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TH n°020 SOPHRONE DE JÉRUSALEM. VIE MONASTIQUE ET CONFESSION DOGMATIQUE

TH n°020 SOPHRONE DE JÉRUSALEM. VIE MONASTIQUE ET CONFESSION DOGMATIQUE

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Date d'ajout : mardi 06 juin 2017

par A. PATFOORT

ANGELICUM, 1975, 2

Cette attachante monographie sur Sophrone de Jérusalem intéresse à la fois la patristique et la théologie. La patristique, parce que viennent en considération des problèmes d'identification de personnages (y a-t-il deux ou un seul Sophrone ?), d'authenticité de textes, de jeux d'influences. La théologie, parce que l'A. s'intéresse avec ferveur aux réalités objectives qui sont contemplées et confessées par le patriarche, très spécialement la distinction et la « synergie » des opérations divine et humaines du Christ, et parce qu'il propose de voir dans l'oeuvre de Sophrone une sorte de paradigme du travail théologique.
Sophrone de Jérusalem mène son combat pour la foi à propos de la question du monoénergisme, et, par la force des choses, c'est tout le problème christologique qui est évoqué, sans oublier - c'est aux yeux de l'A. son mérite et sa valeur exemplaire - les racines du mystère christologique dans celui de la Trinité, du « conseil trinitaire », ni son rayonnement dans la divinisation (terme d'ailleurs très rare chez Sophrone) du chrétien. Il a été lui-même moine, et son intervention se fait sous forme de confession de la foi, confession précise, ordonnée, cohérente, ce qui permet de parler de théologie, quoique sans développements rationnels autonomes, en quoi Chr. von Sch. voit à juste titre un signe de la fécondité de la contemplation et de la nécessité pour la théologie de rester toujours en symbiose avec la Tradition vivante.
L'ouvrage se développe selon le plan classique. Une première partie (brève, pp. 11-49) décrit le milieu et les antécédents, et souligne l'enracinement ecclésial et monastique, tout baigné de sainteté, de la tradition dans laquelle s'insère et dont hérite Sophrone. Un chapitre raconte ensuite les péripéties de la vie du patriarche et les situations dramatiques auxquelles il fut affronté (pp. 51-98). Le chapitre suivant passe en revue les œuvres (pp. 99-117). Le plat de résistance est évidemment le chapitre III de la IIe partie : la théologie de saint Sophrone (pp. 119-238) y sont examinés : le « conseil trinitaire » comme source du dessein de l'économie (pp. 119-137, avec des considérations en un deuxième temps, pp. 137-156, sur ce que l'Occident appellerait le péché originel), l'économie du Fils (pp. 157-224), avec, en particulier, la réponse au monoénergisme, pour laquelle l'A. donne la traduction intégrale et un commentaire de la partie centrale de la Synodique de Sophrone (pp. 201-224), et enfin la divinisation du chrétien (pp. 225-238).
L'ouvrage, disions-nous, est attachant. Il sera aussi salutaire. Pourtant le théologien parfois hésite, s'interroge, est tenté de se laisser aller à l'agacement. A cause, par exemple, de l'usage surabondant de l'adjectif hypostatique et de certaines considérations sur les rapports entre hypostase et nature. Sans contester, bien au contraire, que chaque Personne de la Trinité exerce et vit souverainement l'activité commune selon la position et la relation qui la caractérise en Dieu, on se demandera si tous ces adjectifs sont bien le fait de Sophrone et si l'interprète n'accorde pas à l'hypostase des principes d'activité distincts de sa (ou de ses) nature(s), attribuant à Sophrone une métaphysique, voire une scolastique, à laquelle il n'a pas pensé ; on voudrait à tout le moins des citations plus topiques. De même pour l'expression « antinomie apophatique » (pp. 127 et 130) ; pourquoi ne pas dire : mystérieuse, ou, avec Sophrone : « paradoxale et stupéfiante » ?
Pour le fond, nous nous demandons également si S. Sophrone entend bien parler de la volonté et de la liberté humaines du Christ dans les passages cités pp. 205-207 et 209, même lorsqu'il est dit : « il acceptait aussi, une fois homme, ces choses de plein gré », et si le commentaire des pp. 217-224 n'est pas en porte-à-faux. De même, lorsque Sophrone parle de la « communion » dans laquelle opèrent nature humaine et nature divine en Jésus, entend-il par là autre chose que l'appartenance des deux types d'opérations au même et unique Christ et le fait que l'opération humaine n'est pas « consumée » par l'opération divine (cf. pp. 202 et 215) ?
L'A. enfin semble bien près de disqualifier toute instance directement rationnelle, critique, exégétique, spéculative, de la mise en œuvre théologique ; il accumule les termes péjoratifs : les impasses d'une spéculation abstraite (p. 215), catégories déchues (p. 127), la logique de la nature déchue (p. 166), notions préétablies (p. 212); il déclare : la recherche des raisons ... est une marque de la chute (p. 163), et la théologie n'est pas affaire de discussion, mais d'adoration et de confession (p. 166). Il est pourtant bien obligé de reconnaître que son modèle fait appel aux « propriétés essentielles des diverses natures », à la « raison essentielle » (logos) de chaque nature (p. 207). Ajoutons que Sophrone se réfère explicitement, comme à des mises en œuvre à mener chacune en son temps, aux déclarations des « experts » en fait de réflexion sur natures et opérations (p. 204) et aux labeurs de « ceux qui ont la science de Dieu ( ... ) et qui nous ont préparé une intelligence divine » (p. 207).
Ces quelques réserves n'enlèvent rien à la richesse religieuse, ni à la valeur théologiquement stimulante de l'ouvrage, auquel nous souhaitons beaucoup de lecteurs.


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