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TH n°098 DORMITION ET ASSOMPTION DE MARIE. HISTOIRE ET TRADITIONS ANCIENNES

TH n°098 DORMITION ET ASSOMPTION DE MARIE. HISTOIRE ET TRADITIONS ANCIENNES

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Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016

par L�o LABERGE

REVUE : ÉGLISE ET THÉOLOGIE, 28, 1997

Préparé sous la direction de Pierre Geoltrain et Éric Junod, cet ouvrage a été présenté le 15 avril 1991, pour l'obtention du doctorat à l'École Pratique des Hautes Études - Section des Sciences Religieuses. Par ailleurs. S.C. Mimouni travaille à l'édition de textes sur la Dormition et l’Assomption pour la Series Apocryphorum du Corpus christianorum.
On trouve donc ici un ouvrage de qualité, rempli de renseignements des plus utiles, sur un sujet complexe. L'A. met de l'ordre, prend position de façon équilibrée, propose des hypothèses d'interprétation qui méritent considération et qui, le plus souvent, emportent la conviction. Voilà un volume qui fait honneur à son auteur, ainsi qu'à la maison d'édition qui a accepté de publier un tel travail.
Le sous-titre (« Histoire des traditions anciennes ») est important, car il nous renvoie aux documents et aux éléments tant liturgiques qu'archéologiques, qui couvrent pratiquement la période comprise entre le Ve et le VIIIe siècle.
Pour une telle étude, il était important d'en bien délimiter le sujet, la documentation accessible ainsi que sa qualité. Il fallait aussi placer dans son contexte littéraire et historique tout élément ainsi transmis. On peut faire confiance à l'A., qui s'est très bien acquitté de sa tâche.
Il distingue d'abord entre « croyance » et « dogme », puis s'astreint à identifier les termes qui désignent la dormition et l'assomption, prenant bien soin de souligner que l'assomption peut survenir soit sans résurrection du corps soit après résurrection. Ainsi, peut-il étudier et classifier, dans les documents anciens, conservés en diverses langues, ce qui correspond aux termes grecs (koimêsis. metastasis. analêmpsis) ou aux termes latins (dormitio, transitus. assumptio).
L'introduction générale (p. 1-36) expose bien les questions concernant la terminologie et la doctrine que cela implique, puis débouche sur les questions de la documentation et de la méthodologie à suivre (sources liturgiques, sources archéologiques, sans oublier le recours aux guides et récits de pèlerins). L'archéologie, à laquelle on fait ici allusion, concerne les lieux que la tradition a reliés à la dormition et à l'assomption de Marie ; par ricochet, il faut tout aussi bien inclure la tradition qui parle de la maison des parents de Marie à Jérusalem.
Une première partie (p. 37-352) présente « Les traditions littéraires sur le sort final de Marie ». On remarquera l'introduction (p. 43-73) à cette première partie, qui nous fournit les résultats de l'enquête de l'A.
La nouvelle hypothèse proposée (et l'A. souligne bien qu'il s'agit toujours d'une hypothèse de travail) permet de joindre les résultats de la recherche documentaire aux résultats d'une étude « topologique » qui retrace les restes archéologiques de sanctuaires dédiés à Marie ; il est aussi fait état des documents littéraires anciens qui font mention de ces édifices de culte marial. Cela permet à Mimouni d'établir la typologie suivante : 1) un « groupe A ou groupe ancien » localise à Bethléem la maison de Marie et ne parle que de dormition ; on célèbre une fête de Marie (« en l'honneur de Marie » seulement), à l'église du Kathisma, près de Bethléem, le 15 août (voir p. 57) ; la tradition syriaque se rattache à ce groupe ; date probable : seconde moitié du Ve siècle ; 2) « le groupe B ou groupe intermédiaire » (voir p. 62) : la maison de Marie est localisée à Jérusalem ; il est question soit de dormition tout simplement soit de dormition et d'assomption, sans confondre les deux toutefois ; la liturgie copte, en général, met 206 jours entre les deux ; date : « l'apparition du groupe intermédiaire pourrait être située durant la première moitié du VIe siècle » (p. 64) ; 3) « le groupe C ou groupe récent » (p. 65) : maison de Marie à Jérusalem ; croyance à l'assomption avec ou sans résurrection, avec localisation du tombeau de Marie à Gethsémani, dans la vallée du Cédron ; les pèlerins ne parlent pas de ce tombeau avant le milieu du VIe siècle (voir aussi p. 67 : « L'attestation liturgique, c'est le décret de l'empereur Maurice qui, vers la fin du VIe siècle institue la fête de la Dormition et de l'Assomption au 15 août dans le sanctuaire de Marie à Gethsémani »).
Après cette introduction claire, qui donne déjà les conclusions de toute la recherche, Mimouni présente, en détail, les éléments de sa recherche. Cette première partie comprend, outre l'introduction, huit chapitres qui traitent des traditions littéraires suivantes : syriaque, grecque, copte, arabe, éthiopienne, latine, géorgienne, arménienne.
Comme ces traditions littéraires permettent déjà de voir comment se distribuent les textes qui font mention et de la maison de Marie et de son tombeau (dans les traditions plus récentes), Mimouni aborde ensuite, dans une deuxième partie, distribuée en cinq chapitres, « Les traditions topologiques sur le sort final de Marie » (p. 353-652). Là aussi, une introduction traite de terminologie et de méthodologie.
La distribution de la matière dans cette seconde partie permet déjà d'en percevoir la richesse de contenu : 1) « La liturgie mariale de Jérusalem à l'époque byzantine » (en deux sections : « La fête de la Mémoire de Marie », puis « La fête de la Dormition et de l'Assomption de Marie ») ; 2) « Les traditions de Jérusalem et des environs sur la maison de Marie » (en quatre sections : « La tradition de la maison de Marie à Bethesda », à Gethsémani, à Bethléem, à Sion) ; 3) « La tradition de Jérusalem sur le tombeau de Marie » ; 4) « La tradition d'Éphèse sur la maison et le tombeau de Marie », traitée brièvement vu son caractère très récent (1896 !) ; enfin, 5) « Les traditions de Constantinople et de Jérusalem sur les reliques de Marie ».
Mimouni fait le lien entre le dédoublement des lieux et l'occupation d'églises, à la suite des troubles suivant l'acceptation ou le rejet des décisions de Chalcédoine. En ce qui a trait aux reliques, il y a dédoublement, semble-t-il, selon qu'on parle d'un vêtement ou d'une ceinture selon qu'il est question de dormition seulement ou d'assomption de la Vierge (voir p. 644- 645). D'ailleurs, on ne parle de reliques qu'à Constantinople, alors que Jérusalem ne fournit aucune documentation en ce sens. Là aussi, par conséquent, on a affaire à une tradition qui se développe, à une forme de piété qui cherche à tout prix à trouver des points physiques d'attache au spirituel.
En une vingtaine de pages (p. 653-674), Mimouni trace ensuite un bilan provisoire de ses recherches, tout en soulignant une fois de plus le caractère forcément hypothétique d'une bonne part de ses conclusions. C'est de bonne méthode, mais on aurait tort d'en profiter pour indiquer que cela relativise sa recherche, au contraire !
Cette étude historique, très bien menée, fournira des éléments de réflexion très utile à quiconque s'intéresse à la préhistoire du dogme de l'Assomption de la Vierge Marie. Par ailleurs, la recherche et la distribution raisonnée de la documentation littéraire sur les traditions anciennes présentent déjà d'excellentes considérations sur la formation des croyances sur « le sort final de Marie » sur cette terre. Enfin, quiconque s'intéresse à la visite des lieux de pèlerinage de Terre Sainte ou d'Asie Mineure se doit, pour le moins, de considérer les pages qui traitent expressément de ces lieux et de leurs traditions.
On tirera grand profit de la riche bibliographie publiée aux p. 675-716 de cet ouvrage. On pourra toutefois regretter l'absence des tables qui auraient facilité la consultation d'un si riche ouvrage. Il reste à féliciter la maison d'édition d'avoir accepté la publication d'un tel ouvrage, qui, malgré son caractère quelque peu technique, mérite de devenir un ouvrage de référence.
On corrigera facilement quelques détails, comme: p. 101 (Goshen-Gottstein), p. 121 (1948, pour un ouvrage de Balic) ; lire Jounel (p. 376 et 705) ; lire Breviarius (p. 563-566) ; en grec : palaitô Kalhismati (p. 521) et tanysthê (p. 539). Le début de la note 36 de la p. 671 est incompréhensible. On pourrait, ici et là, éliminer quelque gaucherie de style, comme par exemple : 1) p. 129 : « qu'on trouve en les nombreux manuscrits » ; 2) p. 184 : « prêcher ses compatriotes » ; 3) à part l'exemple de la p. 371 (« il s'est avéré nécessaire »), le verbe « s'avérer » est souvent employé ici de manière absolue, usage peut-être classique, mais non courant (voir p.92, 104, 112, 179, 180, 261, 335, 424, 448) ; 4) au lieu d'un « que non pas » assez lourd en français, on aura avantage à lire : « plutôt que », par exemple aux pages suivantes : 87-88, 125, 137, 204, 324, 330, 335, 420, 424, 454, 539, 640, 670. Ce ne sont là que des imprécisions de détail.
Il faut répéter qu'on trouve ici un ouvrage important, riche de contenu, à l' argumentation bien menée somme toute bien convaincant. On s'attend à ce que S. Cl. Mimouni continue son travail d'édition critique des textes anciens concernant la dormition et l'assomption de la Vierge Marie.


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