Editions BEAUCHESNE

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12. LOUIS VEUILLOT suivi de Témoignage d'Emile Poulat

12. LOUIS VEUILLOT suivi de Témoignage d\'Emile Poulat

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Date d'ajout : mercredi 23 décembre 2015

par Gilles ROUTHIER

REVUE : LAVAL THÉOLOGIQUE, 53, 3

Louis Veuillot (1813-1883), quoique jamais politicien, a été une figure marquante, non seulement du catholicisme intransigeant et ultramontain, mais de la vie politique française sous le Second Empire et la Troisième République, ainsi que de la vie religieuse de son époque. Malgré cela, l'historiographie contemporaine ne faisait pas la part belle à ce géant du siècle passé. En effet, notre époque, comme les autres, refoule certains souvenirs qu'elle trouve embarrassants. Plus soucieuse de dialogue entre l'Église et la modernité, elle est gênée par ce personnage intransigeant qui a lutté toute sa vie pour la reconnaissance de la primauté des droits de l'Église sur tous les autres, en particulier ceux de l'État, surtout de cet État démocratique issu de la Révolution française. On préfère aujourd'hui oublier ce catholicisme de combat, celui de Pie IX et de Vatican l, celui de Joseph de Maistre et de Louis de Bonald, maîtres de Veuillot. Pourtant, récemment, deux ouvrages, le présent et celui de Benoît Le Roux (Louis Veuillot, un homme, un combat), ainsi que plusieurs articles depuis 1983, dont quelques-uns de P. Pierrard, remettent à l'avant-scène ce personnage qui appartenait aux brumes de l'histoire.
Le présent ouvrage, qui fait abondamment appel aux sources manuscrites et imprimées, est d'une construction très simple : dix courts chapitres qu'on aurait pu répartir en deux parties. La première aurait rassemblé les trois premiers chapitres. En effet, on trouve là un premier ensemble : l'homme Veuillot (chap. 1), l'écrivain (chap. 2) et le journaliste (chap. 3). C'est une présentation du personnage qui nous aide à prendre conscience de sa dimension et de sa place dans l'histoire de son siècle. Six autres chapitres forment un deuxième ensemble : quelle politique (chap. 4), le parti de Dieu (chap. 5), le parti de l'Église (chap. 6), le parti du pape (chap. 7), le parti du peuple (chap. 8), le parti catholique (chap. 9). On a là un tout cohérent organisé et hiérarchisé autour des grands axes de la pensée politique de Veuillot. Enfin, le chapitre 10, « Les dernières années », vient boucler la boucle. À cela, il faut ajouter deux morceaux qui échappent à la construction bipartite : un chapitre (p. 195-213) qui reprend des textes majeurs de Veuillot et un témoignage rédigé par É. Poulat. Le tout est fort heureusement complété par une chronologie de la vie et de l'œuvre de Veuillot, d'une présentation des sources et un index onomastique qui s'avère très utile.
Malgré le fait que cet ouvrage n'a pas éveillé chez moi autant d'intérêt que la biographie de Le Roux signalée plus haut, en raison de son caractère trop descriptif, je croyais utile de signaler aux lecteurs éventuels, aux étudiants surtout, l'importance de cet ouvrage qui nous présente un monument du catholicisme du XIXe siècle. En effet, il ne faut pas sous-estimer l'influence de Veuillot au Québec et sur le catholicisme québécois, au siècle dernier, mais aussi au cours du présent siècle. D'abord, L'Univers avait ici une pénétration importante qu'il faudrait arriver à évaluer avec plus de précision. Le journal était reçu, lu, et il orientait les idées politiques des catholiques ultramontains ou des partisans du parti du Dieu, de l'Église, du pape et du peuple, pour reprendre les expressions de Pierrard. Il importe, si l'on veut comprendre le présent, de connaître, au moins un peu, d'où l'on vient. Ce n'est pas en refoulant dans notre passé le catholicisme intransigeant et de combat bien représenté par Veuillot, ou en le caricaturant sans en avoir l'intelligence, que nous serons à même de saisir le devenir du catholicisme à notre époque. Par ailleurs, Veuillot, laïc, écrivain et journaliste, acteur influent, à coup sûr plus que certains évêques, a probablement inspiré bien des vocations, au XIXe siècle, siècle d'or du journalisme, dans ce que l'on appelait, à l'époque, le Canada français. Philippe Sylvain l'a déjà rappelé dans son article sur « Cyrille Boucher, disciple de Louis Veuillot ». On sait également, qu'à l'époque, les articles de L'Univers étaient largement repris dans des journaux canadiens. Cela est trop souvent négligé ou trop méconnu, au moins en théologie, où l'on prétend trop souvent, et à tort, que les laïcs catholiques ne jouaient aucun rôle dans l'Église, avant la montée de l'Action catholique, voire avant Vatican II. On aurait avantage à reprendre les études de P. Savard, R. Durocher et d'autres encore sur le rôle des laïcs, journalistes catholiques, et sur le rôle d'autres laïcs intransigeants, F.X. Anselme Trudel notamment, au cours des XIXe et XXe siècles au Canada. De nouvelles études seraient bienvenues sur le journalisme catholique au Canada français, notamment sur Le Courrier du Canada et Le Nouveau Monde.
Il s'agit donc d'un ouvrage utile dont le mérite principal est de stimuler la recherche, aujourd'hui négligée, sur les laïcs dans l'Église au XIXe siècle et sur le catholicisme intransigeant qui a marqué le Québec à cette époque.


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