Les catholiques n'ont jamais été très nombreux en Chine - moins de 0,2 % de la population au début du siècle -, mais les relations entre la chrétienté et le pays du Milieu ont toujours été originales et sensibles. Claude Soetens, professeur d'histoire de l'Église et responsable de la Revue d'histoire ecclésiastique à Louvain, décrit l'évolution institutionnelle et quantitative de l'Église catholique en Chine, sans négliger le contact des cultures, en s'intéressant plus particulièrement à l'émergence progressive d'une Église autochtone chinoise. Une copieuse introduction rappelle le contexte historique : les premiers missionnaires arrivés au XVIIe siècle, la querelle des rites, le recrutement dans les catégories rurales les plus pauvres, le poids de la France dans l'origine des missionnaires et dans leur protection, … Deux périodes sont ensuite principalement étudiées. De 1900 à 1920, alors que la Chine tout entière est en effervescence, les missions connaissent leur apogée. À la croissance de la chrétienté s'ajoute le développement des œuvres de bienfaisance, particulièrement visibles à Shanghai (écoles, universités, imprimeries, orphelinats, observatoires, …), alors que la question du clergé local commence à poindre. De 1920 à 1937 vient justement le temps de l'Église chinoise. Le "lent cheminement de la réforme missionnaire" est notamment l'œuvre du pape Pie XI : dans les années 1920, une délégation apostolique est établie sur place, un « concile chinois" se réunit à Shanghai (1924), six premiers évêques sont consacrés à Rome (1926) et l'interdiction des rites chinois est levée. La longue période qui sépare 1937 de 1990 est plus rapidement traitée, par la force des choses pourrait-on dire : les douze années d'occupation japonaise et de guerre civile ont causé de gros dommages aux missions et, après 1949, celles-ci doivent progressivement fermer. Les étrangers sont expulsés, une Église nationale tente de s'imposer, un certain silence règne. Aujourd'hui cependant, dans la Chine des réformes, la notion de croyant réapparaît. Cet ouvrage écrit par un expert, rigoureux et documenté, qui nous rappelle constamment que l'Église est dirigée de Rome, nous offre une bien utile synthèse sur un sujet qui, à l'échelle de la Chine, peut paraître mineur, mais qui revêt une forte signification. Les documents placés en annexe sont eux-mêmes riches d'informations : une carte des territoires ecclésiastiques en Chine au milieu du siècle, sur laquelle le lecteur découvre où opéraient franciscains, jésuites, et tous les autres, ainsi que les diocèses proprement chinois, et deux tableaux statistiques sur les œuvres missionnaires et l'enseignement qui qui dispensé. Un rappel est bienvenu à l'heure de l'ouverture et de la montée en puissance de la Chine.