Editions BEAUCHESNE

35.00 €

TH n°111 DOCTRINE ET EXPÉRIENCE DE L'EUCHARISTIE CHEZ GUILLAUME DE SAINT-THIERRY

TH n°111 DOCTRINE ET EXPÉRIENCE DE L\'EUCHARISTIE CHEZ GUILLAUME DE SAINT-THIERRY

Ajouter au panier

Date d'ajout : mardi 22 décembre 2015

par Paul VERDEYEN

REVUE : CAHIERS DE LA CIVILATION MÉDIÉVALE, 45, 2002

Ce livre magnifique publie la thèse que l'A. a soutenue à l'Université grégorienne de Rome sous la direction du Père Karl J. Becker, s. j. On peut y trouver bien davantage que ce que le titre promet. En effet, le premier chapitre présente pratiquement toutes les œuvres de Guillaume. De bon droit, parce que le sacrement de l'eucharistie est évoqué dans tous les écrits ; il n'est oublié dans aucune description des grands thèmes de la spiritualité. La deuxième partie du livre donne une sorte de phénoménologie de trois aspects importants de l'eucharistie : nourriture, sacrifice et mémoire. La troisième partie est intitulée « Itinéraire eucharistique ». Elle contient plutôt une réflexion théologique sur le sacrement central de la foi chrétienne. L'A. y décrit aussi les liens qui existent entre la doctrine eucharistique de Guillaume et sa conception de l'être humain : anthropologie parfois bipartite (corps et âme), mais plus souvent tripartite (corps, âme et esprit).
Qu'on nous permette de relever quelques passages qui nous ont particulièrement intéressés. L'A. souligne plusieurs fois l'importance du Bref Commentaire sur le Cantique. Ce texte est le relevé d'un important dialogue entre saint Bernard et Guillaume, lorsqu'ils se trouvent tous les deux malades à l'infirmerie de Clairvaux. On hésite toujours auquel des deux amis il faut surtout l'attribuer. Non seulement le style de cet exposé est nettement guillelmien, mais plusieurs affirmations aussi sont plus guillelmiennes que bernardines. Entre autres la conception tripartite de l'être humain (p. 223).
Le chapitre sur la mémoire signale des correspondances intéressantes entre mémoire et écriture. « L'Esprit souffle où il veut… Non quand je veux, mais quand lui le veut. Dans le domaine de l'expérience spirituelle, l'écrit et la mémoire ne sont que matière morte à partir du moment où ils sont séparés de la source de vie. De manière analogue on peut dire que, dans le champ des facultés humaines, la mémoire et cette forme de mémoire matérialisée que constitue l'écrit, sont inertes quand elles cessent d'être reliées à l'activité de l'intelligence et de la volonté. Pris dans le dynamisme authentique de la mémoire, l'écrit peut, en quelque sorte, participer à sa vie (l'Écriture sainte en est un bon exemple). Séparée de l'expérience vivante de l'intelligence et de la volonté, la mémoire peut se fossiliser au point de n'être pas moins inerte que n'importe quel manuscrit laissé à lui-même. » (p. 188-189) On pourrait faire une remarque semblable à propos de toute doctrine séparée de l'expérience. Ce texte jette une nouvelle lumière sur le conflit qui a opposé Guillaume à Maître Abélard.
L'A. fait plus de trente allusions à l'influence d'Origène. Mais il ne dit nulle part comment le grand exégète a complété et corrigé plusieurs pensées augustiniennes. Le grand phare d'Alexandrie suscite-t-il toujours des réserves sur les bords du Tibre et de la Seine ?
Deux remarques critiques en marge de cette étude remarquable, qui assure à Guillaume une place justifiée dans l'histoire de la théologie occidentale. Il nous semble que l'exposé aurait dû commencer par un aperçu des controverses eucharistiques des Xe et XIe s. On n'apprend rien de la préhistoire : ni Paschase Radbert, ni Ratramne, ni Lanfranc ne sont nommés. Tout est ramené à la seule opposition entre Rupert et Guillaume. Aucune considération non plus sur la ville de Liège, patrie de Guillaume et centre important de piété eucharistique. L'A. ne décrit pas l'influence du traité guillelmien sur les auteurs de son temps ou des siècles à venir, mis à part quelques allusions à Hugues de Saint-Victor et à Baudouin de Ford. On se demande si Rupert a réagi aux objections de son ami de jeunesse. L'A. se restreint à l'analyse des textes sans prêter attention aux incidences historiques.
Quelle a été l'importance de la piété eucharistique pour la spiritualité et la mystique guillelmiennes ? L'A. s'intéresse surtout aux énoncés doctrinaux de Guillaume. Bien sûr, les chapitres sur la nourriture, le sacrifice et la mémoire dépassent le cadre théologique. Guillaume mentionne plusieurs fois l'opposition entre le signe visible et la réalité invisible. On peut se poser beaucoup de questions sur l'importance des signes visibles pour le développement de la vie intérieure, ainsi que sur les rapports entre la présence eucharistique et les grâces proprement mystiques. De telles questions concernent plutôt l'expérience personnelle de Guillaume que l'énoncé de ses doctrines.
Mentionnons encore deux articles de M. Rougé sur des thèmes connexes : « L'eucharistie, expérience trinitaire chez Guillaume de Saint-Thierry », Communio, 24, 1999, p. 51-63; « Guillaume de Saint-Thierry, docteur de l'eucharistie ? », Liturgie, 112, 2000, p. 5-24.


Donnez votre avis Retour
RECHERCHER DANS LE CATALOGUE BEAUCHESNE

aide


DICTIONNAIRE DE SPIRITUALITÉ
ÉDITION RELIÉE
DS

LE COMPLÉMENT PAPIER INDISPENSABLE DE :

DS
ÉDITION EN LIGNE




EN PRÉPARATION
LA RÉVOLUTION DE L’ÉCRIT. EFFETS ESTHÉTIQUES ET CULTURELS

FOLIES ET RIEN QUE FOLIES

Fascicule I
dans la même collection
Fascicule II Fascicule III Fascicule IVa Fascicule IVb

PENSÉE SYMPHONIQUE

LE POUVOIR AU FÉMININ

JEAN BAUDOIN (CA. 1584-1650) Le moraliste et l’expression emblématique

Écrits sur la religion


L'Education Musicale


SYNTHÈSE DOGMATIQUE

Partager et Faire savoir
Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur Google Buzz Partager sur Digg