REVUE : NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE, 123, octobre 2001

J.. Doré souligne que la rencontre de la foi chrétienne avec la rationalité grecque et sa méthode philosophique fut une grande aventure. Pouvait-on concilier ces deux conceptions du monde ? C'est à cette question que tentèrent de répondre les premiers apologistes ou défenseurs de la foi chrétienne. Leurs relations réussies ou conflictuelles avec l'hellénisme restent pleines d'enseignements dans l'affrontement actuel du christianisme avec la culture contemporaine scientifique et critique, culture du soupçon, de l'émancipation individuelle, de la sécularisation et de la mondialisation.
Cet ouvrage rapporte les actes d'un colloque tenu à Paris avec vingt-trois spécialistes des premiers siècles chrétiens, qui se sont limités aux aspects culturels de la question en négligeant, quelque peu les problèmes théologiques. Voici quelques thèmes des exposés : les premières apologies chrétiennes ; dialogue entre le christianisme et la culture grecque (A.-G. Hamman) ; la figure de Socrate selon Justin (M. Fédou) ; la critique du pluralisme grec par Tatien ; les apologistes grecs et la création du monde ; la formation d'une élite chrétienne au IIe s. ; Tertullien et l'apologétique ; Jérôme, la culture grecque et les femmes ; l'apologétique chrétienne et la culture grecque (G. Dorival).
En tirant quelques conclusions de ces exposés, J. Doré note des points valables pour notre époque : il y a, de fait, un apparentement étroit entre foi chrétienne et rationalité et cela nous aide à justifier notre foi et notre espérance face aux incroyants ; mais cet apparentement s'est réalisé selon des modalités très diverses et il reste que la raison ne peut expliquer adéquatement le mystère chrétien qui est cependant la clé de la compréhension du destin individuel et du sens de l'histoire. Il faut tenter de rejoindre les incroyants dans leur expérience et leur témoignage de vie en leur offrant notre propre exemple et notre témoignage. Cet effort d'adaptation aura une utilité pour nous-mêmes face à la sécularisation et au besoin d'une éthique et d'une sagesse acceptables pour tous.