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BB n°30 LE PERE JOSEPH REY serviteur de l'enfance défavorisée. Une expérience d'insertion au XIXè siècle

BB n°30 LE PERE JOSEPH REY serviteur de l\'enfance défavorisée. Une expérience d\'insertion au XIXè siècle

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Date d'ajout : dimanche 11 octobre 2015

par Bruno DUMONS

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE

É. B. nous livre un ouvrage intéressant et bien documenté à mi-chemin entre la biographie d'un personnage et la monographie d'une œuvre, Il s'agit là de retracer l'action sociale d'un de ces prêtres diocésains du 19e s. qui s'est lancé dans une initiative originale en faveur de l'enfance défavorisée et saluée comme une réussite par les autorités parlementaires au début de la Troisième République. Tout comme le curé d'Ars, le P. Joseph Rey est d'origine modeste, une famille de paysans foréziens, ce qui facilite ses contacts avec les milieux populaires dont il désire reconquérir les âmes. Immergé dans le monde de l'industrialisation et de l'urbanisation lyonnaises, il reçoit vers 1835 la charge de supérieur des Frères de Saint-Joseph, sorte de pendant masculin de la congrégation des religieuses du même nom, qui ont pour mission d'exercer la surveillance auprès des jeunes détenus de moins de seize ans dans les prisons lyonnaises. S'interrogeant sur l'échec de l'intervention carcérale pour ces enfants, confrontés au paupérisme et à la misère, l'abbé se lance, toujours en 1835, dans le projet d'une maison d'accueil, faisant office à la fois de maison de correction et d'école d'apprentissage, et d'un noviciat à Oullins dans la banlieue sud de Lyon avec le concours de plusieurs notables catholiques lyonnais, en particulier des membres de la très légitimiste et contre-révolutionnaire Congrégation. Face à l'esprit permissif des villes industrielles, la fuite hors du monde et l'idéal régénérateur des campagnes suscitent aussi bien l'intérêt des ordres monastiques que des milieux éducatifs catholiques. C'est ainsi que le P. Joseph Rey installe en 1845 dans l'ancienne abbaye de Cîteaux une « colonie agricole » pour la réinsertion de jeunes délinquants et sa congrégation reçoit de l'archevêque de Lyon des statuts officiels en 1853. Malgré des difficultés financières et de recrutement des frères, ce système pénitentiaire survit sous le Second Empire, remplissant à la fois un réel service social et une véritable mission d'apostolat auprès de l'enfance en difficulté. L'utilité de l'action du P. Joseph Rey s'étend alors dans les campagnes stéphanoises par la fondation d'une seconde « colonie agricole » à Saint-Genest-Lerpt soutenue par les élites catholiques de la cité forézienne. L'effort porté en direction de l'hygiène, de la scolarisation et de l'apprentissage semble constituer une réussite au vu des archives disponibles et des comparaisons possibles. Le nombre d'enfants placés à leur sortie dans une activité professionnelle tend à accréditer cette thèse. Quant à l'acquisition des vertus morales dans un cadre coercitif militaire et religieux, le doute reste ici largement permis. Quoi qu'il en soit, ces colonies, inspirées des petits séminaires et du modèle conventuel, ont bien participé à une entreprise de « normalisation » et de «  moralisation » fidèle à l'esprit de ce qui caractérise la France bourgeoise du 19e s., mais elles ont surtout correspondu au système de représentation du catholicisme intransigeant au sein duquel leur fonction consiste à soulager ceux qui incarnent l'échec de la société libérale et moderne, Ainsi, É. B. nous laisse une belle étude d'une œuvre dirigée par un prêtre, né en terre de chrétienté au lendemain des secousses révolutionnaires, qui se fait fondateur de congrégation et serviteur d'une enfance issue des franges les plus pauvres de la société industrielle et urbaine. A l'inverse de la figure et de la postérité d'un Don Bosco en Italie et dans l'ensemble de la catholicité latine, l'oubli d'un personnage comme le P. Joseph Rey et le démantèlement de son institution au temps de la République opportuniste marquent bien la fin d'une période au cours de laquelle le catholicisme français croyait pouvoir imposer sa vision intransigeante d'une contre-société temporelle. Par conséquent, en croisant une approche d'histoire religieuse avec un champ d'histoire sociale, l'ouvrage d'É. B. s'insère dans un courant historiographique novateur pour souligner, à travers l'exemple de l'itinéraire de ce prêtre forézien et de cette œuvre destinée à l'enfance délinquante, la pérennité de la présence des catholiques sur le terrain social et l'importance de leurs pratiques et de leur savoir-faire dans une France où l'État-Providence n'en est qu'à ses premiers balbutiements.


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