REVUE : LAENNEC 19, décembre 1999

Ces deux volumes se présentent comme un commentaire de l'Encyclique Evangelium vitae (1995) de Jean-Paul Il, dont ils reprennent le titre français. Ils constituent en fait un exposé fort complet, argumenté et bien documenté de l'enseignement officiel de l'Église sur les principales questions d'éthique biomédicale actuelles. Cet enseignement est centré sur la vie humaine, sa nature, sa dignité, les règles morales à suivre pour la respecter. L'exposé avance par paliers successifs autour de cette notion de vie, paliers distribués selon les deux parties intitulées « à la lumière de la raison », puis « à la lumière de la foi ». A la lumière de la raison sont abordés les paliers biologique, philosophique, sociologique et juridique. A chacun de ces niveaux, un exposé clair des points en discussion est aussitôt marqué par le souci d'argumenter les raisons de la position adoptée par l'Église dans sa défense actuelle de la vie face à des positions qui la mettraient en question. Ainsi la partie biologique et la partie philosophique insistent-elles particulièrement sur la réalité humaine de l'embryon dès la conception, et la partie sociologique sur la critique du relativisme né de la sécularisation. Les chapitres sur les législations civile et canonique, évidemment critiques des tolérances actuelles, s'arrêtent au seuil d'une casuistique, et sont plus diserts sur l'objection de conscience.
Le second volume « À la lumière de la foi », s'ouvre sur ce que l'auteur appelle « la vie théologique ». Le dossier de la tradition théologique sur l'homme comme « image de Dieu », remarquablement bien documenté, permet de remonter aux sources bibliques et patristiques de l'enseignement anthropologique de Jean-Paul Il et du Concile Vatican II. C'est cette « vie théologique » qui fonde « la vie éthique », objet final et essentiel de l'ouvrage. On retrouve ici des questions et discussions plus familières sur l'avortement, l'euthanasie, le suicide, la peine de mort, avec de nombreuses références aux auteurs ayant, dans le monde entier, participé à ces débats, et, bien sûr, aux positions pontificales et épiscopales. Un dernier chapitre présente d'ailleurs les énoncés du droit canonique sur les degrés d'autorité de cet enseignement.
Un parcours aussi complet suscite l'intérêt, voire l'admiration. Dans un second temps, il est permis de l'interroger sur plusieurs points : une volonté apologétique tellement présente qu'elle laisse peu de place à la légitime discussion, une philosophie sous-jacente tellement positive qu'elle n'entend guère les cris et doutes féconds de la modernité et de la post modernité, un silence sur ce qui est souvent au cœur de l'interrogation éthique devant des situations dramatiques que fait rencontrer la clinique : la sollicitude pour les personnes. Mais le médecin qui veut réfléchir ne le fera-t-il pas mieux après ces pages ?