REVUE : ESPRIT ET VIE avril 1999

Selon saint Jean qui use d'une syntaxe fort pauvre, mais montre une grande maîtrise grammaticale quant aux conjonctions, les relations entre le Fils et le Père sont définies par un certain nombre de prépositions : Jésus est celui qui vient de Dieu (ex, para, apo), il est celui qui va vers Dieu (eis), il est celui qui est avec le Père (meta). Jésus vient d'auprès du Père, mais ne se confond pas avec lui, il vient vers l'homme de la part de Dieu. Il est tourné vers le Père, il n'est jamais séparé du Père. Ainsi le P. Miquel terminait-il son petit livre sur le Père.
L'enchaînement est préparé pour la seconde étape, l'étude concernant le Fils, qui se présente sous une forme analogue au premier petit ouvrage. Une première étape relève dans l'Écriture Sainte tous les titres ou toutes les appellations données au Fils : les titres qu'on lui a donnés pendant sa vie terrestre, les titres qu'il a acceptés et ceux qu'il a refusés, les titres empruntés à l'Ancien Testament ou inspirés par lui, les titres empruntés à la civilisation hellénistique etc. Toute cette partie est riche et propre à alimenter la méditation ; elle invite le lecteur à approfondir par lui-même dans sa lectio divina sa connaissance du Fils par et dans la Bible.
Une seconde étape fait état des interprétations hérétiques, ce qui permet à l'auteur de donner une bonne présentation de ce qu'est l'hérésie. Étymologiquement, l'hérésie est un choix opéré dans le dépôt révélé : l'hérétique retient ce qui est conforme à ses idées ou à son expérience, et laisse de côté le reste ; d'où ce caractère de l' hérésie d'être répétitive, elle connaît des avatars successifs, mais le contenu est fondamentalement identique; toute hérésie a des implications dans l'ensemble du domaine de la foi, trinitaires, christologiques, ecclésiologiques, sacramentaires, dogmatiques, morales… Il y a une dialectique de l'hérésie : une affirmation hétérodoxe engendre son contraire par réaction, « comme si la raison titubait entre des excès ». L'A. écrit avec beaucoup d'exactitude que « dès que l'on refuse de croire au paradoxe de la Révélation, on réduit le mystère à n'être qu'une série de problèmes que la raison s'évertue à rendre raisonnable » (p. 36). Cette définition de l'hérésie introduit une brève présentation du docétisme, du modalisme, de l'adoptianisme, de l'arianisme, de l'apollinarisme, du nestorianisme, du monophysisme, et des grandes définitions conciliaires. Les deux dernières étapes sont : Dix questions auxquelles seule la foi peut répondre, et le Christ révélateur de Dieu et révélateur de l'homme.
Les quelques citations de Hans Küng provoquent chaque fois chez le lecteur non averti un mouvement de protestation ; il attend une mise au point qui ne vient pas ; on se demande si l'auteur avalise ou non ce qu'il vient de reproduire sur le papier, et ou si les lignes citées n'ont pour but que de stimuler le lecteur à réagir par lui-même. Pour ne donner qu'un exemple entre plusieurs, Hans Küng déclare : « Si l'on ne peut considérer la naissance virginale comme un événement biologique et historique, on peut cependant y voir un symbole, jadis du moins chargé de sens » (p. 55). Il aurait été bon de faire savoir sur ce point quelle est la position du Catéchisme de L'Église catholique, à titre de référence doctrinale pour aujourd'hui, comme pour hier.