REVUE : CENTRE PROTESTANT D'ÉTUDES ET DE DOCUMENTATION, 72

« A l'agnosticisme scientifique du XIXe siècle finissant succède en cette fin du XXe siècle un gnosticisme mystique. Les hommes qui avaient trente ans en 1900 ne croyaient plus en la Science et au Progrès. Les hommes qui ont trente ans aujourd'hui ne font plus de la Science et du Progrès un Absolu ; le monde connu et fini ne leur suffit plus, ils cherchent une connaissance de l'Au-delà et de l'invisible ».
Cette citation un peu longue de la page 55 situe historiquement le projet de l'A. Au moment où le mysticisme part un peu dans tous les sens - New Age, etc. l'ancien prieur du monastère bénédictin de Ligugé veut recentrer la vraie mystique. Il le fait de façon systématique, en six parties composées chacune de trois chapitres plus ou moins étendus. La matière de chaque chapitre est résumée en tête de chaque partie. Il fait largement appel à de nombreux auteurs, anciens et modernes, chrétiens, juifs, musulmans, à des philosophes de tous temps, de Platon à nos jours. Des pages entières sont des enfilades de citations.
L’A. veut monter que la véritable mystique ne va pas sans une référence à la vérité telle que le catholicisme la comprend, même si des mystiques musulmans, juifs ou athées apportent un point de vue qui peut éventuellement être juste et contribuer à saisir la valeur de la mystique. Il semble oublier que dans la Bible Dieu n'est pas connu par la méditation du mystère, mais par ses relations avec les hommes : paroles, actes, Il rend service en prévenant contre les dangers tels que qu’érotisme, masochisme - certains exemples de pratiques donnent la nausée - intégrisme, ou des déviations telles que la confusion du moi avec Dieu (monisme), le syncrétisme ou le quiétisme.
L’A. s'exprime avec clarté. À lire, on comprend ce qu'un catholique entend par mystique. On peut glaner quelques idées pour répondre à de faux mystiques modernes. Pas assez pour les convaincre de leurs erreurs.