de la rigidité des principes : la fornication ou l'adultère d'une part, l'incroyance de l'autre. Que peut-il arriver dans ces cas ? Dans l'un et l'autre, pour l'ensemble des Pères - à la seule exception de l'Arnbrosiaster et de quelques rares autres textes secondaires peu clairs et discutables -, le remariage n'est pas permis, même au conjoint innocent. La théorie que certains théologiens modernes ont avancée et selon laquelle était courante dans l'Église ancienne, du IIIe au Ve siècle, la pratique prônée par l'Ambrosiaster, à savoir qu'en cas d'adultère l'époux innocent (mais non la femme innocente) peut se remarier et qu'en cas d'incroyance le conjoint croyant (que ce soit l'homme ou la femme) peut aussi le faire, cette théorie n'a aucun fondement véritable dans la tradition de l'Église à cette époque. Outre qu'elle ne tient pas compte de l'égalité des sexes en matière matrimoniale prônée clairement par saint Paul et admise par la plupart des Pères, elle se heurte à un grand nombre de textes clairs allant en sens contraire. L'argument de 1'« affirmation implicite » auquel ces auteurs font appel ne vaut pas. Ils font dire aux textes ce qu'ils y mettent eux-mêmes. On ne peut davantage assurer que la « mentalité du temps » était telle que la possibilité du remariage allait de soi et que par conséquent il n'y avait pas lieu d'en parler. On a vu plus haut, en effet, que la mentalité chrétienne allait exactement en sens inverse de la mentalité païenne, et les attaques des Pères contre la législation civile sont violentes. La sévérité des Pères, au moins du plus grand nombre, s'étend plus loin encore. A leurs yeux, le conjoint innocent, non seulement ne peut pas se remarier, mais il est tenu de répudier le conjoint coupable, c'est-à-dire de renoncer à toutes relations sexuelles avec lui. En effet, des relations avec le conjoint coupable et souillé par son péché attenteraient à la sainteté du mariage. Sur ce point toutefois l'unanimité n'est pas complète. Pour certains il ne s'agirait là que d'un conseil, d'un souhait et non d'un impératif. Ainsi donc, selon la majorité des Pères le conjoint innocent se trouverait dans la nécessité de pratiquer la continence non en vérité comme une peine imposée pour un délit Qu'il n'aurait pas commis, mais simplement comme une nécessité pénible réclamée par la sainteté du mariage. Enfin, et le P. Crouzel insiste sur ce fait, l'interprétation que donnent les Pères des incises bibliques (p. ex. Mt 19, 9) se fait en fonction des principes énoncés plus haut. Ainsi pour beaucoup d'entre eux la répudiation dont parle saint Matthieu n'est pas une simple concession, comme cel1e de Moïse, accordée ad duritiam cordis, mais une obligation imposée par la sainteté du mariage. Et par ailleurs elle ne donne pas droit à un remariage, le conjoint innocent restant toujours lié au conjoint coupable en vertu du principe général : Ce que Dieu a uni ne peut être séparé par l'homme. On ne peut nier que la position de principe des Pères des cinq premiers siècles ait été sévère et stricte. Dès le moyen âge dans l'Église latine, l'interprétation différente d'un texte ambigu de saint Paul (1 Co 7, 12-16) a autorisé le conjoint chrétien, dans le cas d'incroyance, à se remarier. Et d'autres adoucissements ont été rendus possibles depuis. C'est à l'Église, en vertu du pouvoir des clefs, à trancher les cas qui méritent l'attention. En toute hypothèse, il y aura lieu de sauvegarder l'indissolubilité du mariage si fortement affirmée dans l'Écriture et la Tradition des premiers siècles. En certaines circonstances aussi, et sans devoir mettre en cause les principes, une politique d'indulgence sagement entendue pourrait peut-être faciliter la solution de cas compliqués ou douloureux Dont le coupable finit par être plus prisonnier que responsable. Voilà donc un livre bien actuel et qui porte à la réflexion. -


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