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TH n°098 DORMITION ET ASSOMPTION DE MARIE. HISTOIRE ET TRADITIONS ANCIENNES

TH n°098 DORMITION ET ASSOMPTION DE MARIE. HISTOIRE ET TRADITIONS ANCIENNES

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Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016

par J. VERHEYDEN

REVUE : EPHEMERIDES THEOLOGICAE LOVANIENSES, décembre 1997

Les traditions sur le sort final de Marie ont connu une grande diffusion dans la littérature et le monde ancien et médiéval. Dans sa monographie, le fruit d'une thèse de doctorat défendue à l'EPHE en 1991 (dir. É. Cothenet), S.C. Mimouni s'est proposé d'étudier tout le dossier.
Dans son introduction (p. 1-36), l'A. présente la terminologie (dormition, combinaison de dormition et d'assomption, assomption avec ou sans résurrection), la documentation, et sa méthode : il veut étudier ces traditions anciennes pour elles-mêmes et « tenter de retrouver les textes et les lieux où une tradition donnée et précise s'est fixée » (34). Mimouni fait une distinction entre les « traditions littéraires » (première partie : p. 37-352) et les « traditions topologiques » (deuxième partie : p. 353-652). Les traditions littéraires, c'est l'ensemble des récits de l'histoire de la dormition et de l'assomption de la Vierge. II s'agit de pas moins de 62 textes préservés en syriaque (S: 7), grec (G: 15), copte (C: 8), arabe (AB: JO), éthiopien (E: 6), latin (L: 7), géorgien (1: 4), et arménien (AM: 5). Tous sont antérieurs au 8e s. Sous le nom de traditions topologiques l'A. a rassemblé les données relatives à la commémoration de la dormition et de l'assomption de la Vierge, celles concernant la maison et le tombeau de Marie à Jérusalem ou à Éphèse, ainsi que les traditions constantinopolitaines du culte des reliques mariales. Ces informations sont tirées de sources littéraires (journaux de voyage de pèlerins, homélies), liturgiques et archéologiques.
Parmi les traditions littéraires on trouve des écrits apocryphes, des homélies, un discours (G 3), et même une lettre (AM 5). Certains de ces textes ne sont que des résumés ; d'autres sont des traductions. L'A. propose une classification de ce corpus qu'il considère comme une hypothèse de travail « que l'on peut qualifier de nouvelle, même si elle repose, bien entendu, sur les précieux apports des auteurs s'étant intéressés à ce dossier » (43). Ces auteurs sont J. Rivière, É. Cothenet, et M. van Esbroeck (Mimouni se montre plus critique du travail d'E. Testa). Les typologies qu'ont élaborées ces prédécesseurs ont quatre points en commun ; ils sont tous repris par Mimouni. Comme eux, il distingue trois groupes ; les textes coptes constituent un groupe intermédiaire ; les représentants du Pseudo-Jean (G 1) et du Pseudo-Jacques (S 3) font partie d'un même groupe ; et de même les latins sont à mettre ensemble. La nouveauté de la classification de M. qu'il avait d'ailleurs déjà présenté dans un article dans les Studia Patristica (vol. 19, 1989, 372-383), consiste à combiner des indices « topologiques » (la localisation de la maison de Marie) avec des critères doctrinaux (le critère majeur). M. distingue entre trois groupes : un ancien (A), un intermédiaire (B), et un récent (C). Ces groupes se caractérisent de la façon suivante : A. la maison est localisée à Bethléem - les textes témoignent d'une croyance en la dormition mais pas encore en l'assomption ; B. Jérusalem - croyance en la dormition seulement ou en la dormition et l'assomption ; C. Jérusalem - croyance en l'assomption avec ou sans résurrection. Chaque groupe est divisé en deux : A. les textes qui dépendent du texte de base dit du Pseudo-Jacques (S 3) et ceux qui dépendent du Pseudo-Jean (G 1) ; B. les textes du stade « dormitioniste » (C 0) et ceux du stade « dormitioniste/assomptioniste » (C 1/1-2) ; C. la tradition orientale (G 2) et occidentale (L 2), Cette répartition est schématisée à la fin de l'introduction à la première partie (72-73). Dans la suite sont présentés et discutés pour chaque texte les indices qui ont amené l'A. à sa classification. L'analyse ne suit pas la division en trois groupes ; les textes sont regroupés selon les traditions linguistiques (syriaque, grec, etc.). À la fin de la première partie, l'A. reprend en trois tableaux les résultats de son analyse (345-352).
Selon Mimouni, le groupe ancien remonte à la seconde moitié du 5e s. L'intermédiaire est attesté depuis la première moitié du 6e s. Le groupe « récent » est à dater de la seconde moitié du 6e s. (p. 59, 64, 67). Cette datation reste toujours discutable. Les trois groupes se sont donc succédés, mais ils ont aussi existé l'un à côté de l'autre : on a continué à copier et à traduire la version « ancienne » même après que la version « récente » s'était imposée. Du point de vue doctrinal on constate dans cette typologie un développement vers une conception plus profonde du sort final de la Vierge (de la dormition à la résurrection). Pour M., cela représente l'hypothèse la plus probable : « L'évolution d'une doctrine se fait sur la base du moins complexe au plus complexe, et non pas l'inverse » (19). II tient pour « difficilement concevable » une explication qui considère la dormition comme une déviation de la doctrine orthodoxe de l'assomption (ainsi M. Jugie). Mais un tel développement n'est pas impensable. C'est même l'explication que propose M. pour les différentes versions de la finale du discours sur la dormition de la Vierge de Jean de Thessalonique (G 3). Ce discours est préservé dans deux rédactions (une « primitive » et une « interpolée »). Les finales du discours (indifféremment des rédactions) sont très variées : certains manuscrits ne disent rien du sort de Marie après son ensevelissement; d'autres mentionnent la translation du corps au paradis ; d'autres encore parlent explicitement de l'assomption et de la résurrection de la Vierge. Ces divergences représentent divers courants de la mariologie byzantine. Dans son prologue l'auteur dit avoir écrit son discours pour contrer des opinions qui ne sont pas conformes à la doctrine reconnue. Selon M. cela veut dire que Jean écrivait pour défendre l'assomption. L'omission d'une référence à l'assomption dans certains manuscrits serait alors le résultat d'une « correction » ou d'une déviation de la position « orthodoxe ». Une telle réaction est d'ailleurs attestée pour le 9e s. dans les écrits de Jean le Géomètre (146-147).
La présentation de chaque écrit du dossier des « traditions littéraires » est bien documentée et en général les arguments de l'A. sont probants. Dans certains cas il reste difficile d'atteindre une décision définitive. II y a des écrits où le critère topologique manque et la classification se fait sur le seul argument doctrinal (S 1, C 0, C 1/1-2, C 6, etc.). Pour d'autres il n'existe pas encore d'édition (C 3). Parfois aussi le texte est lacuneux. Ainsi S 1 parle d'une réunion de l'âme et du corps après l'entrée de Marie au Paradis. Dans G 2 et E 5 cette réunion signifie la résurrection de la Vierge et pour cette raison S 1 a été comparé à ces deux textes (M. Jugie, A. Wenger, V. Arras), É. Cothenet a réagi contre ce rapprochement. Il souligne surtout l'uniformité de la tradition syriaque : aucun représentant ne parle de l'assomption, SI est à comparer tout d'abord avec des textes comme S 3 et S 3bis où il est également fait mention d'une telle réunion du corps et de l'âme, mais ce n'est qu'un phénomène temporaire pour que Marie soit capable de visiter les « séjours d'outre-tombe ». Après cette visite son corps est de nouveau enseveli sous l'arbre de vie. S 1 ne parle pas de ce deuxième ensevelissement puisque le texte est fragmentaire, M. préfère suivre l'hypothèse de Cothenet mais il n'accorde pas autant de valeur à l'argument de l'uniformité des témoins syriaques. Si le fragment S 1 parlerait d'une assomption, ce serait l'un des témoins les plus anciens de la croyance en l'assomption, mais « le fait de déclasser S 1 du groupe ancien au groupe récent ne changerait pas globalement l'approche de la question. II enlèverait seulement le caractère d'uniformité à la tradition syriaque qui, elle aussi, comme toutes les autres traditions, contiendrait alors des témoins 'dormitionistes' et 'assomptionistes' » (83, n. 37 ; voir aussi la n. 47),
Parfois la présentation pourrait être plus claire. Ainsi l'A, nous informe que le fragment S 2bis aurait « de nombreuses affinités littéraires » avec G 1 et AB 1 (89), mais un peu plus loin on lit que c'est S 2 qui a des rapports avec G 1 et que S 2bis se rapproche plutôt de AB 1 (91), Dans d'autres cas on a l'impression que l'A. semble avoir oublié ce qu'il avait écrit auparavant. Le problème de la relation entre S 3 et G 1 (les deux textes de base du groupe ancien) est traité à deux reprises (p. 95 et 122). L'A. ne fait pas de rapprochement entre l'hypothèse de van Esbroeck (G 1 est un extrait de S 3) qui « mérite attention » (95, n. 72) et celle de Cothenet (G 1 est une version tirée d'un original syriaque), dont « il semble difficile d'être aussi affirmatif » (122). Parfois, enfin, la présentation est à la fois répétitive et contradictoire, C'est le cas pour la section sur les différentes finales de G 3 (144-145; comparer les notes 97 et 104, 101 et 103, 99 et 102).
Ces quelques remarques ne diminuent nullement la valeur de la contribution de Mimouni à l'étude de ce dossier. II a labouré un vaste champ de traditions et de textes qui sont souvent difficiles à analyser et qui sont sans doute encore trop mal connus. Mais l'A. nous promet de continuer ses travaux qui, espérons-le, aboutiront dans une édition critique de tout le corpus. En matière de bibliographie, noter encore l'article récent de Mimouni sur les versions latines (Transitus Mariae) dans D. Iogna-Prat (éd.), Marie. Le culte de la Vierge dans la société médiévale (1996) et la collection d'études de van Esbroeck : Aux origines de la Dormition de la Vierge. Études historiques sur les traditions orientales (Variorum Collected Studies Series, 472), Aldershot, 1995.


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