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LEOŠ JANÁČEK, JEAN SIBELIUS ET RALPH VAUGHAN WILLIAMS. UN CHEMINEMENT COMMUN VERS LES SOURCES

LEOŠ JANÁČEK, JEAN SIBELIUS ET RALPH VAUGHAN WILLIAMS. UN CHEMINEMENT COMMUN VERS LES SOURCES

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Date d'ajout : dimanche 29 janvier 2012

par Gauthier Coussement

Cahiers du Mouvement Janacek n°63 de décembre 2011

Dans le précédent Cahier 62, nous avions annoncé la sortie du livre de notre membre James Lyon mais, reçu peu avant l’impression du Cahier, il n’était guère possible de le lire et d’en faire un commentaire dans un laps de temps aussi court. D’autant que ce livre est une immense somme de plus de sept cents pages : cinq cents pages de texte dense, quatre-vingt-dix pages de « dictionnaire biographique » aussi diversifié que bienvenu. auquel il faut ajouter quatre-vingts pages de notes hors texte (pour ma part, je préfère les notes en bas de page). Enfin, la relecture a été d’une parfaite précision : les mots tchèques – souvent maltraités – sont parfaitement accentués.

Une mine d’or
C’est à mon sens le terme qui convient pour qualifier son intérêt. Car non seulement l’ouvrage vient combler une lacune dans l’édition musicologique en français (en l’occurrence Ralph Vaughan Williams sur lequel il n’existe rien de sérieux et l’on comprendra donc mieux que ce compositeur bénéficie d’une étude plus approfondie que les deux autres) mais il ouvre aussi un chapitre mal connu et certainement mal apprécié des études musicales en France à la différence de l’Angleterre. Il s’agit de l’hymnologie dont l’auteur précise les contours et dans laquelle il fait œuvre de pionnier. L’hymnologie, dont il n’est pas inutile de rappeler la définition, est la discipline critique de la musicologie ayant trait aux origines de l’hymnodie, dont elle systématise, analyse et classe le contenu. Elle s’est développée dans les pays anglo-saxons et germaniques mais reste peu (re)connue en France. Elément important, l’hymnologie ne se limite pas aux chants religieux et encore moins aux hymnes nationaux. Le champ de la définition est complété dès l’avant-propos du livre : « L’hymnologie envisage l’étude de la mélodie et de ses modes à travers toute l’activité humaine, sacrée aussi bien que séculière. »

Plusieurs lectures
Quel que soit le penchant du lecteur, il trouvera un niveau de lecture approprié. Hormis les itinéraires biographiques croisés qu’il faut à l’évidence lire avant tout, on peut sans risque de confusion, comme c’est le cas pour les ouvrages de référence, passer d’une partie ou d’un compositeur à l’autre. J’ai moi-même lu l’ouvrage dans le plus complet désordre, en commençant par Sibelius qui vient en second pour terminer par Janáček qui vient en premier. La cohérence de l’exposé n’en souffre nullement. La clarté de division des chapitres permet par la suite d’arriver rapidement à l’analyse de chaque œuvre choisie pour illustrer le propos. Ces choix ne sont pas anodins : Jenůfa et La Petite Renard Rusée ; La Fille de Pohjola et le cycle de Lemminkäinen pour Sibelius ; tandis que les deux cent cinquante pages réservées à Ralph Vaughan Williams, tout en parcourant l’ensemble de sa production musicale, font la plus grande place à The Pilgrim’s Progress, œuvre que le compositeur tint sur le métier pendant près de cinquante ans. Cette partie donne aussi un panorama de la vie musicale anglaise de l’époque des collecteurs. On notera au passage que l’auteur montre combien en Angleterre les réseaux associatifs musicaux étaient bien développés, comme dans les pays germaniques.

Reste encore à se poser la question du choix des compositeurs Janáček, Sibelius et Vaughan Williams. Est-ce réducteur ou ces compositeurs sont-ils réellement emblématiques de l’étude et de l’utilisation des sources ? L’auteur justifie son choix et on comprend son approche. Tout a été dit sur la collecte et l’utilisation des musiques populaires par Bartók et Kodaly. Beaucoup sur Janáček, peu sur Sibelius (en français, du moins) et rien du tout sur Vaughan Williams (en français toujours et, rappelons que Ralph Vaugh Williams est tout autre chose que le compositeur de la Fantaisie sur Greensleeves !). Or précisément la réponse se trouve dans leurs différences et leur complémentarité, ils « ont puisé objectivement dans les sources en toute connaissance de cause.[…] Ils ont attribué au mode mélodique [plus loin : « La mélodie considérée comme un mythe sonore »], alors oublié, sa véritable nature et sa dimension émotive. Leurs vastes cultures respectives s’identifient aisément à travers des partitions qui atteignent néanmoins à l’universel ; ce faisant, elles ne s’enferment pas dans une sorte de sentimentalité musicale qui pourrait correspondre à la formulation d’un regret, d’une nostalgie de tel ou tel paradis sonore perdu. Tous trois étaient intéressés par la connaissance du psychisme humain. Enfin, ils ont défendu et valorisé les traditions inhérentes à trois langues imprégnées de poétique : le morave, le finnois et l’anglais. Ils ont partagé encore leur non-conformisme à travers un agnosticisme déclaré. » Cependant que tous les trois étaient animés d’une profonde spiritualité. Ils partageaient aussi l’absence de tout dogmatisme esthétique. Se connaissaient-ils ou appréciaient-ils la démarche les uns des autres ? Janáček manqua Vaughan Williams à Londres et Sibelius ne rencontra pas Janáček à Prague. Sibelius et Vaughan Williams se sont écrit dans un français hésitant.

Vaughan Williams mis à l’honneur
A défaut d’une monographie sur Vaughan Williams, on trouvera donc ici un véritable plaidoyer contre ses détracteurs l’accusant de n’être qu’un folkloriste (malgré le sérieux du travail accompli par le collecteur) et pour mettre ce compositeur à la place qu’il mérite dans l’esprit des mélomanes français. La gestation lente de ses œuvres fut une de ses particularités. Sibelius est mieux connu de nous. Chez lui, à l’inverse des deux autres compositeurs, l’opéra n’est pas l’aboutissement des recherches et du patriotisme. Il a comme ‘outil’ le Kalevala qui n’est pas une épopée ancienne mais le résultat lui aussi d’une collecte large et variée au 19ème siècle.


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