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TH n°109 MONACHISME ET ÉGLISE. LE MONACHISME SYRIEN DU IVè AU VIIè SIÈCLE : UN MONACHISME CHARISMATIQUE

TH n°109 MONACHISME ET ÉGLISE. LE MONACHISME SYRIEN DU IVè AU VIIè SIÈCLE : UN MONACHISME CHARISMATIQUE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par E. G. FARRUGIA

REVUE : ORIENTALIA CHRISTIANA PERIODICA, 2003

La violence envers eux-mêmes et envers les autres caractérise les moines syriens (p. 1), dont le mouvement monastique semble pouvoir être daté entre 360 et 400 (p. Il). Si le messalianisme est l'hérésie par excellence de l'espace syrien (p. 5), la Syrie est aussi le lieu d'élection de l'hymnographie chrétienne (p. 9). L"'Éphrem grec" et les légendes syriaques tardives ont été exclus du corpus authentique (p. 13). Les documents concernant Édesse et la légende de la première évangélisation de la ville sont tardifs (p. 16). L'Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas (p. 21), dépeint le Christ comme l'unique, lhidaya ; au centre d'une chrétienté ascétique, le Pacte, qyama (p. 28), mot qui peut signifier l'Église originelle, orienté vers l'ascétisme (p. 29). Le Pacte se fait lors du baptême et implique une théologie ascétique du baptême (p. 39). lhidaya signifie fort bien Adam avant sa chute (p. 39), comme le Christ, l'agapetos, le bien-aimé (p. 44). Il s'agit d'une théologie du baptême fondée sur l'attente eschatologique de l'Église (p. 39).
Aphraate attaque l'abus qu'un fils de l'Alliance vive avec une agapète ; Rabboula l'évêque cherche de réintroduire l'ordre en imposant des règles, qui enferment au couvent les Filles du Pacte qui auront péché (p. 48). Il devait interdire la castration des bnay qyama, réaction à la tradition des agapètes (p. 49). Mais tandis que la pratique disparaissait dans les villes, où il y avait la vigilance de l'évêque, elle tardait à disparaître dans les zones plus reculées (p. 49). Les réformes de Barsauma de Nisibe touchant le mariage des clercs est un signe d'un retour à l'ancienne pratique de l'Église (p. 50).
Dans l'historiographie du monachisme syrien, comment expliquer le passage de l'ascétisme primitif au monachisme classique, devenu prédominant entre 360-430 ? À côté d'une théologie ascétique il existe, en Syrie, une spiritualité savante, qui se trouve auprès d'Évagre et du Ps-Denys (p. 52-53). Avec Aphraate et Éphrem commence le déclin du premier ascétisme (p. 53). La disparition des Fils du Pacte a lieu en plusieurs étapes : les règles de Rabboula les soumet tout d'abord au contrôle du clergé séculier (p. 55) ; les Fils du Pacte sont réduits ensuite à un statut clérical inférieur (p. 55-56). La qyama devient une étape transitoire vers la prêtrise ou le monachisme (p. 56). Nous rencontrons les diaconesses du Pacte, et même des archimandritesses (p. 58); par ailleurs, les moines ont remplacé les Fils du Pacte (p. 58). Ce qui marquait le premier monachisme syrien est l'attente eschatologique (p. 59), les simples chrétiens vivant sous la loi et les ascètes sous la foi (p. 62). Chrysostome se demande pourquoi Dieu a fait disparaître les charismes du commencement (p. 62) ; pour lui, le laïc a les mêmes devoirs que le moine (p. 66). Pour comprendre le discours de la vie angélique, on doit se souvenir que, pour Éphrem, le destin du chrétien est de devenir comme les anges, lesquels ont été l'objet d'une réflexion théologique en Syrie (p. 68).
L'hérésie plus typique de la Syrie - exception faite du dayçanisme - a été ascétique (p. 71). À en juger au nom de "Paloutiens", l'orthodoxie semblait être une faction nouvelle, ce qui scandalisa Éphrem (p. 72). Les canons de Marouta de Maiperqat distinguent entre trois types d'hérésie : les marcionites, les manichéens et les dayçanites (p. 76). Avec leurs prétentions à représenter l'Église préconstantinienne, Audi et compagnons sont comparables aux donatistes (p. 80).
D'ailleurs, le mouvement hétérodoxe syrien le plus influent est le messalianisme, qui, à son tour, condamne toutes les hérésies et se prétend orthodoxe (p. 91). Escolan critique Hausherr et Ware, parce qu'ils retiennent que la prière messalianne est une prière vocale (p. 98). Pour Philoxène de Mabboug, c'est Adelphios d'Édesse qui est le fondateur de messalianisme (p. 99). Chose curieuse, mais les messaliens condamnent toute hérésie, y compris le messalianisme (p. 103). Puisque l'Église ne sert à rien mais ne nuit pas non plus, il n'y a pas de contestation de l'Église établie, mais on refuse le baptême parce qu'il ne sert à rien (pp. 106-107). Devant Flavien d'Antioche Adelphios de Mésopotamie affirme l'inefficacité du baptême et, par implication, de l'Église, en présentant la voie messalienne comme la seule praticable (p. 107). Le Liber graduum, qu'on suspecte parfois d'appartenir à un groupe pré-messalien, ne montre que certains affinités avec le messalianisme, puisque celui-ci n'a commencé qu'avec Adelphios d'Édesse (ou de Mésopotamie) (p. 110). C'est Alexandre l'Acémète qui est le "messalien" le plus célèbre de l'époque; c'est pourquoi l'accusation de messalianisme repose sur la pratique de la prière perpétuelle des Acémètes (p. 111). C'est chez eux que Cyrille d'Alexandrie semble avoir pris le mouvement messalien comme allié dans sa lutte contre Jean d'Antioche et dont Rabboula tombe victime (p. 112). Le problème central posé par les messaliens, c'est la présence du diable en l'homme (p. 120).
De Chrysostome, nous apprenons quelles étaient les pratiques monastiques : jeûnes, veilles, mépris du corps, sobriété, correction fraternelle, examen de conscience, méditation de l'Écriture, prière (p. 125). Le monachisme apparaît entre la 2e moitié du IVe s. et les débuts du Ve s. (p. 134). Jean Chrysostome voulait qu'on laisse les enfants pendant dix, vingt ans au monastère, pour y faire leur éducation ! (p. 137). Au couvent peuvent rentrer des familles entières (p. 145). Si c'est la famille qui s'empare des reliques d'un moine, on note la persistance de la tradition selon laquelle les Fils du Pacte ne peuvent résider que dans leur famille (p. 146). Mais l'engagement peut signifier une rupture avec la famille (p. 147) ; par exemple, un tiers de la jeunesse chaldéenne va au monastère (p. 148). Selon la version acémète de la légende, Rabboula fut converti par Alexandre l'Acémète (p. 167). La condition première de la réussite du monachisme est économique (p. 182).
Les chapitres qui suivent poursuivent de thèmes plus spécifiques. "Le financement du monachisme : la clientèle monastique" (pp. 183-225) se trouve devant le problème de la réticence devant le travail qui caractérise le monachisme syrien, différent de celui du monachisme égyptien (p. 183). Alors que celui-ci y voyait un remède contre l'acédie (dépression) et un moyen de subsistance, le syrien y voyait une occupation pour les faibles, en ne permettant pas au moine de quitter sa cellule (p. 186). Pour qui quitte le monastère, les canons de Marouta prévoyait la dégradation aux bnay qyama (pp. 194-195).
Dans "Les moines et la société laïque : évangélisation et prédication" (pp. 227-265), on relève que, en dépit des textes hagiographiques qui tendent à mettre en relief les réactions d'enthousiasme ou d'hostilité, nous avons, déjà au VIe siècle, des chrétiens non pratiquants, qui ne font baptiser leurs enfants que par tradition (p\ 237). Les stylites sont considérés de grands prédicateurs (p. 246). À travers leur prédication les moines peuvent exercer une grande influence (p. 264) ; la mère de Théodoret de Cyr fut ainsi convertie à l'âge de 22 ans (p. 265).
Le chapitre suivant, "L'ordination des moines et le sacerdoce monastique" (pp. 267-312), pose la question de la dissociation entre le sacerdoce et le charisme et l'affirmation de la supériorité du sacrement sur le charisme (p. 268). Avec le commencement du Ve siècle, on en vient à ordonner de nombreux moines (p. 270). Le diaconat, masculin ou féminin, a maintenu plus de liens avec le premier ascétisme que les autres ordres grâce à une certaine assimilation à la qyama (p. 277). En effet, la question du sacerdoce des moines nous fait comprendre le statut exact des moines dans la société chrétienne (p. 309).
Le ch. 8 traite de "La mainmise des moines sur l'épiscopat" (p. 313-346).
On nous enseigne que la pratique de n'avoir qu'un évêque par cité s'est établie tardivement (p. 314). Un moine devenu évêque, tels Rabboula et Nestorius, était tenté d'imposer ses valeurs monastiques à son diocèse (p. 335). Quelques évêques, comme Théodoret, ont maintenu des liens étroits avec leurs moines (p. 339).
Un thème souvent traité est celui des "Moines dans les conflits ecclésiastiques" (p. 347-387). Du caractère belliqueux des moines syriens, saint Jérôme est le meilleur témoin (p. 348). On sait qu'à Chalcédoine Barsauma fut traité d'assassin (p. 371). C'était dans cette atmosphère trouble qu'apparaît l'usurpation de titres cléricaux et les ordinations illicites (p. 375). En affirmant la primauté des pouvoirs du moine vis-à-vis ceux des clercs, la secte des julianistes niait les principes fondamentaux de l'ecclésiologie de l'époque (p. 382). L'effondrement de l'Église établie à la suite des conflits doctrinaux offrait l'opportunité aux moines d'assurer leur prédominance auprès des laïcs désemparés (p. 389) ; à moins que la situation des moines dans les conflits en explique la virulence (p. 389). En somme, un livre qui jette une lumière sur un phénomène qui mérite d'être étudié attentivement.


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