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BB n°30 LE PERE JOSEPH REY serviteur de l'enfance défavorisée. Une expérience d'insertion au XIXè siècle

BB n°30 LE PERE JOSEPH REY serviteur de l\'enfance défavorisée. Une expérience d\'insertion au XIXè siècle

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Date d'ajout : samedi 17 octobre 2015

par G�rard CHOLVY

REVUE : ESPRIT ET VIE, 1997

Depuis la thèse pionnière de J.-B. Duroselle sur Les débuts du catholicisme social en France, un certain silence était tombé sur les œuvres inspirées par le zèle des chrétiens, catholiques ou protestants, sensibles aux diverses formes de pauvreté engendrées par les aléas de l'existence, l'urbanisation et l'essor du machinisme industriel. Ce silence s'explique en partie par le discrédit qui concernait les « institutions » en général. Mais voici que, depuis quelques années, une génération de jeunes historiens s'intéresse à nouveau aux réalisations du XIXe siècle. Au surplus, des ouvrages généraux y invitent, tel celui de J.-G. Petit, Ces peines obscures. La prison pénale en France (1780-1875), Fayard, 1990. En 1994, C. Carlier a publié, aux Éditions de l'Atelier, La prison aux champs. Les colonies d'enfants délinquants du nord de la France au XlXe siècle.
C'est au confluent de l'histoire religieuse proprement dite, de 1'histoire sociale et de 1'histoire régionale, que se situe Eric Baratay. Dans un ouvrage très solidement documenté, l'A. fait une nouvelle fois la preuve (après sa thèse L'Église et l'animal, XVIIIe-XXe siècles, publiée au Cerf en 1996) de sa parfaite maîtrise des données générales concernant le sujet abordé.
Orphelin d'une famille pauvre, le Père Joseph Rey s'est trouvé toute sa vie naturellement proche du monde des travailleurs manuels, ceux des champs comme ceux des ateliers. A partir de 1834, le voilà associé à la prise en charge des jeunes détenus que la Commission administrative des prisons de Lyon veut confier à un personnel de frères. S'il existait à Lyon comme ailleurs un certain nombre de réalisations pour les filles, il n'y avait rien encore pour les garçons. En 1835, une propriété est achetée à Oullins. Au talent de bâtisseur de l'abbé Rey vient s'ajouter l'appui d'un groupe de notables dont la plupart appartiennent à la Congrégation des messieurs de Lyon. Ceux-ci s'occupaient déjà du placement en apprentissage des enfants libérés de prison. De son côté, la Congrégation des jeunes gens avait une section consacrée à la visite des maisons de détention. Le noviciat des frères vise à former dc bons ouvriers qui donneraient l'exemple du travail, du dévouement et de la piété. Sévère est le tri. De même, naissent, en 1845, les Filles de Saint-Joseph.
Ces religieux « sans cagotisme et sans intolérance » sont appréciés de l'Inspecteur général des prisons Charles Lucas comme de Frédéric Demetz, l'un des fondateurs de Mettray. A Oullins, le refuge sert de providence pour enfants pauvres et de maison de correction et de prévention volontaire pour des garçons difficiles. Il leur est donné une solide formation professionnelle. A partir de 1845, l'œuvre est installée dans l'ancienne abbaye de Cîteaux. C'est l'époque où les colonies agricoles connaissent le succès. Mais l'initiative privée n'a pas attendu la loi de 1850 sur l'éducation et le patronage des jeunes détenus, pour se développer : Bordeaux (1837) avec l'abbé Dupuch ; Marseille (1839) avec l'abbé Fissiaux, le fondateur des Frères de Saint Pierre-ès-Liens ; Mettray (1939)… Saint-Foy-la-Grande pour les protestants (1843) etc. Oullins resta un refuge, Cîteaux devint une colonie pénitentiaire. Fort est l'encadrement en frères : en 1873, les 760 enfants, dont 628 détenus, sont encadrés par 200 pères, frères et sœurs soit 1 pour 3,8 alors que dans les colonies publiques, il est supérieur à 1 pour 20. Bien traiter les enfants, manifester un souci d'hygiène, éduquer l'âme, l'esprit et le corps (la gymnastique apparaît en 1855) ; adapter l'apprentissage; pratiquer une pédagogie de l'émulation, telles sont les ambitions du Père Rey. Les bonnes relations entretenues avec un grand nombre de libérés attestent des résultats positifs dans nombre de cas, de ce processus de civilisation qu'on ne peut réduire, souligne l'A., à une répression comme cela a été souvent le cas à la suite des travaux de Goffman et de Foucault.
« La discipline n'avait rien d'aveugle et de mécanique ». Cîteaux fut une maison modèle, la forte personnalité de son fondateur y étant pour beaucoup. Celui-ci payait d'exemple y compris dans les plus humbles besognes. Son ascendant faisait le reste. Il savait faire confiance tout en étant très ferme. Après sa mort des dissensions apparurent. Par ailleurs, les républicains au pouvoir fermèrent ces établissements à partir de 1882. A Cîteaux, les frères furent dispersés en 1888. Il resta des orphelins jusqu'à la vente de la propriété aux trappistes en 1898.
La branche féminine de la Société de Saint-Joseph survécut seule et se développa en Amérique latine, surtout, à partir de 1878. Elle compte de nos jours une trentaine d'établissements en 15 diocèses et 7 pays, la dernière implantation s'étant faite en Italie en 1985. Dans la bibliographie consacrée à l'aide aux défavorisés, le livre d'Eric Baratay figure désormais en bonne place.


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