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BB n°40 COUTUMES ET DROIT HERALDIQUES DE L'EGLISE précédé de L'Eglise en armes

BB n°40 COUTUMES ET DROIT HERALDIQUES DE L\'EGLISE précédé de L\'Eglise en armes

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Date d'ajout : samedi 06 octobre 2012

par Lucien FOUREZ

REVUE : Revue belge de philologie et d'histoire, année 1951 Volume 29


TEXTE 
Enfin, voici l'ouvrage tant attendu consacré à l'héraldique ecclésiastique ; car si les armoriaux des dignitaires de l'Église sont nombreux et plus nombreux encore les travaux consacrés à des points spéciaux de l'héraldique religieuse, de même que les chapitres dans les manuels du blason, où la matière est traitée panoramiquement et superficiellement, il n'existe aucun traité complet d'héraldique et de droit héraldique religieux. Fort heureusement, Mgr. Heim, qui est secrétaire à la Nonciature de Paris, vient de combler cette lacune et son ouvrage est appelé à avoir une très large diffusion, puisqu'il parut d'abord en langue allemande (Wappenbrauch und Wappenrecht in der Kirche, Ölten, Otto Walter 1947) et qu'il va être traduit en langue anglaise. Cette étude, de même que l'édition allemande, est précédée d'une préface du regretté et savant héraldiste suisse, D. L. Galbreath. L'A. a divisé son travail en six parties. La première de celle-ci (p. 13 à 31) rappelle l'historique de l'héraldique et du droit héraldique. L'A. adopte, avec raison, la thèse aujourd'hui de plus en plus admise, qui voit dans l'écu le signe d'identification du chevalier sur le champ de bataille, dès que celui-ci eut adopté le heaume fermé qui le rendit méconnaissable à ses compagnons d'armes. Il précise que « le droit héraldique de l'Église ne s'occupe que des marques de dignité des clercs, et ne s'intéresse aucunement à leurs écus armoriés » et que l'usage de armoiries ne s'est, vraiment répandu dans l'Église que vers le milieu du xiiie siècle soit un siècle environ après son apparition dans la chevalerie.
La deuxième partie est consacrée à l'emploi des armoiries dans les sceaux ecclésiastiques, par la Monnaie et les Postes vaticanes et dans l'art religieux (p. 33 à 50). Nous souscrivons entièrement à la constatation de l'A. qui déclare que « tant de négligence et de manque de goût sont malheureusement à déplorer en ce domaine où la plupart des réalisations sont dépourvues de toute valeur artistique » (p. 43). Cette remarque amère sera maintes fois répétée dans l'ouvrage. Puisse-t-elle émouvoir les autorités religieuses responsables.
Dans une troisième partie, beaucoup plus développée (p. 51 à 110), l'A., après avoir fixé la place du droit héraldique dans le cadre du droit canon et indiqué les rapports entre le droit héraldique ecclésiastique et le droit des insignes pontificaux, étudie chacun des insignes de dignité et dit comment on les acquiert et comment on les perd. Contrairement aux lois héraldiques laïques, les lois héraldiques de l'Église, ne s'appliquant qu'à l'emploi des insignes hiérarchiques dans l'art du blason, ne s'intéressent nullement à l'écu des ecclésiastiques qui sera soit celui de leur famille, soit celui inventé et adopté par eux. Le motu proprio « Inter multipliées curas » de Pie X, du 21 février 1905, est le document le plus important de la législation héraldique de l'Église.
La quatrième partie a trait à cette législation héraldique de l'Église et à sa valeur dans le droit canon contemporain, ainsi qu'aux cas d'application des lois héraldiques à tous les grades de la hiérarchie. L'héraldique religieuse était réglée par des coutumes et des lois avant la rédaction du code de droit canon ; aussi ce dernier n'en parle pas. Il n'y a aucune loi générale, mais seulement des décrets qui s'échelonnent sur plusieurs siècles et ne visent que certaines particularités. Aussi ne faut-il pas s'étonner de ne pas trouver de règle générale, claire et limpide. L'A. insiste sur le fait que la croix sommant l'écu est réservée à l'ordre épiscopal et que les abbés nullius et abbés mitres doivent porter la crosse ornée du voile (sudarium) ; il signale un autre abus fréquent : les abbés et prévôts mitres n'ont droit à la mitre précieuse que si elle leur a été spécialement concédée.
Une cinquième partie assez brève (p. 147 à 157) résume l'héraldique dans les Églises orientales unies au Saint Siège et donne des conseils fort utiles aux ecclésiastiques pour la création de leurs armoiries. Il faut, dit avec raison Mgr Heim, éviter de placer dans l'écu des images pieuses, des lettres ou des textes, ainsi que de surcharger le champ du blason. Celui-ci doit être simple et harmonieux. Il existe des spécialistes. Pourquoi ne pas s'adresser à eux.
L'ouvrage se termine par une sixième partie qui contient la publication de 18 documents importants, dont la Constitutio Apostolica d'Innocent X, du 19 décembre 1644, le Motu proprio de Pie X, du 21 février 1905, et la Constitutio Apostolica de Pie XI du 15 août 1934, et par une bibliographie des sources et des travaux assez complète. Un index alphabétique des principales matières traitées clôture ce beau livre, qui est orné de 19 planches en couleur et de quelques dessins dans le texte, le tout de la composition de ΓΑ., qui donne des types contemporains des blasons des différents degrés de la hiéarchie religieuse. Le style adopté par Mgr Heim pour l'exécution de ces armoiries est surtout celui en honneur dans les pays germaniques.
En résumé, on peut dire que l'A. a doté l'Église d'un ouvrage synthétique sur l'héraldique et le droit héraldique religieux qui doit être considéré comme le vade mecum des dignités ecclésiastiques. Le style clair, la répartition des matières selon un ordre logique, l'examen des différents problèmes juridiques et leur étude d'après les textes, les nombreux conseils pratiques judicieusement donnés assurent à cette étude tout le succès qu'elle mérite. On doit savoir bon gré à VA. d'avoir attiré l'attention des autorités religieuses sur le choix désastreux de nombreux blasons ecclésiastiques qui souvent « marquent un défi à toutes les règles de l'héraldique, voire même du simple bon goût ». Aussi Mgr Heim suggère, bien à raison, l'idée de contrôler et d'enregistrer les nouvelles armoiries des prélats obligés par le droit canon à employer des sceaux publics.
Qu'il nous soit permis de faire deux remarques de détail. Au début de son livre, l'A. déclare que d'après son évolution historique, l'héraldique peut se diviser en trois périodes :
1) l'héraldique guerrière, xiie et xiiie siècles,
2) l'héraldique des tournois, xive et xve siècles,
3) l'héraldique ornementale, depuis le xvie siècle.
Les deux premières périodes constitueraient l'héraldique vivante, la troisième, l'héraldique morte. Nous croyons que cette division est un peu trop schématique et simplifiée et qu'il faudrait dire que les deux premières périodes furent aussi celles de la sigillographie. Car, tout d'abord, bien vite le blason, de moyen d'identification sur le champ de bataille, devint un moyen d'identification et d'authenticité des actes, dans les sceaux. Ensuite, l'héraldique bourgeoise, l'héraldique féminine, l'héraldique religieuse, l'héraldique des communautés ne furent jamais guerrières, bien que leur apparition et leur développement remontent au xiiie siècle. À Tournai, par exemple, au cours du dernier quart du xiiie siècle, l'héraldique bourgeoise était très répandue et parfaitement organisée, les brisures de cadet étant scrupuleusement observées. Enfin, dès le début du xive siècle, les supports apparurent dans les sceaux ; or, à aucun moment, ils n'appartinrent à l'héraldique vivante, puisqu'ils ne furent jamais réellement employés.
Nous nous permettrons également de relever un des conseils que donne l'A. in fine de son ouvrage : « L'artiste, dit-il, a toute liberté pour déterminer la disposition des timbres, la façon des chapeaux et des glands, les entrelacs des cordons, etc.. ». Ceci est exact lorsque l'artiste veut faire du « moderne » ; mais souvent les styles modernes s'accomodent mal avec l'héraldique. Ce qu'il faut surtout recommander aux artistes, c'est de respecter les styles et de ne pas mettre, par exemple, un chapeau de style Renaissance sur un écu gothique. Quant à la forme de l'écu, comme chaque pays a adopté une forme spéciale, il est préférable de respecter celle-ci.
Mais ce ne sont qu'observations de détail et tout à fait secondaires, qui ne peuvent diminuer l'excellente impression que laisse cet ouvrage lorsqu'on achève sa lecture. Les « Coutumes et Droit héraldiques de l'Église » rendront les plus précieux services non seulement aux dignitaires ecclésiastiques et aux héraldistes, mais aussi aux historiens, aux artistes et à toute personne cultivée qu'intéressent l'Histoire et les Arts.


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