Editions BEAUCHESNE

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TH n°109 MONACHISME ET ÉGLISE. LE MONACHISME SYRIEN DU IVè AU VIIè SIÈCLE : UN MONACHISME CHARISMATIQUE

TH n°109 MONACHISME ET ÉGLISE. LE MONACHISME SYRIEN DU IVè AU VIIè SIÈCLE : UN MONACHISME CHARISMATIQUE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par Bernard POUDERON

Le monachisme syrien présente par rapport au monachisme égyptien des particularités dont l'auteur, historien du monde oriental, se propose de rendre compte dans cet ouvrage. Il retrace d'abord l'origine du mouvement, à savoir un ascétisme pratiqué au sein même de la communauté, soit au niveau de la famille (encratisme familial), soit à travers cette élite chrétienne que formaient les « Fils du Pacte » (ou les « Membres de l'Ordre »). Ces derniers constituaient la part active de la première Église syrienne, avec un statut proche des diacres de la communauté primitive. La mutation s'est faite vers la fin du IVe siècle ; elle s'est traduite par la disparition des Fils du Pacte, tandis que se maintenait une théologie ascétique autochtone, marquée par une forte attente eschatologique et une orientation nettement charismatique. Parmi les courants charismatiques, le messalianisme, qu'on peut définir comme une hérésie monastique, avec sa théologie du salut (il faut chasser Satan de l'homme et le remplacer par l'Esprit en devenant étranger au monde), ses moyens spécifiques (la prière continuelle et l'ascèse) et ses manifestations (les charismes, l'antinomisme, la multiplication des sociétés monacales en marge de l'Église et surtout le vagabondage mendiant). La vie monastique exerçait un fort attrait sur le peuple, au moyen d'une forme de clientélisme (le saint moine protégeant ses protecteurs, dont il devenait le maître spirituel et le « patron ») et d'une propagande intensive, axée sur la prédication et la création d'écoles. La réclusion n'était pas totale; bien au contraire, le moine avait son public, qu'il haranguait et dirigeait ; l'exemple le plus fameux en est celui des moines stylites, dont les lieux de « réclusion » s'apparentent un peu aux anciens oracles, avec leurs foules de fidèles.
Alors que, dans la première communauté, les ascètes tenaient lieu de clergé, l'évolution de l'Eglise syrienne entraîna une dissociation entre l'ascétisme et le sacerdoce, ce qui entraîna inévitablement des conflits, dus à une rivalité d'influence. L'institution ecclésiastique tenta de remédier au problème en ordonnant prêtres de nombreux moines, qu'ils dussent exercer au sein d'une paroisse ou dans un couvent. Mais l'accession des moines au sacerdoce permit aussi celle à l'épiscopat ; et le moine évêque jouissait d'un prestige beaucoup plus grand que ceux venus du clergé séculier, ce qui provoqua de nouveaux conflits. A cette lutte d'influence entre le monde monastique et l'institution s'ajoutèrent des rivalités entre moines ou monastères. La participation des moines aux grandes querelles théologiques, avivant les oppositions, aboutit même à de nombreuses et extrêmes violences. Selon l'A., c'est l'imbrication du courant monastique syrien et de la population, partant, l'association du spirituel et du social - caractéristique essentielle du monachisme syrien - qui explique la virulence des conflits qui opposèrent les moines à l'institution ecclésiastique, et l'incapacité que manifestèrent les autorités religieuses à les contrôler.
L'ouvrage, fort bien documenté, souffre toutefois de deux imperfections.
D'une part, la littérature secondaire y prend très souvent le pas sur les documents originaux, en particulier dans les notes, ce qui donne au travail (peut-être à tort, d'ailleurs) l'allure d'une synthèse plus que d'une recherche originale. D'autre part, l'abus des phrases courtes rompt sans cesse le cheminement de l'esprit et rend la lecture à la fois fastidieuse et mal aisée, ce qui gâche un peu la matière. Le premier défaut tient peut-être aux exigences de la collection, qui bénéficie d'une assez large diffusion, aussi bien en direction du monde savant que du public cultivé, dont le prix est l'abandon des kyrielles de références pourtant si précieuses. Le second est à corriger, si du moins l'auteur, dont le savoir-faire est incontestable, veut aussi conquérir le public littéraire au sens le plus large. Sans doute sont-ce là défauts bien négligeables, et qui ne doivent pas masquer l'incontestable richesse de la documentation secondaire et la qualité de la démarche.


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