PAROLE ET LITURGIE, 2, 1974

L'Église a soif de renouveau liturgique, soif d'une fête eucharistique où elle puisse retrouver Dieu, au cœur de la vie d'un monde qui est à la fois matière et lieu de l'histoire du salut. Mais tournés résolument vers celui qui ouvre à l'humanité les portes de l'avenir, les chrétiens ne risquent-ils pas aujourd'hui de méconnaître le nécessaire enracinement de leur prière eucharistique dans les sources du passé? Le mérite de cet ouvrage réside dans le fait de nous communiquer, au cœur d'une démarche théologique et critique exigeante, la joie de vivre-en-Christ qui fut celle de Jérusalem, Mère de toutes les Églises. A partir d'une écoute paisible et attentive de sa prière, l'eucharistie d'aujourd'hui peut reprendre une densité nouvelle par le regard que Jérusalem nous invite à porter sur le cosmos, la vie des hommes habités par le Christ, l'ouverture au dynamisme déificateur de l'Esprit. Certes, il ne s'agit pas de reprendre telle quelle cette admirable anaphore née dans le terreau d'une civilisation bien différente de la nôtre, mais la « charge théologique » de l'ensemble devrait être accueillie avec respect : elle donnera aux compositions eucharistiques actuelles de ne pas seulement célébrer la vie, mais aussi de demeurer pleinement sensibles à l'impact mystérieux du salut acquis par Jésus Christ dans l'histoire des hommes.