REVUE DES SCIENCES RELIGIEUSES 49, 1975

Parmi les apologistes du IIe s., Athénagoras occupe une place à part, non seulement pour ses qualités littéraires tout à fait remarquables, mais pour la vivacité intellectuelle avec laquelle il est entré en dialogue avec les principales tendances philosophiques de son temps. Il n'a pas refusé la tradition grecque comme Tatien et Théophile d'Antioche ; il n'a pas non plus, comme Justin, accueilli sans discernement les notions du Platonisme, au risque de ne pouvoir les intégrer à la tradition chrétienne. Mais il a su mettre la philosophie platonicienne au service de la doctrine chrétienne, en l'utilisant chaque fois qu'elle ne pouvait entrer en conflit avec elle - mais dans ces cas seulement. L'A. analyse avec soin l'enseignement d'Athénagoras sur Dieu, le Logos-Fils, le Saint-Esprit, la Trinité, l'univers et l'homme. Il présente une étude neuve sur l'Église et la liturgie selon A. Il souligne la doctrine morale de celui-ci, fondée sur une expérience originale de la communauté. Sans chercher à masquer les insuffisances de la doctrine d'A. dans sa présentation du Christ-incarné, il pense que son œuvre demeure exemplaire pour la confrontation contemporaine entre chrétiens et non-croyants.