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POEMES DE LA BIBLE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par SYRIA 1935, N� 3

Le savant commentateur d'Isaïe et de Jérémie expose tout d’abord, dans le détail, sa théorie strophique développée de celle de Zenner, et quel qlue soit le jugement que l'on portera sur elle, on le remerciera de mettre ainsi le résultat de longs travaux à la portée d’un public instruit.
Il y aurait lieu maintenant de se reporter aux poèmes de Ras Shamra pour élargir la discussion sur certains points. Le P. Condamin donne au parallélisme dcs stiques hébreux, un caractère assez strict pour fonder sur lui la définition du vers. Les poèmes de Has Shamra montrent qu'il n'en allait pas ainsi très anciennement, et dès lors l'argument qui considère le vers comme constitué de deux stiques perd un peu de sa valeur.
Après toutes les études qui ont eu la poésie pour objet, il est étrange que la boutade du professeur de philosophie du Bourgeois gentilhomme soit encore prise au sérieux. Renan, comme le rappelle le P. Condamin, avait déjà protesté contre celle définition : « Notre manière de ranger tout ce qui s'écrit en deux catégories, prose et vers, ne s'applique pas à l'Orient. Entre les vers bien caractérisés et la prose ordinaire, l'hébreu et l'arabe ont toutes sortes d’intermédiaires de prose cadencée, agrémentée, rimée. »
Qu'est-cc qu’un « vers bien caractérisé » en hébreu où la rime n'existe pas, ni la scansion par le nombre de pieds ? Ici aussi, du moins pour la haute époque, nous pensons que Ras Shamhra donne la réponse.
Mais ce n’est point là l'essentiel de l'exposé de l’intéressant volume Les poèmes de la Bible : il nous faut aborder le point central de la thèse : la division strophique. Nous l'abordons en profane timide qui ne demande qu'à l'admettre, car le système strophique, autrement dit le groupement rythmique, non plus des mots dans un vers, mais des vers dans une strophe, est un raffinement auquel doit conduire le développement normal de la poésie.
Prenons Amos puisque aussi bien on nous dit qu'il fournit « au début de son livre, l'exemple le plus clair dl' la composition poétique en strophes régulières », entendez avec strophe, antistrophe, ayant l’une et l’autre, le même nombre de vers et strophe alternante d’un tour différent.
Au premierr chapitre d’Amos, la strophe (v. 3-5) et l’antistrophe (v. 6-8) se dégagent bien avec 5 vers chacune ; mais il paraît arbitraire de constituer la strophe alternante avec les versets 9-12, soit 6 vers. L’incise : « Voici ce que dit Yahvé » oblige à constituer une strophe avec les versets 9-10, soit en réalité 4 vers, et une autre avec 11-12, soit 3 vers.
Dès lors, le premier poème d’Amos n’offre pas de strophe alternante, mais une série de strophes qui se correspondent par à-peu-près deux à deux : I, 3-5 (5 vers ; contre Damas), et I, 6-8 (5 vers contre les Philistins) ; I, 9-10 (4 vers et non 3 comme il est compté ; contre Tyr) et I, 11-12 (3 vers ; contre Edom) ; I, 13-15 (5vers ; contre Ammon) et II, 1-3 (5 vers ; contre Moab). Comme il arrive constamment dans un poème un peu long, le début est ordonné en strophes qui se balancent ; puis les strophes ne suivent plus aucune règle. Ici on dégage encore II, 4-5 ( 4 vers ; contre Juda) ; mais la coupe de la suite est purement arbitraire.
Ainsi le début d'Amos ne répond pas à la définition strophique qu'on en donne, et cela est d'autant plus à noter qu'on a voulu retrouver cette prétendue strophique d'Amos dans la littérature grecque. C’est pure illusion, du moins en ce qui concerne Amos.
Les Psaumes offrent un champ d'expériences propice aux combinaisons les plus variées. Le groupe de psaumes XLII-XLIII se divise bien en trois strophes, mais comment discerner si la troisième est alternante ? Le psaume XCII se divise en cinq strophes égales de 3 vers chacune ; c'est un abus du langage que de considérer la troisième comme alternante.
La division du psaume L qu'a proposée Zenner est inacceptable, car nous avons ici l'indication des séla : il n’y a ni antistrophe, ni alternante, mais une strophe (v. 7-15) de 10 vers, entre deux strophes (v. 1-6 ; 16-21) de 6 vers chacune. Les coupes proposées pour les psaumes LXXII et XLIV sont ingénieuses, mais illusoires.
Le psaume LXXXIX bénéficie de plusieurs indications séla qui, jointes au bon état du texte et à son étendue, fournissent, d'après le P. Condamin, une démonstration décisive de sa théorie. La première strophe de 4 vers (v. 2-5) est indiquée par le séla. Le système que nous examinons exige une antistrophe de longueur égale (v. 6-9) ; mais il est manifeste que c’est là une coupe arbitraire, car la suite du discours ne s’y plie pas. En réalité, la seconde strophe est de 14 vers (v. 6-19), la troisième marquée par un séla est de 20 vers (v. 20-38), la quatrième de 8 vers (v. 39-46) est marquée par séla. Elle est suivie de deux strophes de 3 vers chacune (v. 47-49) avec séla ; 50-52). Ce psaume contredit donc nettement la théorie strophique proposée.
Le découpage, d'après le sens, du psaume CIV a été établi par Reuss. On a respectivement des strophes de 5, 5, 10 (ou 9 avec glose), 5, 4, ,4, 5,ce qui n'est guère conforme à la théorie.
Pour obtenir, dans le psaume XIX, une strophe alternante entre deux groupes de strophes égales et conclure que « la symétrie de l'ensemble, est frappante » (p. 128), on bloque le verset en un vers, alors qu’il en compte, deux et, de plus, on le détache de la strophe précédente (8-10) à laquelle il appartient manifestement. De même dans le psaume LXXIII. pour dégager la strophe alternante, on sépare à tort le verset 17 du verset 16, dont il est la conclusion. Ce psaume ne répond pas à la prétendue loi strophique parce qu'il est. composé de cinq strophes rigoureusement égales de 5 vers chacune (1-5; 6-10 ; 11-15 ; 16-20 ; 21-25) suivies d'une strophe terminale de 3 vers 26-28).
On pourrait multiplier ces observations. Il en résulte qu'un sens poétique très affiné a entraîné les poètes israélites vers la constitution de strophes. Les strophes égales apparaissent déjà dans le poème de Déborah Il). Toutefois, à l'inverse des poètes arabes qui tendent vers une récitation chantante et monotone ceux d'Israël, sauf naturellement dans les litanies évitent la monotonie et s'adressent plus à l'esprit qu'à 1'oreille. Souvent le poème débute par deux strophes égales, puis il prend son essor avec sa liberté. Ainsi, rien n'est plus éloigné de la manière des poètes israélites que les règles strophiques proposées dans les Poèmes de la Bible. Cela ne veut pas dire que le travail très méritoire du P. Condamin ait été inutile. Il a justement attiré l'attention sur la question de la strophe, mais il a dépassé le but à atteindre. En même temps, il a mis en évidence par une ferme traduction et en tenant un compte judicieux des versions, de belles pages poétiques auxquelles nous souhaitons des lecteurs en grand nombre.


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