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N°64 DAVID ET JONATHAN, HISTOIRE D'UN MYTHE

N°64 DAVID ET JONATHAN, HISTOIRE D\'UN MYTHE

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Date d'ajout : mercredi 27 avril 2011

par Dominique Greiner

La Croix, jeudi 14 avril 2011

Les riches interprétations de l'amitié entre David et Jonathan
La relation entre le fils de Saül et le berger David a fait l'objet de très nombreuses interprétations dans le champ religieux. La peinture, la musique, l'opéra, le cinéma se sont aussi emparés du mythe

« Jonathan, fils de Saül aimait beaucoup David », lit-on dans le second livre de Samuel. Sur la base de ce verset et de quelques autres, David et Jonathan sont devenus bien malgré eux des « icônes gays ». Leur amitié légendaire a en effet été relue par des mouvements homosexuels comme établissant que la Bible exalte l'amour entre personnes de même sexe. Et de fait, aujourd'hui, aucun exégète ne peut aborder le cycle de Samuel sans se poser la question de savoir si David et Jonathan étaient vraiment « gays ». Mais cette focalisation contemporaine sur l'orientation sexuelle des deux amis a pour effet d'occulter la richesse des interprétations de ce texte faites depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, comme le montrent les diverses contributions de cet ouvrage dirigé par Régis Courtray, maître de conférences à l'université de Toulouse-Le Mirail.
Les Pères de l'Église ont interprété la relation entre David et Jonathan comme l'image d'une amitié exemplaire, profonde et désintéressée. Déjà, avant eux, Flavius Joseph, l'historien juif du ler siècle, avait réécrit le récit biblique en s'intéressant surtout à l'amitié du point de vue politique. Au Moyen Age, le moine anglais Aelred de Rievaulx recourt à l'épisode biblique pour justifier les larmes qu'il verse sur la mort de son ami Simon. Les modernes abordent le texte moins du point de vue de l'amitié que de celui de la politique: « Le but est d'expliquer pourquoi Jonathan ne trahit aucun des deux rois. »
L'histoire de David et Jonathan a aussi été saisie par l'art. En peinture. les similitudes sont frappantes entre L’adieu de David à Jonathan et le fameux Retour du fils prodigue de Rembrandt. « Les deux couples unis, le père et le fils, ou le prince et le berger, illustrent certes des réalités théologiques différentes mais laissent deviner, derrière les émotions humaines, la force d'un mystère divin qui passe par le contact charnel et les émotions », écrit Michel Tlrado. « Rembrandt fait de l'histoire de David et Jonathan une parabole sur la souffrance de la séparation, qu'elle soit temporaire et définitive », commente Régis Burnet. La littérature, la musique et l'opéra (Charpentier. Haendel, Carl Nielsen, Arthur Honegger, Darius Milhaud), le cinéma se sont aussi emparés de cette amitié qui continue de fasciner. Toute reprise du mythe conclut Anne-Marie Lefebvre, est en fin de compte une tentative « pour redéfinir l'amour dans un monde moderne de plus en plus obsédé par la rentabilité, les rivalités, la vitesse, la violence... et assoiffé d'un hypothétique retour aux sources, à une simplicité et a une pureté, précisément "biblique "».
Certes, ces interprétations n'évacuent pas la question de l'orientation sexuelle des deux amis. Mais elle ne doit pas orienter la lecture, souligne d'entrée de jeu Philippe Lefebvre. Le bibliste invite à lire le texte dans sa totalité pour comprendre la signification d’une amitié improbable entre le petit berger sacré roi d'lsraël et le prince héritier, fils du roi Saül. Les deux hommes, relève-t-il se rencontrent dans un contexte de crise de la royauté – Jonathan est un roi qui ne règne pas et David est un roi contesté – et se reconnaissent mutuellement : « David plaît à Jonathan parce que Jonathan prend le parti des gens qui militent pour la libération du peuple, qui marchent avec Dieu, qui ne ménagent pas leur peine.» Dans un monde en déficit d'hommes, mais aussi de pères, Jonathan voit en David « un homme comme lui-même en est un ». Leur amitié, qui se manifeste par des formulations et des gestes forts, répond aux meurtres fomentés par Saül, et a de fait une résonance politique et sociale. Celle-ci, note encore le bibliste, risque d'échapper au lecteur qui surinvestit le texte biblique en considérant la sexualité comme le mode d'expression privilégiée de l'amour. Or, les récits concernant David et Jonathan montrent « qu'il y a d'autres manières de vivre une affection intense ».


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