Editions BEAUCHESNE

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L'ÉGLISE ET LES RELIGIONS NON CHRÉTIENNES AU SEUIL DU XXIe SIÈCLE. ÉTUDE HISTORIQUE ET THÉOLOGIQUE

L\'ÉGLISE ET LES RELIGIONS NON CHRÉTIENNES AU SEUIL DU XXIe SIÈCLE. ÉTUDE HISTORIQUE ET THÉOLOGIQUE

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Date d'ajout : mardi 22 décembre 2015

par Marc DUMAS

REVUE : LAVAL THÉOLOGIQUE ET PHILOSOPHIQUE, juin 1997

Le Père van Straelen, Serviteur du Verbe divin et missionnaire au Japon pendant presque quarante ans, a l'ambitieux projet de faire le point sur les contacts de plus en plus nombreux des religions non chrétiennes avec l'Église catholique. Dès les premières pages de l'introduction, l'auteur donne le ton. Une confrontation s'avère nécessaire parce que diverses opinions douteuses menacent la vérité de salut de la foi chrétienne. Il faut donc examiner les postulats de ces opinions, qui ne peuvent cependant répondre correctement à la question du contenu de vérité de ces religions. L'auteur désire 1) analyser la nature des principales religions, 2) dégager les attitudes de leurs adeptes envers le Christ et l'Église et 3) présenter les réactions des chrétiens devant ces religions (p. 3). Il réserve son appréciation théologique pour le chapitre de conclusion.
Mais avant d'aborder quelques grandes religions (son passé missionnaire l'amène surtout à privilégier les religions orientales et à omettre par exemple le judaïsme), l'auteur présente dans un premier chapitre les normes qui guideront son évaluation des autres religions. Il se concentre sur le christianisme primitif et patristique et sur son expansion dans le monde gréco-romain. Pour lui, les difficultés et les critiques de païens face au christianisme sont analogiquement repérables ailleurs à d'autres époques. La réaction des chrétiens des premiers siècles lui apparaît constituer un modèle à reprendre aujourd'hui avec les autres religions. Pour l'auteur, la stratégie chrétienne se résume à ceci : le christianisme a réussi à s'imposer et à supplanter les religions païennes sans réellement s'ouvrir, intégrer, voire assumer des éléments du monde gréco-romain. Une quelconque influence du milieu semble toujours avoir été néfaste pour la foi chrétienne. Il critique et rejette tout le débat sur l'hellénisation du christianisme et sur la christianisation de ce monde. Pour lui, « le christianisme ne peut être "dés-hellénisé" pour la simple raison qu'il n'a jamais été hellénistique » (p. 25). Cette analyse très simplifiée lui permettra d'une part de résister à ceux qui voudraient proposer l'inculturation de la foi et, d'autre part, d'opposer une fin de non-recevoir à ceux qui seraient en faveur d'un dialogue et d'un rapprochement du christianisme avec une religion non chrétienne. L'objectif du Père van Straelen est simple et cohérent : critiquer et corriger ceux qui s'égareraient dans les dédales d'un rapprochement avec une autre religion.
La première religion traitée par l'auteur est celle du prophète Mohammed. L'exposé est malheureusement tendancieux et ressemble plus souvent à un ramassis d'opinions personnelles qu'à une étude nuancée et objective. Il ne faut point être un grand connaisseur de cette religion pour distinguer entre les travers de certaines pratiques particulières et la nature de l'islam. Il ne faut point être très averti pour ne pas réduire cette religion aux manifestations fanatiques ou à l'intégrisme de certains groupes en son sein. Il est certain que la compréhension de l'auteur ne favorise pas le dialogue avec les croyants de cette religion.
Les chapitres centraux du volume sont consacrés aux religions orientales. La méthode se répète. L'auteur donne une vue d'ensemble de ce que des hindous (par exemple Gandhi) et des bouddhistes de divers horizons ont dit du christianisme et du Christ, avant de noter les dangers pour la foi chrétienne d'amorcer même prudemment un dialogue : « si le dialogue en vient à remplacer l'évangélisation directe, alors on se trouve devant un développement non évangélique, non catholique » (p. 91).
Les attitudes suspicieuses à l'égard de l'autre, renforçant ses travers, et les attitudes critiques contre ceux qui, du côté chrétien, s'intéressent et cherchent à rencontrer l'autre, reviennent régulièrement dans l'œuvre. De plus, plusieurs chapitres pèchent par leur caractère non systématique et souvent anecdotique. Peut-on aligner des sentences durant six pages (p. 98-103) sans y faire un seul commentaire ? Peut-on recourir aux récits d'expérience et aux témoignages pour conclure d'autorité à la véracité des affirmations et par conséquent au manque d'équilibre de l'intervenant qui affirme l'inverse (p. 120-121) ? Peut-on prétendre faire une étude historique sur le bouddhisme sans se référer à la grande histoire de cette religion élaborée par H. Dumoulin ? Peut-on proposer une étude théologique pour l'aube du XXIe siècle et renvoyer à une littérature des années cinquante et soixante ? La configuration et la place de la religion ont bien changé au Japon depuis quarante ans (voir par exemple les renvois des p. 147-152). Peut-on ridiculiser ceux qui vivent leur foi chrétienne tout en s'intéressant à la pratique du zen ou encore ceux qui cherchent à rencontrer la spiritualité de l'autre ? Peut-on manquer de respect, conseiller ou même menacer ceux qui reçoivent différemment et agissent autrement face au bouddhisme zen et à sa méthode de méditation (voir par exemple la façon dont l'auteur traite des koans, p. 172, ou juge Suzuki, p. 181, ou encore conseille à J. Dupuis d'aller faire une retraite, p.205 en note) ? Cette malheureuse rhétorique ne contribue point au dialogue ; elle sabote l'essentiel du projet de l'auteur. Le chapitre consacré aux religions africaines est un peu moins sévère, bien que l'auteur soit encore là allergique aux tentatives d'africanisation de la foi chrétienne.
Le Père van Straelen conclut son livre avec un chapitre sur « la théologie des religions non chrétiennes ». Il met en garde contre la tendance à voir des voies de salut ailleurs que dans la foi chrétienne. Le Catéchisme de l'Église catholique et plusieurs textes magistériels appuient sa lecture historique et théologique de l'adage : « Hors de l'Église, point de salut ». On ne s'étonne pas de voir l'auteur reléguer au second plan la déclaration Nostra aetate, si riche et si souvent exploitée lorsqu'il s'agit de rencontres des grandes religions du monde.
Cet ouvrage promettait d'aborder des thèmes cruciaux pour le XXIe siècle : inculturation, dialogue inter-religieux, rapport du Christ avec les autres voies du salut, etc. L'approfondissement attendu des défis de l'Église dans ses rapports avec les religions non chrétiennes est somme toute décevant. Les dossiers ouverts par l'auteur sont pourtant urgents et exigent une réflexion approfondie. Le Père van Straelen prévient ceux qui seraient tentés de glisser trop simplement vers un rapprochement facile entre le christianisme et les autres religions. Sa critique énergique ne réduira pas les efforts réels réalisés pour dialoguer avec les membres des autres religions. Elle rappelle par contre les difficultés et les exigences, les pièges et les défis de cette nouvelle réalité pour celui qui doit repenser complètement l'activité missionnaire en terre étrangère. Car n'est-ce pas cela qui, avant tout, préoccupe l'auteur : l'annonce de l'Évangile jusqu'aux extrémités de la terre ?


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