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POEMES DE LA BIBLE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par Jean S�GUY

REVUE : ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES n° 116, 2000

S’agissant du monachisme syrien au Ve siècle, Pierre Canivet (Paris X-Nanterre) a publié, en 1977, un ouvrage consacré au Monachisme syrien selon Théodoret de Cyr. Rendant compte de ce travail dans nos colonnes, nous avons souligné – à la suite de l’auteur – à quel point la spiritualité monastique prônée par l’évêque de Cyr tendait – telle que P.C. la décrit – à « domestiquer » le monachisme syrien. De ce dernier, P.C. note qu’« il avait d’abord été très individualiste, visant à l’héroïsme spectaculaire, critique de l’Église établie, éventuellement et aussi capable de se passer de sacerdoce » (cf. Arch. 45.368). L’ouvrage de P.E. (Université de Marne-la- Vallée), qui fait l’objet de la présente recension, évoque, lui, longuement ce monachisme syrien « pré-théodorétien » et tente de montrer qu’il n’a jamais été domestiqué ; c’est lui, au contraire, qui – selon P.E. – a « domestiqué » l’Église syrienne. P.E. donne à son étude un cadre chronologique et géographique beaucoup plus large que ce n’est le cas dans le livre – déjà évoqué – de P.C. Le professeur de Marne-la-Vallée prend les choses à leurs débuts (les origines de l’Église en Syrie, pour autant qu’on peut y accéder) et les mène jusqu’au VIIe siècle, dans une Syrie allant d’Antioche jusqu’à la Mésopotamie araméophone. Là où P.C. ancrait sa recherche à un évêque, à son diocèse restreint, en un pays fortement hellénisé, P.E. s’efforce à décrire le profil d’une Église aux clochers multiples, dans ses évolutions entre une époque d’« ascèse ostentatoire » (ou d’« excès ascétique ») et une autre de « normalisation ratée ». Selon P.E., les IVe et Ve siècles voient l’Église syrienne se rapprocher du « modèle impérial », c’est-à-dire épiscopalement structurée autour des sacrements et de la grâce institutionnelle. Mais le monachisme précédent persiste, pour qui l’ascèse – parfois spectaculaire –, le célibat, l’expérience quotidienne de l’Esprit jouent un rôle premier dans la recherche et l’obtention du salut. Dans cette opposition entre Église–organisation – hiérarchie–sacrement d’une part, et Église de l’intensité ascétique et mystique d’autre part, les laïcs constituent un enjeu central. Pour P.E. les moines ont besoin de ces derniers pour vivre et survivre, le travail ne figurant pas au centre de l’ascèse monastique syrienne ; par contre, les moines sont des producteurs de charismes, l’extraordinaire étant ce que lesdits laïcs – facilement influencés par les moines – désirent d’eux en vue de leur salut. De fait, et toujours selon P.E., la religion prêchée aux laïcs – même par les prêtres « diocésains » et les évêques – semble avoir été entre les Ve et VIIe siècles – essentiellement ascétique et charismatique, plus que sacramentelle. Mais lorsque les évêques encouragent les moines à accepter l’ordination, le poids – numérique entre autres choses – de ces derniers dans le rapport évêques–moines–laïcs fait que les seconds cités trouvent un intérêt stratégique à accepter la proposition épiscopale ; cette dernière visait pourtant, originairement, à les « domestiquer ». Mais, dès lors, les moines introduits en nombre dans l’« Église hiérarchique » vont en devenir peu à peu des pôles d’organisation et de direction, en une époque – IVe-VIIe siècles – où l’Église et l’État byzantins éclatent, au Moyen-Orient, sous l’effet de facteurs divers, théologiques et ecclésiastiques y compris. L’A. conclut, dans la logique des analyses historiques entreprises, à un affrontement entre « deux perceptions du christianisme, fondées sur deux logiques propres, difficilement conciliables ». Bien que P.E. n’en dise ni n’en suggère rien, les conclusions qu’il nous offre entrent en consonance parfaite avec les prémisses problématiques de sa recherche. Celles-ci s’inspirent en effet ouvertement de l’exégète-sociologue Gerd Theissen ; c’est le cas en particulier lorsqu’il s’agit d’analyser le modèle d’organisation et les logiques idéologiques à l’œuvre dans le christianisme syrien le plus ancien (cf. op.cit., p. 20 et s.). On s’étonne donc peu que la logique de recherche ainsi mise en œuvre aboutisse à des conclusions qu’aucun sociologue un peu frotté à l’œuvre de Max Weber – et/ou d’Ernst Troeltsch – ne refuserait d’avaliser. La vision qu’on recueille ici du monachisme comme protest ascétique informé d’une logique propre opposée à celle de l’Église comme organisation pourvoyeuse de grâce s’inscrit dans la tradition Weber–Troeltsch–Wach – H. Desroche- Theissen et alii. Mais on s’étonne à lire le livre de P.E., passionnant par ailleurs, qu’entre les analyses initiales clairement inspirées de Theissen et les conclusions, qui renvoient le sociologue-lecteur à des thèmes de livres connus, rien n’évoque plus ouvertement, dans le cours de l’ouvrage, les perspectives d’inspiration wébérienne auxquelles on était initialement renvoyé par la médiation de Theissen. On ne sait que penser de la difficulté ici signalée. On est certain cependant d’avoir lu avec émerveillement le travail de P.E.


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