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TH n°105 LES APOLOGISTES CHRÉTIENS ET LA CULTURE GRECQUE

TH n°105 LES APOLOGISTES CHRÉTIENS ET LA CULTURE GRECQUE

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Date d'ajout : dimanche 03 janvier 2016

par S. SESBO��

REVUE : RECHERCHES DE SCIENCES RELIGIEUSES, 2, 2000

L'ouvrage collectif publié par B. POUDERON et J. DORÉ, Les Apologistes chrétiens et la culture grecque, est un signe du regain d'intérêt de la recherche actuelle pour la littérature apologétique. Bien que son contenu dépasse les auteurs des IIe et IIIe siècles, nous le plaçons en tête de ce bulletin, ainsi que le suivant dû également à B. Pouderon, les deux livres donnant la primeur aux tout premiers Apologistes. Place légitime, car le rapport du christianisme à la culture grecque devient une préoccupation dominante chez les chercheurs d'aujourd'hui.
Le volume est le fruit d'un colloque tenu à l'Institut catholique de Paris et co-organisé par le département de grec de l'Université de Tours en 1996. Ses monographies traitent soit d'un auteur particulier, soit du rapport complexe entretenu par les Apologistes chrétiens avec la culture hellénique. Nous nous contenterons d'évoquer quelques-unes de ces prestations, selon une sélection inévitablement subjective.
Monique Alexandre montre, témoignages à l'appui, que l'apologétique chrétienne a repris un certain nombre de thèmes de l'apologétique juive à l'égard du paganisme (en particulier Philon et Flavius Josèphe). Les deux groupes avaient, en effet, à faire face aux mêmes types d'accusations: athéisme, violations de l'éthique, haine du genre humain. L'un et l'autre faisaient appel à la même antériorité des prophètes hébreux sur les philosophes grecs. Cette parenté, voire ces emprunts, comme ceux que d'autres contributions mettront en valeur avec l'apologétique philosophique païenne, situe l'apologétique chrétienne dans le cadre d'un genre littéraire commun à tout un monde de culture. - M. Fédou analyse cinq passages de Justin, le premier parmi les Pères à proposer une interprétation de la figure de Socrate. Celle-ci est particulièrement bienveillante, puisque Justin ose à son sujet le qualificatif de christianos. Les jugements de ses successeurs seront plus réticents, même si Socrate jouit d'une sympathie assez générale chez les auteurs chrétiens. - L'intéressante étude d'A. Wartelle sur trente termes du vocabulaire techniquement philosophique de Justin montre que celui-ci entend faire une œuvre de philosophe en même temps que de théologien. La conclusion tirée est malheureusement un peu vague. - E. Norelli montre que Tatien dans sa critique du pluralisme grec ne vise pas les grecs proprement dits, mais ceux qui sont « cultivés » (oi pepaideumenoi), ou du moins « les gens élevés dans la civilisation grecque ». Les chrétiens sont jugés barbares, parce qu'ils ne sont pas cultivés. L'apologiste entend aussi désintégrer la communauté culturelle à laquelle il s'adresse en soulignant le manque d'unité de sa paideia. Le multiple est en effet condamnable, car il est incohérence et folie. La sagesse grecque est éclatée avec sa double brisure, horizontale selon ses différences, et verticale entre la parole et l'action:
Isocrate est une cible sur ce dernier point. Tatien proteste que le christianisme est aussi une paideia. Le discours aux grecs est ainsi l'expression d'un conflit entre civilisations. Cette monographie réhabilite d'une certaine façon l'œuvre de Tatien, jugée souvent avec mépris en raison de ses excès et de la médiocrité de certains de ses arguments, et montre une œuvre beaucoup plus réfléchie qu'il n'y paraît. - M. Giunchi analyse, à partir des deux concepts de dunamis et de taxis, la théologie trinitaire d'Athénagore, particulièrement élaborée pour son époque et qui anticipe sur les débats à venir. - N. Zeegers montre que la culture profane de Théophile d'Antioche reste très limitée, alors que sa culture juive est omniprésente et que ses interprétations des textes bibliques rejoignent souvent celles des rabbins. Que faut-il en conclure du milieu originaire de Théophile qui se présente comme un converti ? L'auteur opine dans le sens d'un juif d'origine ou d'un prosélyte.
B. Pouderon présente les écoles chrétiennes de Rome (Justin et Tatien), d'Athènes (Quadratus, Aristide, Athénagore) et d'Alexandrie (Pantène, Clément, Origène) comme des institutions d'enseignement chrétien supérieur comparables à ce que connaissait le monde hellénistique et qui constituaient de premières formes d'universités chrétiennes, la relation de maître à élève y jouant un rôle important. Le contenu de l'enseignement y était très large : il comportait évidemment l'interprétation des Écritures et les doctrines de la foi chrétienne, mais également la philosophie et les savoirs profanes. Leur activité était stimulée par les nécessités de la lutte contre la gnose. Mais l'auteur parle des relations de ces écoles avec la hiérarchie épiscopale en des termes quelque peu anachroniques. À part les incidents entre Démétrius et Origène, nous sommes très peu renseignés sur ce point. - J.C. Fredouille situe la place exacte de Tertullien dans l'histoire de l'apologétique, Son Apologeticum « est resté l'œuvre emblématique de la première apologétique », c'est-à-dire de celle qui devait d'abord et avant tout défendre des chrétiens accusés et menacés et se trouvait suivie ou précédée d'un exposé sommaire de la foi. Dans un grand triptyque, Tertullien s'adresse successivement aux païens en général (Ad Nationes), aux représentants officiels de la société (Apologeticum) et à un magistrat romain (Ad Scapulam). Aux IVe et Ve siècle la seconde apologétique, constantinienne et post-constantinienne, se changera en categoria, c'est-à-dire en accusation proprement dite. Il ne s'agira plus d'une défense, d'une requête ou d'une supplique, mais d'un contre-discours offensif contre les païens. Les contributions suivantes s'attachent de fait à cette deuxième apologétique. - I. Bochet souligne les analogies profondes entre les Institutions divines de Lactance et le De vera religione d'Augustin, trop souvent éclipsé par la Cité de Dieu. Les deux ouvrages traitent du même sujet, avec le même dessein et se réfèrent à des catégories voisines en fonction du même principe : philosophie et religion ne doivent pas être séparées. Mais ils comportent aussi des divergences réelles, Augustin faisant davantage confiance à la raison humaine et à la philosophie grecque. Il est permis de penser à une influence réelle de Lactance sur Augustin. - P. Evieux met de manière suggestive en vis-à-vis l'apologie païenne de Julien Contre les Galiléens et la réponse ultérieure de Cyrille d'Alexandrie dans son Contre Julien. J.-N. Guinot souligne le souci commun à Eusèbe et à Théodoret de maintenir un lien fort entre foi et raison dans leurs écrits apologétiques. Leur souci majeur et commun est de montrer que la foi chrétienne n'est pas irrationnelle, Théodoret déplaçant le problème de foi et raison vers celui d'incroyance et de foi. - G. Dorival dresse enfin un bilan rapide du rapport ambigu de l'apologétique à la culture grecque. La première attaque la seconde, tout en se laissant profondément imprégner par elle. Aussi passe-t-elle de la condamnation à l'hésitation et parfois même à la bienveillance. Elle emprunte même beaucoup de ses arguments aux sources philosophiques païennes. L'auteur souligne également l'apport considérable des auteurs apologétiques chrétiens à notre connaissance de l'hellénisme et de ses textes. Par la richesse de ses monographies cet excellent ouvrage constitue une petite somme de réflexion sur les deux grands moments de l'apologétique chrétienne ancienne dans son monde de culture.


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