REVUE : ÉTUDES THÉOLOGIUES ET RELIGIEUSES, 2001

Cet ouvrage fait suite à deux études sur le vocabulaire de l'expérience spirituelle, l'une de 1989 sur la tradition monastique de 1050 à 1250, l'autre de 1991 sur la tradition patristique grecque du IVe au XIVe s. L'a. propose à présent une enquête qui consiste en une centaine de monographies où l'on va d'Augustin et Tertullien jusqu'à Einstein ! On trouvera une foule de renseignements sur de grandes figures de la spiritualité, mais aussi sur des auteurs moins connus. À ce titre, cet ouvrage rendra service à qui s'intéresse à la place de l'expérience dans la théologie. Toutefois, on peut regretter que ce large tour d'horizon ne permette pas de réel approfondissement, notamment en ce qui concerne une mise en perspective de la compréhension plurielle de l'expérience dans l'espace du christianisme. Par ailleurs, certains oublis étonnent : pourquoi, par ex., ne pas mentionner Grégoire de Nysse qui est une source principale de la théologie orientale, ou encore Bernard de Clairvaux dont on sait le rôle majeur et la profonde originalité dans le cadre du XIIe siècle augustinien ? Certains choix laissent un peu perplexe : je comprends le désir de l'a. de ne pas se limiter, mais était-il utile d'intégrer Freud ou encore Einstein dans cet ensemble ? Quoi qu'il en soit, cet important travail d'enquête constitue un bon outil pour le théologien qui affirme avec Luther et à l'encontre d'une démarche spéculative : sola experientia facit theologum.