INSTITUT INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE, février 1974

Sur le problème de l'origine du mal, Jean Chrysostome, qui repousse l'explication manichéiste et ne peut admettre la nécessité fataliste, adopte le point de vue des stoïciens, pour qui il n'est d'autre mal que celui que nous commettons, que nous nous faisons à nous-mêmes par le mauvais usage de notre volonté, d'où il s'ensuit que le juste ne saurait subir aucun mal. II n'est pas cependant à l'abri de la souffrance, même s'il refuse de la considérer comme un malheur; aussi le théologien est-il conduit, tout en reconnaissant le caractère impénétrable de la Providence, à montrer le rôle de la souffrance dans l'économie de la création et du Salut : souffrance du Christ pour la rédemption de l 'humanité et la glorification de l 'œuvre divine ; souffrance du méchant pour son redressement; souffrance du juste pour son perfectionnement et le rayonnement de son mérite. La souffrance apparaît ainsi comme un moyen d'éducation, une paideia divine. Une telle conception, appliquée à l'édification chrétienne, n'en est pas moins inspirée de la spéculation éthique des Grecs plutôt que de l'expérience théologale rapportée dans l'Ancien Testament.