REVUE : ANALECTA BOLLANDIANA, 117, 1999

Étrange sans doute de présenter un ouvrage consacré à Louis Veuillot dans une revue vouée essentiellement à l'hagiographie. Ce l’est peut-être moins si on considère le héros du livre, sujet « hagiographique » presque par excellence : de son temps, comme du nôtre, Veuillot ne laissa et ne laisse pas indifférent, et il y a fort à parier qu'il en sera ainsi longtemps encore. N'est-ce pas le lot de beaucoup de saints (au nombre desquels il y a peu de chance que V. soit un jour compté), qui jamais ne laissent indifférent, surtout quand il s'agit, non de juger de la qualité de leur vie, mais bien d'apprécier le culte à eux rendu ? Indépendamment du fait qu'il y a toujours un intérêt primordial à connaître les « grands hommes » qui ont façonné notre passé, on ne pourra qu'apprécier cet ouvrage de P. P. (qui ne fait pas mystère de ses options personnelles. fort étrangères à celles de V.) : il s'est pris de sympathie profonde pour ce journaliste « réactionnaire » (le terme étant à entendre aussi et avant tout dans son sens premier, de celui qui se fait l'écho de son temps) au point de nous en donner non une biographie mais bien un portrait, de faire saillir les arêtes de la personnalité de V. De ce portrait, avec son acribie coutumière, É. P. se fait à son tour l'écho, parcourant les témoignages exprimés lors du décès de V. et replaçant l'homme dans le long déploiement de la modernité à laquelle l'Église catholique n'a jamais pu échapper. Oui, un beau livre, que tous auront plaisir à suivre, jusqu'au bout.