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TH n°113 LE PÉCHÉ DIT ORIGINEL

TH n°113 LE PÉCHÉ DIT ORIGINEL

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Date d'ajout : samedi 17 octobre 2015

par J.-M. MALDAM�

REVUE : BULLETIN DE LITTÉRATURE ECCLÉSIASTIQUE, juillet 2002

C'est avec courage que Gérard-Henry Baudry aborde la question fort délicate du "péché originel" dont tout le monde s'accorde à dire qu'il doit être repensé à cause des déplacements des connaissances bibliques et scientifiques. La distance par rapport à l'image habituelle est présente dans le titre de l'ouvrage qui parle du "péché dit originel". La lecture de l'ouvrage le confirme. Mais la modestie du propos et la prudence avec laquelle l'auteur présente ses convictions ne doivent pas faire méconnaître qu'il y a là un traité fondamental sur la question, tant par la qualité de la documentation que par l'organisation de la pensée.
La première partie est une étude biblique. Elle commence par expliciter la richesse de la notion biblique de péché (chap. I) ; puis elle se poursuit par une étude sur le péché d'Adam et Ève dans la Bible (chap. II). L'auteur commence par la Genèse, les textes de Sagesse, les épîtres de Paul, pour relever que les évangiles ne parlent pas d'Adam : "Ce silence des évangiles et autres lettres apostoliques, venant après l'enseignement de Paul, nous incite à porter un regard critique sur la théologie postérieure du péché héréditaire" (p. 43).
La deuxième partie rassemble plusieurs études historiques. La première est une étude des pseudépigraphes de l'Ancien Testament. Cette étude est importante car ces textes peu connus forment "un patrimoine culturel […] commun aux juifs comme aux chrétiens, qu'il serait peu scientifique d'ignorer". L'importance des textes vient surtout du fait que c'est ce fond non canonique qui a servi de base aux spéculations ultérieures sur le péché. L'auteur en donne des éléments chez les Esséniens (chap. III), Philon d'Alexandrie (chap. III), Didyme l'aveugle (chap. IV) et dans l'iconographique paléo-chrétienne. Le dernier chapitre de cette partie historique aborde la manière dont la question du péché originel s'est posée au Concile Vatican II. L'article donne le texte du document préparatoire, texte dont G.-H. Baudry note le caractère conservateur et antimoderne (p. 195). Ce schéma fut écarté. La question du péché originel n'a pas été abordé directement, mais de manière indirecte. L'auteur en fait le relevé dans Lumen gentilum, dans Gaudium et spes et dans Dei verbum. L'interprétation historicisante des récits bibliques, réduite au minimum, est écartée. Il analyse ensuite la demande de Paul VI inaugurant les travaux d'une commission qui n'a rien pu conclure de définitif. Le chantier reste donc ouvert.
La troisième partie de l'ouvrage rassemble des études diverses. Les deux premières sont des études du texte de la Genèse. La première sur la signification des deux arbres du Paradis ; la seconde est une étude de la figure d'Ève qui se prolonge chez les pseudépigraphes et chez les premiers Pères. Sur ce point un changement radical est apparu dans la pensée chrétienne qui ne saurait voir dans la révélation une raison de mépriser les femmes. La troisième étude porte sur le thème du retour d'Adam au Paradis, qui permet de donner une représentation imagée du salut. L'auteur note que l'étude des textes invite à ne pas prendre cette représentation au pied de la lettre, mais à bien voir comment le personnage d'Adam permet de dire l'universalité du salut. Enfin une étude patristique aborde la question de la liturgie baptismale où le péché originel est utilisé pour justifier la nécessité du baptême des nouveau-nés. Il apparaît que la notion de péché originel n'apparaît plus dans le baptême des adultes et qu'elle a été introduite indirectement dans le rituel du baptême des petits enfants. On n'emploie pas le mot peccatum, mais le mot labes (p. 381).

Une longue annexe (p. 389-411) analyse la proposition faite par André Léonard de parler d'un "Adam métahistorique". G.-H. Baudry relève que la doctrine traditionnelle est entendue par cet ancien professeur dans le sens maximaliste, présentant comme faisant partie du dogme ce qui relève de la réflexion théologique. Pour faire face aux objections venues des sciences, A. Léonard a créé la notion d'Adam métahistorique. G.-H. Baudry fait remarquer qu'ainsi il se contredit, car si Adam n'est pas dans l'histoire, il n'est pas vraiment humain et donc sa faute ne concerne pas l'humanité présente. Il montre ainsi qu'à vouloir défendre l'historicité du récit de la Genèse, il construit un récit qui a pour effet d'écarter le réalisme de la faute et donc d'évacuer la pertinence de la notion traditionnelle de péché originel. La conclusion de G.-H. Baudry est qu'il faut savoir distinguer entre les registres de langage, ce qui permet de faire droit à la demande du pape Paul VI à la commission qui devait traiter du péché originel. Cela est possible en respectant la règle donnée par le pape Jean XXIII : "Autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme dans laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée."
L'ouvrage du P. G.-H. Baudry est loin d'être exhaustif puisqu'il n'y a rien sur saint Augustin et la réception de sa théologie dans l'Église latine. Mais il montre le chemin pour mettre en œuvre cette tâche. Il le fait avec lucidité et clarté. Comment ne pas s'en réjouir ?


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