REVUE : ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES, 2001, 2

La theologia affectus n'a rien à voir avec une théologie de la pure émotivité qui délaisserait l'intelligence de la foi et l'instance critique de la raison, Elle est une prise en compte de l'être humain dans la totalité de son être, c-à-d considéré dans sa corporalité. Cet ouvrage reprend la question d'une spiritualité équilibrée à une époque où les offres religieuses sont multiples et où les émotions sont tout autant source possible de bonheur que d'égarement. Le résultat est pourtant ici simple appel à la maîtrise, à la prudentia aristotélicienne qui est toujours équilibre entre un « ni trop ni trop peu ». Pour l'a. la foi est d'abord assentiment de l'intelligence à la vérité acquise par la raison et la révélation et non pas rencontre du Christ. La foi ne peut donc dépendre de la seule expérience individuelle, mais doit s'en remettre à l'Église en laquelle la vérité est déposée. Quant à l'âme, il s'agit de la charpenter par toutes sortes de moyens et notamment par l'imitation de Jésus-Christ.
Nous sommes bien loin d'une éthique du désir que de nombreux théologiens catholiques ont su pourtant déployer à partir de leur propre tradition. Ici, la psychologie fonctionne comme s'il n'y avait pas d'inconscient, comme si la raison était transparente à elle-même, comme si une logique de maîtrise n'engendrait pas souvent de la souffrance, bref, comme si la spiritualité pouvait faire l'économie d'une anthropologie informée et d'un travail critique sur les pathologies religieuses.