BULLETIN DE LITTÉRATURE ECCLÉSIASTIQUE 4, octobre 1973

M. Emmanuel-Pataq Siman est un Irakien de rite syrien. Ces attaches expliquent qu'il soit si parfaitement accordé à son sujet et qu'il l'ait traité en si juste connaissance de cause. Il s'agit là du rôle de l'Esprit Saint dans l'Église, ou plutôt de l'expérience qu'en fait celle-ci d'après la tradition syrienne d'Antioche. Par sa présence efficiente l'Esprit engendre l'Église et il la divinise, comme l'indiquent les titres des deux parties de ce livre.
C'est en effet « l'événement de la Pentecôte » qui donne naissance au nouveau peuple de Dieu et qui, en se renouvelant, assure sa croissance. Et c'est encore lui qui est à la source des structures et des fonctions ecclésiales. Quant au rayonnement mystique de l’Église, par la bonne nouvelle qu'elle annonce, par les mystères du baptême, de la chrismation et de l'eucharistie qu'elle célèbre, par la vie chrétienne dans ses dimensions liturgique, ascétique et eschatologique, toutes ces épiphanies de Dieu ne sont-elles pas l'œuvre de son Souffle Vivant ? Aussi l'Église, qui se plaît à contempler son visage, lui donne-t-elle le nom de La Vie. Et évoque-t-elle les symboles du souffle, de l'eau et du feu pour exprimer l'expérience ineffable qu'elle fait de lui.
L'auteur prête une grande attention à ce langage, tout ensemble poétique et théologique, qui révèle à la communauté chrétienne l'Amour dont elle vit. C'est surtout dans la liturgie syrienne qu'il l'entend, liturgie qui plonge ses racines dans les rites primitifs de Jérusalem, et dont les textes, même lorsqu'ils sont anonymes, relèvent des Pères qui ont vécu sur le territoire de l'ancien patriarcat d'Antioche. Parmi eux, la première place revient à saint Ephrem, « la cithare du Saint-Esprit », le docteur et le poète par excellence de cette grande tradition.
Allons-nous regretter de ne pas trouver dans ce livre une présentation historique de ces sources liturgiques ? Comme elles s'étalent du IVe au VIIIe siècles, une telle étude nous aurait fait assister au développement du rite syrien et par là même à celui de la théologie du Saint-Esprit avant le schisme de Photius, dans une Église déjà séparée de Byzance. Mais M. Emmanuel-Pataq Siman n'a pas voulu sacrifier à l'histoire pure. Il a préféré nous faire sentir l'expérience de l'Esprit Saint que son Église, l'une des plus anciennes et des plus illustres de l'Orient, vit au plus intime de son cœur, proclame et chante en priant dans sa liturgie. Nul doute qu'il n'y ait réussi. De nombreux textes liturgiques, heureusement réunis à la fin de ce volume, nous initient directement à cette Pentecôte toujours renouvelée.