A l'occasion du lXe centenaire de l'abbaye de Cîteaux, les éditions Beauchesne ont réimprimé en un volume quarante-neuf des articles que le Dictionnaire de spiritualité a consacrés à l'Ordre cistercien, de 1937 (tome 1) à 1990 (tome XIV; la série, on le sait, se termine en 1994 avec le t. XVI). L'ordre alphabétique a été maintenu. La seule mise à jour concerne la pagination, qui, refaite, assure à la publication sa continuité. (Les références aux colonnes initiales sont indiquées dans la Table des matières.) Quarante-quatre des articles retenus se rapportent à des personnes, le plus souvent des auteurs, parfois de hautes figures. Quatre articles traitent de thèmes généraux [« Contemplation au XVe siècle », « Feuillants (Congrégation des) », « Frères cisterciens » et « Pays-Bas (La réforme cistercienne) »]. L'article « Robert de Molesmes (saint) » constitue un cas d'espèce. Ses cent seize pages occupent près du cinquième du volume. Les deux premières abordent la biobibliographie du fondateur ; les autres traitent de la spiritualité cistercienne, des origines à nos jours, formant ainsi un abrégé continu de l'ensemble discret auquel elles appartiennent.
La formule retenue ne va pas sans inconvénient. Elle accorde aux auteurs dont le nom a pour initiale une des dernières lettres de l'alphabet le bénéfice du demi-siècle de recherches qui les sépare de ceux dont l'initiale est nettement antérieure, sauf rencontre fortuite. L'article « Baudouin de Ford » (t. 1) indique que l'œuvre de cet auteur mériterait mieux que l'édition de la Patrologie de Migne. C'est l'article déjà mis en avant « Robert de Molesnes (saint ») (t. XIII) qui mentionne, p. 461, Le Sacrement de l'autel de cet auteur paru entre temps aux Sources chrétiennes (1963, nos 93-94) et les Traités 1 à 16 parus au Pain de Cîteaux (1973-1975, nos 35-40) ; il annonce aussi, sans plus de précision, « la publication de textes jusqu'ici inédits ». Un système d'actualisation aurait assuré une documentation à jour à la date de parution. Que dire, d'autre part, de ces renvois à des articles du Dictionnaire qui n'ont pas été repris ? Quant à l'absence de traduction des citations latines, elle ne favorise pas la diffusion du volume auprès du grand public, en principe visé par ce genre de publication.
La spiritualité cistercienne est un fait massif - encore que le sens aujourd'hui usuel du substantif (la dimension intérieure de la vie religieuse, selon la formule d'André Vauchez) ne date que du XIXe siècle. Si une introduction avait rappelé les multiples apports de la recherche de ces dernières décennies au rêve cistercien (selon une autre formule, de Léon Pressouyre cette fois), le projet de Robert de Molesmes et ses transformations séculaires n'en auraient pris que plus de relief ; ils auraient aussi reçu plus de lumière.