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BB n°38 LE GOUT DE L'EXCELLENCE

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Date d'ajout : samedi 03 novembre 2012

par Bruno POUCET

REVUE : Carrefours de l'éducation, 2011/2 - n° 32

AUTEUR : Bruno Poucet, université de Picardie Jules-Verne

TEXTE :
Il existe de nombreux ouvrages sur les jésuites, mais peu de synthèses ont été publiées sur l’éducation jésuite depuis la naissance de la Compagnie jusqu’à nos jours. Aussi peut-on dire que cet ouvrage est bienvenu. Toutefois, il ne faut pas en attendre plus que ce qu’il peut apporter : c’est une synthèse qui s’appuie sur nombre de travaux antérieurs, il ne s’agit pas, à proprement parler, d’un ouvrage de recherche inventant de « nouvelles sources archivistiques », mais d’un ouvrage de diffusion de la connaissance actuelle de bonne tenue même s’il n’évite pas toujours quelques erreurs dans le détail. Le livre est bien écrit et, ce qui ne fait qu’en faciliter la lecture, très bien présenté : des conclusions intermédiaires permettent de dresser un état de la réflexion auquel Philippe Rocher est parvenu. Regrettons simplement qu’une véritable bibliographie ne soit pas faite et que les ouvrages cités dans les annexes ne soient pas toujours référencés de façon précise de même que les sources orales auxquelles il a fait appel qui n’apparaissent pas dans le corps du texte lui-même : y a-t-il eu véritablement une enquête ? Ces remarques formulées, il est possible de tirer un certain profit de cet ouvrage.
Le livre comporte deux parties comprenant chacune trois chapitres, même si la seconde est nettement plus développée que la première. Des annexes nombreuses accompagnent le texte et proposent à la lecture un certain nombre de documents dont certains sont peu faciles d’accès, des tableaux statistiques avec notamment une liste des collèges jésuites actuellement en fonction en France. On regrettera que le référencement de nombre de ces documents soit la plupart du temps incomplet.
La première partie est consacrée à ce que l’on appelle traditionnellement « l’ancienne Compagnie ». L’auteur souligne, ce que l’on ne montre pas toujours assez, que l’éducation jésuite est née en France : c’est bien le modus parisiensis qu’Ignace de Loyola reprend à son compte lorsque la demande éducative est trop forte pour ne plus se limiter à la formation des futurs missionnaires que sont les jésuites. L’université de Paris est le lieu de formation d’I. de Loyola et des premiers compagnons : c’est ce modèle qui va être exporté dans l’ensemble des établissements jésuites de France et d’ailleurs, modèle adapté et transformé. La ratio studiorum de 1598 qui décrit non seulement méthodes et programmes, mais également l’organisation des établissements, sera en effet objet d’une longue maturation, de nombreux essais seront soumis aux différents pédagogues avant d’être adoptés comme loi des collèges. Et ce pour plus de trois siècles, en dépit des ajustements dus aux circonstances, notamment au xixe siècle. D’emblée, la Compagnie de Jésus a imposé que les futurs pères acquièrent une véritable compétence professionnelle : non seulement intellectuellement – la formation qui parcourt les cycles des humanités est assez longue pour apporter les compétences nécessaires en lettres, en philosophie et en théologie – mais également pédagogiquement : un long temps de préparation au côté des plus anciens, dans le cadre d’une alternance entre travail intellectuel et activité d’enseignement a été mis en place. Bref, pour être un enseignant qui se tient une double formation est nécessaire. L’auteur rappelle aussi que les collèges gratuits, n’ont pas été d’abord des internats. Enfin, la Compagnie est très tôt insérée dans le siècle et joue rapidement, en France, un rôle plus ou moins discret auprès du pouvoir royal notamment à partir d’Henri IV : nombre de jésuites ont été confesseurs des rois ou des princes. L’auteur souligne aussi que l’enseignement de sciences a été davantage présent, même si les humanités, notamment le latin et le grec, restent des disciplines essentielles et si l’adaptation aux idées et aux réalités éducatives du temps des Lumières est difficile. D’où les querelles qui aboutiront à une fragilisation de la Compagnie et à son interdiction en 1764.
La restauration de la Compagnie ayant lieu après la fin de la Révolution, cela laissera quelques traces lorsqu’il s’agira de prendre en compte la modernité et à la réalité politique. La Compagnie sera monarchiste et se trouve divisée pendant de longues années entre modérés et intransigeants, partisans de nul compromis avec le siècle. Des établissements secondaires seront de nouveau autorisés à partir de 1850 : ce seront des internats – le modèle du lycée napoléonien s’est imposé, mais également parce qu’ils ne parviennent pas à répondre à la demande. Très vite se posera la question de la manière de se situer par rapport aux programmes de l’État. L’auteur explique ensuite que les jésuites vont s’inscrire dans le courant de l’éducation nouvelle – c’est vrai pour une partie d’entre eux, c’est loin d’être le cas pour tous. Il y aura de fait des divisions au sein de la Compagnie sur les pratiques pédagogiques à adopter. L’auteur souligne, à juste titre, que les jésuites vont aussi investir dans une forme renouvelée d’éducation dans les différents mouvements de jeunes qui se développent dans les années 1930 en France : scoutisme, action catholique spécialisée, notamment auprès des lycéens et des étudiants, mais aussi dans le cinéma et la radio. Lorsque la loi Debré est votée en 1959, la Compagnie est prête à accepter le contrat d’association et sauf exception le signe. Parallèlement à cela, une réflexion de fond est menée sur la présence dans les collèges qui conduit à un retrait progressif de la Compagnie et à la mise en place d’un véritable partenariat avec les laïcs qui dirigent désormais les établissements moins nombreux. Le livre n’ignore pas les difficultés traversées par la Compagnie dans les années 1970, en particulier dans ses rapports avec Rome et la manière dont elle a su trouver des voies nouvelles pour être présente auprès de la jeunesse notamment universitaire en n’étant plus prisonnière d’établissements qui ne faisaient plus réellement son originalité. Se développe ainsi ce que l’on appelle l’éducation ignatienne et non plus jésuite : faute d’effectifs suffisants, les jésuites ne sont plus directement, sauf exception en première ligne dans les établissements scolaires, mais ils jouent un rôle encore important auprès de groupes divers qui ont une certaine influence sur la jeunesse aujourd’hui. En ce sens, c’est une forme de renouvellement.


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