Editions BEAUCHESNE

33.00 €

BB n°34 LES ÉVÊQUES AU TEMPS DE VICHY. Loyalisme sans inféodation, les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944

BB n°34 LES ÉVÊQUES AU TEMPS DE VICHY. Loyalisme sans inféodation, les relations entre l\'Église et l\'État de 1940 à 1944

Ajouter au panier

Date d'ajout : dimanche 20 septembre 2015

par R�gis LADOUS

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE

« […] l'Église par la voix de ses chefs est allée bien au-delà du loyalisme habituel. En conséquence, elle a renoncé à sa mission de matris et magistrae en occultant le message évangélique que les nazis cherchaient à éradiquer par l'intermédiaire des hommes de Vichy » (p. 4). Ainsi l'A. résume-t-il la thèse qu'il entend réfuter, thèse qu'il attribue à la Résistance catholique ainsi qu'à l'historiographie universitaire de ces vingt dernières années. Pour ce faire, il tente de montrer : 1. que l'attitude de la hiérarchie catholique face à l'État a été sensiblement la même en 1940-1944 qu'en 1918-1940 ; 2. que cette permanence tient à des raisons doctrinales. Certes, la théologie politique est loin de former un ensemble stable et homogène. Mais elle a fourni à la majorité de l'épiscopat une doctrine de l'Autorité qui a joué aussi bien sous l'État français que sous la République. Ni plus, ni moins. « Depuis quelques années, l'historiographie française a soutenu la thèse selon laquelle l'épiscopat est allé bien au-delà du loyalisme traditionnel. […] cette radicalisation du jugement […] résulte partiellement de la mauvaise conscience qu'éprouve la nation pour cette période de l'histoire de France » (p. 19-20). L'A. nous invite à nous dégager du point de vue hérité de la « dissidence », du général de Gaulle et de ses « fidèles », pour redécouvrir un « pétainisme multiforme et contradictoire ». C'est à partir de là qu'il serait « possible d'ouvrir à nouveau le dossier du ralliement de la hiérarchie catholique à l'État français en prenant bien soin de distinguer les époques, les circonstances qui, seules, peuvent rendre compte du discours politique de l'épiscopat » (p. 20). On pourrait s'attendre à un texte de combat. Il n'en est rien. L'A. nous donne une étude sage et minutieuse. Il se réclame d'une tradition historiographique qui va de René Rémond, avec sa participation à l'Histoire du catholicisme en France (1962), jusqu'à Michèle Cointet-Labrousse (citée pour son ouvrage sur Vichy et le fascisme, Bruxelles, 1987). Et il s'en tient à l'analyse de discours politiques, ou théologico-politiques. « Les Semaines religieuses ont constitué la source majeure de cette étude » (p. 9). A s'en tenir là, il est difficile d'alimenter la polémique. Le chapitre premier « Le ralliement à l'État français. Juillet 1940-décembre 1941 » conclut que, dans ses mandements, « la hiérarchie a maintenu la théorie de l'Autorité qui avait déjà cours dans les années trente » (p. 79). Il est vrai que, sur le terrain, le fait de s'attacher « à renforcer, comme dans les années trente, l'obéissance au pouvoir établi » (p. 80) pose de sérieux et graves problèmes. Mais ce n'est pas là le propos de l'A. Le chapitre deux « Le loyalisme épiscopal : esprit et pratique [1940-1942) » pourrait être plus problématique. Mais si certains passages surprennent, ils le doivent moins à ce que nous apprenons sur l'attitude des évêques qu'aux formules choisies par l'A. Il semble hasardeux de conclure que l'épiscopat « visait à donner une armature idéologique vraie au nouveau régime » (p. 142), ou d'évoquer « la philosophie fondatrice du régime », quand ce ne sont pas « les principes de la communauté rédigée [?] par le chef de l'État lui-même » (p. 143). Le chapitre trois évoque avec justesse « la mésintelligence entre la hiérarchie et les catholiques résistants » (p. 145). Sur ce point, l'A. rejoint l'historiographie contemporaine la plus critique. Il y a eu des évêques protestataires, il n'y a jamais eu d'évêque résistant. Lorsqu'il leur arrive de contester la validité de tel ou tel point de la législation vichyste, ils ne vont jamais jusqu'à remettre en cause la légitimité de l'État français - et ils se hâtent de le faire savoir (tels Saliège et Gerlier en septembre et octobre 1942). Cette attitude se retrouve dans le chapitre quatre « 'Loyaux' contre vents et marées [novembre 1942-août 1944) »), à propos du STO, par exemple : « L'épiscopat ne toléra pas l'usage politique de la déclaration des cardinaux sur le STO » (p. 244). Au fond, l'A. montre que les évêques n'ont pas vraiment varié depuis la défaite de 1940 (qui est pour eux une vraie défaite) jusqu'à la victoire de 1944 (qu'ils n'arrivent pas à considérer comme une vraie victoire). Tout au plus peut-on dire que, par prudence, ils évitèrent pour la plupart de légitimer l'État milicien (p. 244). Si l'A. n'avait pas pris la peine de nous avertir de ses intentions, on pourrait lire son travail comme un réquisitoire d'autant plus rude qu'il est minutieux, sans exagération et sans pathos. L'épiscopat français sous Vichy : une cause décidément difficile à défendre.


Donnez votre avis Retour
RECHERCHER DANS LE CATALOGUE BEAUCHESNE

aide


DICTIONNAIRE DE SPIRITUALITÉ
ÉDITION RELIÉE
DS

LE COMPLÉMENT PAPIER INDISPENSABLE DE :

DS
ÉDITION EN LIGNE




EN PRÉPARATION
LA RÉVOLUTION DE L’ÉCRIT. EFFETS ESTHÉTIQUES ET CULTURELS

FOLIES ET RIEN QUE FOLIES

Fascicule I
dans la même collection
Fascicule II Fascicule III Fascicule IVa Fascicule IVb

PENSÉE SYMPHONIQUE

LE POUVOIR AU FÉMININ

JEAN BAUDOIN (CA. 1584-1650) Le moraliste et l’expression emblématique

Écrits sur la religion


L'Education Musicale


SYNTHÈSE DOGMATIQUE

Partager et Faire savoir
Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Buzz Partager sur Digg