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N°62 DOCTRINE SOCIALE DE L'ÉGLISE ET BIEN COMMUN

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Date d'ajout : mercredi 22 juin 2011

par Jean ROUVI�RE

Présent, 12 mai 2011


DOCTRINE SOCIALE, PRINCIPES ET APPLICATIONS

Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon depuis 2004, ancien professeur à l’Université de Strasbourg, est un des rares évêques de France à avoir une connaissance approfondie de la Doctrine sociale de l’Eglise et à publier des travaux sur le sujet. Il est d’ailleurs membre de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Cette Académie organise, chaque année, des colloques internationaux, dont les actes sont publiés par la Cité du Vatican, mais il faut convenir qu’ils n’ont pas une grande répercussion et restent ignorés, même de la plupart des médias catholiques.
Mgr Minnerath rassemble dans un volume les communications qu’il a faites à ces colloques romains ces dernières années, et d’autres textes ou conférences ayant le même objet. Il veut faire connaître la Doctrine sociale de l’Eglise, que l’auteur, de façon un peu minimaliste, définit comme « une clé de lecture de nos sociétés, de leurs avancées mais aussi de leurs échecs retentissants ».
Significativement, comme nombre d’auteurs ou de documents du Magistère de ces dernières années, Mgr Minnerath fait référence principalement à l’encyclique fondatrice de Léon XIII (Rerum Novarum, 1891) et aux encycliques-anniversaire qui l’ont suivie (Quadragesimo anno, de Pie XI, en 1931 ; Mater et Magistra, de Jean XXIII, en 1961 ; Centesimus annus, de Jean-Paul II, en 1991). Il cite souvent les autres encycliques sociales célèbres de ces dernières décennies : Populorum progressio, de Paul VI, en 1967, et Laborem exercens et Sollicitudo rei socialis, de Jean-Paul II, en 1981 et 1987, et Caritas in veritate de Benoît XVI, en 2009.
Pour être juste, il faut signaler qu’il fait référence, assez fréquemment, à des textes de Pie XII, mais on aurait pu s’attendre à trouver des citations d’autres encycliques et discours de Pie XI et, avant encore, référence aux textes de saint Pie X (notamment sur la question des syndicats).
Mgr Minnerath insiste souvent, dans ce livre, sur le rapport entre la Doctrine sociale de l’Eglise (DSE) et la loi naturelle. La DSE est, écrit-il, « une composante de l’enseignement moral de l’Eglise » et elle est « déductive par la référence aux principes tirés de la loi naturelle éclairée par la révélation » (p. 24).
L’auteur pourtant n’échappe à quelque contradiction. En effet, il affirme d’une part, avec grande clarté : « on ne peut que constater la continuité de la pensée de l’Eglise catholique pour qui la loi morale naturelle est la référence intangible des sociétés politiques comme de la conduite des personnes. Aucun pouvoir constitué n’est supérieur à cette loi » (p. 138). Mais c’est pour ajouter aussitôt : « La démocratie est le régime politique qui permet le mieux de la découvrir dans le débat contradictoire, et le respect des différences ». Le « débat » pour découvrir la loi naturelle ?
L’auteur est plus clair quand il écrit : « Dans son enseignement social, l’Eglise fonde ses principes universels sur la loi naturelle commune à tous les hommes » (p. 63). En ce sens, la doctrine sociale de l’Eglise est à l’opposé de l’idéologie individualiste, contractualiste et relativiste (p. 75).

Subsidiarité contre déresponsabilisation

« L’Eglise n’a pas de solutions techniques à offrir » disait Benoît XVI dans son encyclique sociale, Caritas in veritate (2009). Mgr Minnerath force la note, me semble-t-il, en affirmant que la doctrine sociale de l’Eglise n’est pas « prescriptive », qu’« elle ne propose pas de solutions concrètes à la variété des situations que rencontrent les hommes dans l’organisation et le fonctionnement de la société » (p. 27).
Pourtant, lui-même, donne des exemples d’application de la DSE, sur des questions non secondaires telle que le travail (p. 99-107) ou la mondialisation des échanges (p. 115).
Un des grands principes de la DSE est celui de la subsidiarité, que Pie XI a définie ainsi dans Quadragesimo anno : « De même qu’on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d’une manière très dommageable l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes. […] Que l’autorité publique abandonne donc aux groupements de rang inférieur le soin des affaires de moindre importance où se disperserait à l’excès son effort ; elle pourra dès lors assurer plus librement, plus puissamment, plus efficacement les fonctions qui n’appartiennent qu’à elle, parce qu’elle seule peut les remplir : diriger, surveiller, stimuler, contenir, selon que le comportent les circonstances ou l’exige la nécessité ».
On voit beaucoup de circonstances et de domaines où un tel principe peut s’appliquer. Les domaines qui ne peuvent relever que du seul Etat ne sont pas si nombreux. L’application du principe de subsidiarité favorise l’existence de corps intermédiaires et les initiatives de la société civile et des familles.
Mgr Minnerath, en utilisant l’expression curieusement d’ « Etat subsidiaire » (c’est-à-dire d’état qui met en application le principe de subsidiarité), montre justement combien un tel principe favorise l’équilibre : « L’Etat subsidiaire est volontariste. Il tente de freiner deux tendances naturelles mauvaises : celle des individus de demander le maximum de protection (Etat providence), celle du pouvoir d’envahir tous les domaines (Etat jacobin centralisateur). […] L’Etat subsidiaire se distingue de l’Etat providence (Welfare State). Ce dernier tend à prendre en charge tous les besoins de la société, en déresponsabilisant les instances intermédiaires. Sous prétexte d’égalité, l’Etat providence se méfie de l’initiative privée et associée. L’Etat subsidiaire favorise les prises de responsabilité aux échelons où les problèmes peuvent être résolus et se réserve d’intervenir à titre supplétif lorsque ces derniers ne sont pas capables d’assumer leur responsabilité ».
Sur des questions annexes à la DES, telle celle des droits de l’homme ou la démocratie comme évidence, on ne sera pas convaincu par les démonstrations de Mgr Minnerath. Pour le reste, on pourra lire ce livre avec profit.


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