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09. LES CONJECTURES

09. LES CONJECTURES

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Date d'ajout : samedi 16 juin 2012

par Marc Parmentier

REVUE : Methodos [En ligne], 12/2012

1. Cette oeuvre majeure de Nicolas de Cues, aussi essentielle que la Docte Ignorance bien que moins connue, est, selon les termes de Jocelyne Sfez, un « Discours de la méthode ». Elle expose en effet une méthode novatrice pour atteindre le vrai, à partir de l'explicitation de sa racine métaphysique.
2. L'ouvrage suit inlassablement les deux mouvements inséparables de progression de l'unité dans l'altérité et de retour de l'altérité vers l'unité. L'unité infinie, divine, absolue, est en elle-même inatteignable. Elle ne peut être atteinte dans sa « précision » mais seulement par l'intermédiaire de l'altérité. Symétriquement l'altérité ne peut être saisie en elle-même, mais seulement par l'intermédiaire de l'unité. Telles sont les contraintes ontologiques obligeant l'esprit humain, sans proportion avec le savoir divin, à ne viser le vrai que par « conjectures », soit « des assertions positives qui participent dans l'altérité à la vérité, telle qu'en elle-même ».
3. Ce double mouvement fait apparaître les rapports qu'entretiennent les quatre régions de la pensée : l'intellect est l'altérité de l'unité infinie, divine, absolue ; la raison est l'altérité de l'intellect ; le sensible est l'altérité du rationnel.
4. En résulte une figuration symbolique du tout comme une vaste circonférence enveloppant trois cercles. Mais il faut encore concevoir que chacun de ces cercles intermédiaires enveloppe lui-même trois autres cercles intermédiaires, enveloppant eux-mêmes trois petits cercles (27 au total) où s'achève la progression de l'unité et où s'amorce son mouvement de « retour ».
5. Cette « figure universelle »  constitue un schéma de compréhension universellement applicable, une « clé » donnant accès au secret de toutes choses.
6. Il en va de même d'une autre représentation symbolique, « paradigmatique », figurant les degrés de progression de la lumière dans l'obscurité. L'unité absolue est en effet comparable à la lumière, l'altérité à l'obscurité.
7. Tels sont les instruments de la méthode générale que Nicolas de Cues cherche à fonder.
8. Considérons l'âme humaine par exemple. Si on la symbolise par le cercle, la figure universelle fera apparaître ses différentes régions ou « parties virtuelles » : intellectuelle, rationnelle, sensible. Elle fera également apparaître que la vérité du sensible réside dans l'unité rationnelle, la vérité du rationnel dans l'unité intellectuelle, la vérité de l'intelligence dans l'unité absolue, mais aussi que le rationnel ne peut se développer et s'actualiser que dans le sensible.
9. Si nous nous intéressons au monde physique, la figure universelle montre que les quatre éléments sont des composés (il ne saurait exister de simplicité absolue ni d'élément indécomposable en dehors de l'unité absolue) mais met également en évidence leurs rapports d'enveloppement réciproques.
10. Mais toutes les conjectures ne se valent pas. Il faut différencier les conjectures sensibles, confuses, les conjectures rationnelles, vraisemblables, enfin les conjectures intellectuelles, qui « vont vers le haut » et envisagent les êtres sous l'angle de l'unité absolue. Dès lors, l'application de la méthode générale ne vaut que si elle se plie à la spécificité de la région sur laquelle elle porte.
11. Ainsi est-ce à la raison qu'il revient de fonder les vérités arithmétiques et géométriques. Leur démonstration repose sur l'incompatibilité des opposés qui caractérise la raison par opposition à l'intellect : « ...la racine de toute assertion rationnelle est la suivante, à savoir, la coïncidence des opposés est inatteignable ». Ou encore : «  Tout ce que l'on démontre être vrai est tel parce que, si ce ne l'était pas, on en inférerait une coïncidence des opposés, et ce serait sortir de la raison ».
12. De ce schéma de démonstration découlent, entre autres, l'irrationalité de la diagonale du carré ou encore du rapport du cercle à son diamètre.
13. La traduction de J. Sfez, établie à partir de l'édition scientifique établie en 1972 par  Josf Koch, et revue en 1986, est d'une complète limpidité et surmonte aisément, en l'explicitant parfois, la complexité d'un texte latin remanié à de nombreuses reprises.
14. L'ouvrage renferme également une très riche bibliographie et un très utile glossaire où se trouve, entre autres, expliquée et savamment  commentée la différence entre alteritas et alietas, deux termes distingués par Cues bien que d'ordinaire indifféremment traduits par « altérité ».
15. On attend avec impatience le commentaire annoncé par Jocelyne Sfez, à paraître chez le même éditeur.


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