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06. L'ÉGLISE CATHOLIQUE EN CHINE AU XXe SIÈCLE

06. L\'ÉGLISE CATHOLIQUE EN CHINE AU XXe SIÈCLE

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Date d'ajout : lundi 07 décembre 2015

par Claude PRUDHOMME

Les synthèses récentes et en français consacrées à l'histoire du christianisme en Asie font cruellement défaut. L'ouvrage de Cl. S. vient donc combler une partie de ce déficit en matière de recherche universitaire grâce à cette étude de l'Église catholique en Chine au 20e s. Si le travail s'interrompt en 1990 et n'a pas pu prendre en compte les développements les plus récents, d'ailleurs encore trop incertains pour permettre leur interprétation par l'historien, il trace un tableau très structuré des grandes phases de l'histoire contemporaine. Il n'hésite pas à remonter dans le temps pour comprendre les blocages contemporains nés d'une double querelle. La première tourne autour de l'autorité sur les missions et oppose Rome aux autorités portugaises (système du padroado), puis aux Français (revendication par la France d'un protectorat sur les missions d'Orient). Elle condamne les chrétiens chinois, soupçonnés ou accusés d'être les agents de l'étranger, à une situation tout à fait inconfortable. La seconde controverse, bien connue sous le nom de querelle des rites, pose de redoutables questions à la mission et préfigure par plusieurs aspects les débats contemporains sur l'inculturation du christianisme. Si l'approche dominante impose longtemps une lecture négative de la civilisation chinoise, l'A, relève aussi la persistance d'un courant qui propose une autre vision, tels les écrits du lazariste J. Gabet au milieu du 19e siècle.
Faute d'avoir apporté des solutions satisfaisantes (mais était-ce possible dans une conjoncture chinoise insaisissable et avec les outils théologiques du temps ?), le catholicisme semble condamné à former une toute petite minorité au sein d'un immense empire. Les progrès réalisés dans l'organisation missionnaire pour « planter l'Église » selon le modèle de la chrétienté, sous la direction de la papauté, la multiplication des congrégations installées en Chine, les ouvertures diplomatiques du Saint-Siège sont impuissants à lever les ambiguïtés d'une situation qui ne change guère jusque dans les années 1920.
C'est à cette date que plusieurs facteurs convergent pour mettre en mouvement les missions catholiques, Les critiques venues de quelques missionnaires (en particulier Vincent Lebbe et Antoine Cotta), sensibles aux mutations de la Chine à partir de la révolution de 1911-1912, trouvent un écho favorable à Rome. Le nouveau préfet de la propagande van Rossum ordonne une visite apostolique effectuée par Mgr de Guébriant, vicaire apostolique de Canton et membre des Missions Étrangères de Paris (septembre 1919 - mars 1920). Dans le même temps, Benoît XIV publie l'encyclique Maximum illud (30 novembre 1919) qui constitue la nouvelle charte missionnaire et fonde la politique développée sous Pie XI entre les deux guerres, L'établissement en 1922 d'une délégation apostolique par la Propagande, à défaut d'une représentation diplomatique, confiée à Celso Costantini, un ecclésiastique italien remarquable et recruté en dehors du personnel missionnaire, puis le concile chinois de Shangai en 1924 impulsent un cours nouveau que symbolise la consécration solennelle à Rome des six premiers évêques chinois en 1926.
Cette prise de conscience progressive des confusions et des impasses met en évidence le rôle décisif de l'autorité romaine, attachée depuis l'époque moderne à l'indépendance du catholicisme et à la promotion du clergé chinois, mais longtemps prudente au point de paraître indécise et pusillanime, avant de s'engager dans la promotion d'une Église chinoise. « Le lent cheminement de la réforme missionnaire (1920- 1937) » décrit par Cl. S. n'est pas pour autant une marche triomphale car les résistances et les ambiguïtés subsistent. Plus grave, la fin de l'interdiction des rites chinois en 1939 intervient trop tard, au moment où les défis sont en train de changer de nature avec la montée du mouvement communiste et les agressions japonaises. De la même manière, l'établissement des relations diplomatiques, poursuivi par Rome depuis la fin du 19e s. aboutit enfin avec l'ouverture d'une internonciature en 1946, mais le régime nationaliste est renversé trois ans plus tard.
Ce lourd héritage et cette succession de rendez-vous manqués, qui traduisent aussi la difficulté d'établir une communication durable et réciproque avec la Chine depuis le 17e s. (cf, la fameuse thèse de Jacques Gernet sur l'incommunicabilité culturelle), rendent moins étonnants les déchirements internes que vit l'Église chinoise après l'arrivée des communistes au pouvoir en 1949. Désormais menacé dans sa survie par une complète redistribution des cartes, le catholicisme entre dans une zone de tempêtes et une période de répression qui le condamne à un choix impossible entre la résistance, au prix de la clandestinité, ou l'accommodement afin de maintenir un minimum d'existence publique, au prix de la rupture avec Rome.
Cl. S. définit lui-même son ouvrage comme « une introduction » à une histoire qui reste encore largement à écrire. Tel quel, il constitue une lecture indispensable et éclaire la situation toujours inconfortable, parfois dramatique, d'un catholicisme appelé aujourd'hui à de nouveaux défis, d'abord celui d'une réconciliation entre fidèles de l'Église clandestine et de l'Église «  officielle », dite patriotique, ensuite celui d'une adaptation à une donne politique, économique et sociale, dont on voit, sans en saisir le sens, l'évolution spectaculaire et contradictoire. Aux lecteurs francophones désireux de poursuivre la réflexion engagée par l'A. et de suivre une actualité si décisive pour l'avenir du catholicisme, on se permettra de recommander le bulletin de l'Agence d'information des Missions Étrangères de Paris, Églises d'Asie.


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